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COUD : un livre contre l’oubli d’une entreprise de prédation

Vendredi 31 Janvier 2020

L’ouvrage du journaliste Pape Alé Niang consacré aux enquêtes menées par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) au Coud (Centre des œuvres universitaires de Dakar), étouffées par la détermination d’un président de la République soutenu les yeux fermés par des magistrats corrompus, apparait comme un formidable rappel contre l’oubli qui est en train de frapper l’un des plus graves scandales financiers survenus au Sénégal.
 
Le livre de notre confrère, globalement de nature factuelle, n’est pas seulement un plaidoyer contre la corruption et le détournement de deniers publics déguisés sous des formes diverses en militantisme politicien. Il interpelle la responsabilité collective des citoyens sénégalais et des organisations de la société civile sur l’impératif de maintenir une pression toujours plus forte sur des décideurs politiques trop souvent mus par la sauvegarde de leurs intérêts politiciens et partisans, au détriment de tout le reste. Ce livre est également et surtout un rappel à l’ordre républicain à cette partie de la magistrature qui a décidé de lier son sort à celui du pouvoir exécutif dominant, comme il l’a fait sans état d’âme avec ce même pouvoir sur d’autres sujets.
 
Les investigations sur le Coud, pourtant rendues possible par la volonté très tôt affichée du président Sall de faire faire un pas au Sénégal dans le secteur névralgique de la lutte contre la corruption – puis leur sabordage au niveau politique et judiciaire sont malheureusement devenues l’emblème du mal sénégalais depuis 2012. Elles résument de manière pratique la vision que Macky Sall se fait de la bonne gouvernance: le rabâchage systématique de paroles et d’actes contradictoires dans un cynisme dévastateur qui décrédibilise son auteur et enfonce le pays dans un trou de risques non mesurés.
 
Qui peut croire aujourd’hui que la montée en flèche de la criminalité et des actes d’agressions qui prospèrent au nez et à la barbe des services de sécurité pussent être étrangers à la promotion des actes de corruption et de brigandage protégés par l’autorité politique au sommet ? En lieu et place d’une prise en charge de la résorption des dangereuses inégalités qui foisonnent, le pouvoir a choisi depuis une dizaine d’années de favoriser l’émergence et la consolidation d’une caste de nouveaux riches reliés aux entreprises et marchés publics libérateurs de prébendes.
 
Une telle orientation est absolument contraire à l’esprit de sacrifice auquel un leader respectable et patriote est tenu de se conformer. In fine, c’est de l’aveuglement pur et simple.
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