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Argentine: perquisitions chez Cristina Kirchner, soupçonnée de corruption

Jeudi 23 Août 2018

La police argentine menait jeudi des perquisitions dans plusieurs propriétés de Cristina Kirchner, à la demande d'un juge qui la soupçonne d'être responsable d'un système de corruption sous sa présidence (2007-2015).

Une vingtaine de policiers sont ainsi entrés à la mi-journée dans un immeuble de Recoleta, un quartier chic de Buenos Aires où Mme Kirchner possède un appartement, en présence de dizaines de journalistes et de caméras.

Le déploiement des forces de l'ordre ne passait pas inaperçu: camionnettes noires de la police alignées dans la rue, cordon de sécurité bloquant l'accès au bâtiment, chiens policiers, pompiers et unités de démineurs... L'opération se poursuivait toujours au bout de cinq heures.

Mme Kirchner, qui a passé la nuit au domicile de sa fille, n'était pas présente lors de la perquisition de son appartement, d'une superficie de 250 mètres carrés environ, a précisé l'un de ses avocats, Gregorio Dalbon.

Il a dénoncé un "cirque" et assuré que la police ne trouverait "que les effets personnels" de sa cliente.

Un autre de ses défenseurs, Carlos Beraldi, a fustigé "une farce" avant d'ajouter: "Je vais porter plainte contre le juge" Claudio Bonadio, qui a ordonné les perquisitions.

Une deuxième perquisition a été lancée jeudi à Rio Gallegos, en Patagonie (sud), dans une autre propriété de l'ex-présidente.

La police s'est également rendue dans un couvent près de la capitale, où Julio Lopez, vice-ministre de la Planification de Mme Kirchner de 2003 à 2015, avait été surpris en 2016 en train de dissimuler des sacs contenant neuf millions de dollars en liquide.

Ces perquisitions interviennent dans le cadre du scandale des "cahiers de la corruption", qui a révélé des versements de pots-de-vin à l'administration Kirchner par des entreprises du bâtiment et de travaux publics (BTP).

Mercredi soir, le Sénat avait partiellement levé l'immunité de Cristina Kirchner, aujourd'hui sénatrice, en autorisant ces perquisitions.

- Biens saisis -

En tant que membre du Sénat, Mme Kirchner bénéficie d'une immunité parlementaire qui l'empêche d'être emprisonnée ou de faire l'objet de perquisitions, mais pas d'être entendue par un juge, mise en examen ou jugée.

Les sénateurs ont en outre approuvé jeudi à l'aube un projet de loi qui permet à l'Etat d'exproprier des biens issus de la corruption. Ce texte avait déjà été approuvé en 2016 par les députés mais s'était ensuite enlisé au Sénat.

Il a retrouvé un second souffle lorsque le scandale des "Cahiers de la corruption" a éclaté.

Les sénateurs ont modifié le texte des députés, qui prévoyait à l'origine que les biens puissent être saisis sur la base de simples soupçons.

La chambre haute a estimé que les biens ne pourraient être expropriés qu'après une condamnation en première instance. Ils pourraient néanmoins être "saisis temporairement" afin que les accusés ne puissent pas disposer de ces biens durant la procédure judiciaire.

Le projet de loi modifié devra donc retourner devant les députés.

Le scandale a éclaté le 1er août avec la publication du contenu de plusieurs cahiers d'écolier dans lesquels Oscar Centeno, chauffeur du vice-ministre de la Planification (Travaux publics) Roberto Baratta, notait méticuleusement la date, l'heure et le lieu de la remise de sacs d'argent.

Les pots-de-vin versés par des entreprises du secteur du BTP étaient acheminés soit au domicile de ministres du gouvernement Kirchner, soit dans un appartement du couple Kirchner, ou encore à la résidence présidentielle d'Olivos, près de Buenos Aires.

Depuis, une vingtaine de patrons de grandes entreprises du BTP ont été convoqués par le juge Bonadio. La plupart d'entre eux ont reconnu les faits et accepté de collaborer avec la justice, tandis que d'autres ont été placés en détention préventive.

Plusieurs membres du gouvernement ou du clan Kirchner ont été emprisonnés, mais c'est la première fois que des chefs d'entreprises influents, dont un cousin de l'actuel président Mauricio Macri, tombent pour avoir versé de l'argent à des politiciens.

Le procureur Carlos Stornelli a évoqué le chiffre de 160 millions de dollars (138 millions d'euros) de pots-de-vin.
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