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COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE : L’agence accumule les dettes et menace des établissements de santé

Dimanche 5 Mars 2017

COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE : L’agence accumule les dettes et menace des établissements de santé
C’est le 20 septembre 2013 que le Président Macky Sall a lancé la couverture maladie universelle (Cmu), point essentiel de la stratégie nationale de développement de la couverture maladie universelle. L’objectif est de favoriser l’accès aux soins de santé des groupes vulnérables et des personnes indigentes. Toutefois, de l’avis de plusieurs sources contactées par Nouvel Hebdo, cette politique volontariste met en danger plusieurs établissements de santé à cause de dettes de plusieurs centaines de millions de francs Cfa impayées à ce jour. Enquête.
 
Du point de vue de l’approche, la Couverture maladie universelle (Cmu) reste un programme ambitieux qui permet à des millions d’enfants sénégalais de moins de cinq ans bénéficier de soins de santé gratuits. Avec le paquet composé de la gratuité des soins pour les enfants indiqués, la césarienne ou l’hémodialyse, il est certain que les populations ne peuvent que souffler.
 
La Cmu, dans le cadre de la stratégie nationale de développement de la couverture maladie universelle, assure la tutelle des régimes de la couverture maladie universelle, à l’exclusion de ceux relevant de l’assurance maladie obligatoire des travailleurs salariés, et a en charge l’encadrement technique des organismes de prévoyance qui les constituent.
 
Elle assure la promotion des mutuelles de santé et autres mutuelles sociales dans le cadre de l’extension de la couverture du risque maladie au secteur informel et au monde rural. Elle est censée favoriser l’accès financier aux soins de santé des groupes vulnérables et des personnes indigentes.
 
Seulement, il apparait que depuis sa mise en œuvre, elle constitue un véritable goulot d’étranglement pour plusieurs structures de santé à travers le territoire national. «En vérité, c’est le système qui est plombé. Au-delà de ses attributs liés à la gratuité des soins, elle a la fonction de grande caisse de couverture des maladies.
 
Or, ce programme existait déjà au ministère de la Santé avec des directions bien localisées», dit à Nouvel Hebdo, une source qui travaille avec plusieurs hôpitaux de la place et de l’intérieur du pays.
 
« Aujourd’hui, la Cmu constitue un réel blocage. Il est inadmissible qu’elle puisse devoir plusieurs centaines de millions de francs Cfa à des structures de santé alors qu’elle dispose d’un compte de dépôt au Trésor qui doit lui permettre de payer ses dettes.» Notre interlocuteur se dit créancier à hauteur de plusieurs millions de francs, une situation qui l’a installé dans une certaine précarité par rapport au déroulé de ses activités.
 
Le tâtonnement serait au cœur de l’action de l’agence nationale. « De Ziguinchor à Tivaouane en passant par Thiès, Tambacounda, Pikine, Abass Ndao, etc., la Cmu doit beaucoup d’argent aux structures de santé.» Une raison pour affirmer que ces plateaux sanitaires sont «hyper endettés». Allant plus, il ajoute : « concrètement, ça ne marche comme il le faudrait ; il y a surtout du tapage médiatique et on dirait même que l’Etat fait du forcing comme s’il n’avait pas les moyens de sa politique alors que c’est tout à fait le contraire.»
 
Il y a quelques jours, les infirmiers chefs de poste de santé faisant partie de la zone de couverture du district de Darou Mousty indiquaient que si l’Agence de la couverture maladie universelle (Acmu) ne leur rembourse pas l’argent qu’elle leur doit, ils ne paieront plus les médicaments. Ils affirmaient que la plupart de ces médicaments ont été fournis dans le cadre de la Couverture maladie universelle (Cmu), alors qu’ils n’ont plus de quoi les payer auprès des dépositaires.
 
Ce qui a permis à nos interlocuteurs de rappeler que « certains prestataires qui travaillent avec les hôpitaux restent des mois sans recevoir la plus petite somme en guise de remboursement et certains refusent de continuer à livrer du matériel aux hôpitaux et autres structures de santé.» Mieux, ils révèlent que « plusieurs autorités d’hôpitaux confirment que depuis le lancement de la Cmu, elles sont effectivement confrontées à des difficultés. Car, certaines structures sont payées assez vite et d’autres doivent attendre des semaines, voire plusieurs mois.»
 
Une autre source hospitalière confirme que leur directeur fait face à de nombreuses difficultés à cause des dettes que doit la Cmu : «Il m’a confié être stressé et ne dort pas.» De quoi faire dire à un autre professionnel de la santé : «On doit aux petites structures de santé des sommes faramineuses comprises entre 20 et 68 millions francs CFA et les grands hôpitaux sont dans l’ordre de 80 millions francs CFA et plus. La Cmu ne paie pas très vite et tout le monde coure derrière elle pour se faire payer. C’est vraiment difficile.» Des témoignages qui pourraient pousser à dire que la Cmu, véritable programme social, cache une universalité de problèmes. (Par Abdoulaye Mbow)
 
 
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