Rescapé de l’accident survenu à Sikilo (Kaffrine) où des dizaines de morts sont enregistrés, Issa (nom d’emprunt) s’est retrouvé avec des fractures à a tête, aux bras et aux jambes. Il parlait dans le vide tout en ayant une pensée pour ses enfants encore à la fleur de l’âge. Scrutant le ciel, il murmure les larmes aux yeux : « mes heures sont comptées et je refuse de fermer les yeux pour ne pas me retrouver dans l’au-delà….Qui va s’occuper de ma famille ? ….Que vais-je devenir avec un handicap ?…Est-ce que je ne vais pas succomber suite aux blessures…
A l’instar d’Issa, tous les rescapés de cet accident tragique sont incertains par rapport à l’avenir. Certes, c’est bien beau de formuler des recommandations suite au conseil interministériel tenu ce 09 janvier 2023, mais il urge aussi de réfléchir au sur le sort des rescapés. L’Etat, les Chefs religieux et des bonnes volontés ont dégagé des enveloppes financières pour venir en aide aux familles des victimes, mais quid des rescapés ? Prions d’abord pour que cet argent ne se retrouve pas dans les poches de politiciens véreux comme ceux qui s’étaient sucrés avec la Covid-19. Tout est possible, d’autant plus que les autorités épinglées par la Cour des comptes ne sont pas loin de rester impunies.
Les accidentés, réceptacles de grands déséquilibres
Un accident de la route arrive tout à coup, sans que l’on comprenne vraiment ce qu’il se passe. Souvent, c’est le trou noir et, au réveil, tout a changé. Blessures internes ou externes, immobilisation, perte d’un proche : un accident de voiture vient chambouler le quotidien et/ou la vie. Les victimes d’accidents de la route font souvent face à un traumatisme sévère.
Pourtant au lendemain de l’accident, rien n’empêchait les autorités de mettre sur pied une cellule de crise avec des numéros de téléphone pour une prise en charge continue des blessés. Le plus souvent, les accidentés de la route sont réceptacles de grands déséquilibres qui affectent en général tout le corps. Ils peuvent engendrer de nombreuses conséquences (vertiges sévères, maux de tête, migraines, douleurs rachidiennes, atteintes vagales, etc.). La compensation financière n’apporte qu’une réponse partielle aux difficultés rencontrées. Un long travail d’acceptation et d’adaptation s’engage sur le plan physique, matériel et humain.
Pour retrouver un équilibre de vie après un accident et favoriser le retour à l’autonomie de la victime, il est nécessaire d’être bien entouré. Un accidenté qui a frôlé la mort et qui a été témoin de plusieurs corps engloutis dans les décombres vit avec des séquelles. A cela, s’ajoutent les douleurs permanentes et les limitates physiques qui sont des paramètres qu'il faut apprendre à gérer au quotidien dans un nouveau projet de vie. Il revient donc aux autorités étatique de mettre sur pied des mécanismes d’accompagnements pour permettre à ces personnes de faire émerger les ressources nécessaires pour retrouver un équilibre de vie et optimiser les conditions d'un retour à l'autonomie.
Retour à la vie normale : Un vrai dilemme
Le retour à domicile après le séjour en centre de rééducation est une étape primordiale qui engendre des dépenses conséquentes : adaptation du logement, aménagement du véhicule, mise à disposition d’accompagnants. La victime qui souffre d'un handicap a le droit d'établir son foyer où elle le souhaite. L'habitat est donc au cœur du projet de vie. Bien souvent, le logement occupé avant l'accident n'est pas adapté à la situation. Pour retrouver l’équilibre, l'aménagement d'un lieu de vie nécessite alors des compétences particulières. Lorsqu'il subsiste un handicap important, il est indispensable d'être entouré de professionnels reconnus. Leur savoir-faire est essentiel, en particulier pour choisir le matériel le mieux adapté au handicap : fauteuil roulant, lit médicalisé, coussin anti-escarre, etc.
Un traumatisme permanent
Un traumatisme ne se discerne pas toujours facilement. Parfois, les personnes qui en souffrent tentent de le cacher ou de faire comme si « tout allait bien ».
En réalité, le traumatisme se caractérise par des perturbations comportementales et psychologiques à la suite d’un choc émotionnel violent. Selon le dictionnaire Larousse, le traumatisme se traduit le plus souvent par des cauchemars, des angoisses et des sortes de flash-backs soudains de l’accident. Souvent, les victimes développent une forme de paranoïa par peur que l’accident ne se reproduise. Victime d’handicap, la personne reste cloîtrée chez elle, se renferme peu à peu ou change d’humeur facilement.
Face à cette situation, la victime a besoin d’une aide psychologique. La personne doit être accompagnée par une équipe de psychiatres et de psychologues. Afin de retrouver la vie normale, il est important que les victimes sortent de leur état de choc pour prendre conscience et accepter ce qui vient de leur arriver. L’environnement familial est également important. L’épouse ou les épouses de l’accidenté, ses enfants, bref sa famille doivent être assez compréhensifs pour éviter que la personne se sente stigmatisée voire rejetée.
Souleymane Diop, Journaliste indépendant







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