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Appel de juristes contre l'extradition des "asilés italiens"

Lundi 4 Mars 2019

François Mitterrand, une doctrine qui pourrait être remise en question
François Mitterrand, une doctrine qui pourrait être remise en question
PARIS (Reuters) - La "doctrine Mitterrand", du nom de l'engagement pris en 1985 par l'ancien président socialiste de ne pas extrader d'anciens activistes d'extrême gauche italiens ayant rompu avec leur passé, doit être appliquée et respectée, estiment des juristes français dans une tribune publiée dans Le Monde lundi.
 
"Est-il admissible de les accueillir un jour pour les rejeter quarante ans plus tard au prétexte d’une situation politicienne qui ne les concerne pas ?", écrivent Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Louis Joinet, magistrat et premier avocat général honoraire à la Cour de Cassation, et l'avocate Irène Terrel.
 
"Ce ne sont pas seulement des dossiers, des numéros sur des listes, mais des femmes et des hommes qui ont vécu, vieilli, changé et se sont insérés pacifiquement dans notre pays. Et notre pays, c’est une réalité intangible, leur a donné asile", soulignent-ils.
 
"Il est inconcevable que, quarante ans après les faits incriminés et autant d’années d’asile octroyé par la France, il puisse y avoir aujourd’hui une inversion de cette politique d’accueil de l’Etat français", poursuivent-ils. "Plus encore que déraisonnable, le temps judiciaire est dépassé, il doit laisser la place aux historiens".
 
Pomme de discorde entre Paris et Rome, la question de l'extradition des "asilés italiens" a ressurgi en janvier avec l'arrestation en Bolivie - et l'extradition - de Cesare Battisti, symbole du militantisme des "années de plomb" italiennes, qui a longtemps vécu en France, hors de portée de la justice transalpine.
 
Dans la foulée, le vice-président du conseil italien et chef de file de La Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, a accusé la France de ne pas livrer les anciens militants italiens d'extrême gauche réfugiés en France et qui selon lui boiraient "du champagne au pied de la Tour Eiffel".
 
Le 18 février, la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a fait savoir qu'il n'y avait aucune "raison de s'opposer à une éventuelle extradition", précisant toutefois que ce serait "du cas par cas".
 
Interrogée sur la "doctrine Mitterrand", elle avait indiqué ne pas avoir de "doctrine sur les questions de justice.".
 
"Si la justice d’un pays étranger qui respecte l’Etat de droit demande l’extradition de quelqu’un qui s’est rendu coupable de crimes de sang, c’est aux magistrats de décider", soulignait-elle. "Je pense que notre pays a longtemps vécu en sous-estimant le traumatisme qu’a pu être le terrorisme en Italie ou en Espagne et que l’on a traité avec une indifférence, que je ne partage pas, la violence aveugle qui s’est exercée chez certains de nos voisins."
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