La laïcité est le fondement de la République sénégalaise post-coloniale. Elle aura été pendant des décennies le socle de la séparation des pouvoirs temporel et spirituel et du modèle démocratique multiculturel et multi-ethnique inspiré et entretenu par le premier Président de la République, Léopold Sédar Senghor.
La campagne électorale de la présidentielle 2019 semble à contrario dessiner entre les lignes des discours et des offres politiques des candidats-Présidents un glissement progressif vers une République musulmane laïque : des convictions moins laïques, des esquisses de réformes du système éducatif intégrant les enseignements religieux, la langue arabe et une gouvernance des affaires publiques nationales et locales plus ouverte aux valeurs religieuses et traditionnelles. Demain, la laïcité fondatrice de l’Etat-nation pourrait connaître des modifications majeures avec une empreinte bien sénégalaise.
L’image revient systématiquement depuis le début de la campagne électorale sur le petit écran, dans les réseaux sociaux. Un candidat-Président accueilli par un Khalife général de sa communauté religieuse, par les guides héritiers des familles religieuses musulmanes autonomes des confréries, par les dignitaires traditionnels des communautés de base fait désormais partie des images, des messages de campagne des candidats.
L’image est admise, acceptée, valorisée même par tous les acteurs du jeu politique aspirant à la fonction suprême. Elle n’est pas si neutre, politiquement s’entend. Elle traduit consciemment la quête ouverte ou dissimulée d’une consigne de vote, d’une complicité, d’une marque de faveur au profit du candidat-Président, talibé et disciple au grand jour.
L’image véhicule en elle–même une posture d’un fidèle d’occasion ou de conviction d’un guide écouté, d’une communauté importante électoralement, la dévotion d’un candidat musulman ou chrétien au service de son guide aspirant à la charge d’une République laïque. Un soutien précieux émanant des guides religieux et/ou traditionnels, la quête de la bénédiction du spirituel et l’allégeance participent de plus en plus à la propagande électorale. Elle est évidemment déguisée. Elle ne dit pas son nom d’appartenance religieuse et communautaire et son objectif électoral ultime.
Le passage sur la terre des fondateurs des communautés mouride et tidjane ou des khalifes généraux des autres familles musulmanes autonomes des pôles confrériques traditionnels est devenu ainsi une activité politique au cœur de la communication politique. Elle constitue une activité phare dans les agendas des candidats à la Présidence de la République.
Naguère, l’image aurait été certainement insolite dans une campagne électorale. Un candidat-Président affichant manifestement ou non son appartenance religieuse serait de l’ordre de l’exceptionnel, de l’inédit. La séparation des pouvoirs, temporel et spirituel, et les valeurs du modèle démocratique revendiquant la laïcité, l’expression plurielle et le respect de la diversité culturelle et religieuse représentent des piliers de la République que peu de candidats-Président auraient enjambés avec fierté et sans réprobation des gardiens du temple de la République laïque. Le contraste entre la République de cette époque et la République actuelle en transition est plus que frappant. Elle est notoire.
Les candidats-Présidents rivalisent de plus en plus d’ardeur sur le terrain religieux musulman par l’image et par les promesses. Tout au long de la première semaine de campagne, les candidats-Présidents ont rendu visite aux chefs religieux. Ils ont prié les vendredis dans les capitales et les centres religieux du Sénégal. Ils ont demandé des bénédictions. Ils ont esquissé des projets dédiés exclusivement aux capitales religieuses, aux familles religieuses musulmanes autonomes, à l’Eglise et aux communautés traditionnelles de base.
La modernisation des villes saintes, l’urbanisation des agglomérations poussant comme des champignons, la construction et la restauration des lieux religieux traditionnels sont au centre des offres des candidats-Présidents. L’argent circule également. En outre, de nombreux candidats- Présidents sont favorables à l’introduction des enseignements religieux et de la langue arabe dans le système éducatif et la prise en charge par l’Etat des écoles coraniques. Tout un programme religieux en perspective.
La République musulmane laïque est ainsi potentiellement en train de prendre forme dans les esprits et les mentalités des hommes politiques et des candidats-Présidents. Ceux qui ne croient plus à la laïcité côtoient ceux qui croient encore à ses valeurs. Il manque aux premiers peut-être le contexte politique plus adéquat à la fin programmée de la laïcité et l’audace idéologique et politique pour exprimer ouvertement l’avènement de la République musulmane laïque sénégalaise avec le drapeau islamique à la sénégalaise.
Mamadou Sy Albert
La campagne électorale de la présidentielle 2019 semble à contrario dessiner entre les lignes des discours et des offres politiques des candidats-Présidents un glissement progressif vers une République musulmane laïque : des convictions moins laïques, des esquisses de réformes du système éducatif intégrant les enseignements religieux, la langue arabe et une gouvernance des affaires publiques nationales et locales plus ouverte aux valeurs religieuses et traditionnelles. Demain, la laïcité fondatrice de l’Etat-nation pourrait connaître des modifications majeures avec une empreinte bien sénégalaise.
L’image revient systématiquement depuis le début de la campagne électorale sur le petit écran, dans les réseaux sociaux. Un candidat-Président accueilli par un Khalife général de sa communauté religieuse, par les guides héritiers des familles religieuses musulmanes autonomes des confréries, par les dignitaires traditionnels des communautés de base fait désormais partie des images, des messages de campagne des candidats.
L’image est admise, acceptée, valorisée même par tous les acteurs du jeu politique aspirant à la fonction suprême. Elle n’est pas si neutre, politiquement s’entend. Elle traduit consciemment la quête ouverte ou dissimulée d’une consigne de vote, d’une complicité, d’une marque de faveur au profit du candidat-Président, talibé et disciple au grand jour.
L’image véhicule en elle–même une posture d’un fidèle d’occasion ou de conviction d’un guide écouté, d’une communauté importante électoralement, la dévotion d’un candidat musulman ou chrétien au service de son guide aspirant à la charge d’une République laïque. Un soutien précieux émanant des guides religieux et/ou traditionnels, la quête de la bénédiction du spirituel et l’allégeance participent de plus en plus à la propagande électorale. Elle est évidemment déguisée. Elle ne dit pas son nom d’appartenance religieuse et communautaire et son objectif électoral ultime.
Le passage sur la terre des fondateurs des communautés mouride et tidjane ou des khalifes généraux des autres familles musulmanes autonomes des pôles confrériques traditionnels est devenu ainsi une activité politique au cœur de la communication politique. Elle constitue une activité phare dans les agendas des candidats à la Présidence de la République.
Naguère, l’image aurait été certainement insolite dans une campagne électorale. Un candidat-Président affichant manifestement ou non son appartenance religieuse serait de l’ordre de l’exceptionnel, de l’inédit. La séparation des pouvoirs, temporel et spirituel, et les valeurs du modèle démocratique revendiquant la laïcité, l’expression plurielle et le respect de la diversité culturelle et religieuse représentent des piliers de la République que peu de candidats-Président auraient enjambés avec fierté et sans réprobation des gardiens du temple de la République laïque. Le contraste entre la République de cette époque et la République actuelle en transition est plus que frappant. Elle est notoire.
Les candidats-Présidents rivalisent de plus en plus d’ardeur sur le terrain religieux musulman par l’image et par les promesses. Tout au long de la première semaine de campagne, les candidats-Présidents ont rendu visite aux chefs religieux. Ils ont prié les vendredis dans les capitales et les centres religieux du Sénégal. Ils ont demandé des bénédictions. Ils ont esquissé des projets dédiés exclusivement aux capitales religieuses, aux familles religieuses musulmanes autonomes, à l’Eglise et aux communautés traditionnelles de base.
La modernisation des villes saintes, l’urbanisation des agglomérations poussant comme des champignons, la construction et la restauration des lieux religieux traditionnels sont au centre des offres des candidats-Présidents. L’argent circule également. En outre, de nombreux candidats- Présidents sont favorables à l’introduction des enseignements religieux et de la langue arabe dans le système éducatif et la prise en charge par l’Etat des écoles coraniques. Tout un programme religieux en perspective.
La République musulmane laïque est ainsi potentiellement en train de prendre forme dans les esprits et les mentalités des hommes politiques et des candidats-Présidents. Ceux qui ne croient plus à la laïcité côtoient ceux qui croient encore à ses valeurs. Il manque aux premiers peut-être le contexte politique plus adéquat à la fin programmée de la laïcité et l’audace idéologique et politique pour exprimer ouvertement l’avènement de la République musulmane laïque sénégalaise avec le drapeau islamique à la sénégalaise.
Mamadou Sy Albert






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