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A Pretoria, haro sur la coiffure afro

Vendredi 16 Septembre 2016

La minorité blanche d'Afrique du Sud a trouvé deux prétextes, le style de coiffure des lycéennes et leur langue maternelle, le Setswana, pour relancer le racisme et la haine.
 
Depuis le 2 septembre, la société sud-africaine a un sujet supplémentaire de fort mécontentement qui affecte le monde éducatif. La direction (blanche) de la Pretoria High School for Girls, établissement où, comme dans beaucoup d’autres, l’uniforme est obligatoire, a pris l’étrange décision d’interdire, à l’intérieur des locaux du lycée, le style de coiffure dite afro d’une part, et le recours par les lycéennes à leur langue maternelle (en l’occurrence le Setswana) entre les cours. Donc, de fait, les lycéennes doivent utiliser soit l’anglais, soit l’afrikaans, deux langues imposées par les anciens colonisateurs, circonstance aggravante la seconde étant celle qui a longtemps rimé avec apartheid.
 
Cette double décision a déclenché une vague de protestations à travers tout le pays, car non seulement elle est réactionnaire et stupide, mais, en plus, comme l’a rappelé Neo Lekgotla Laga Ramoupi, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Pretoria, dans les colonnes du plus grand quotidien sud-africain, The Mail&Guardian, cette initiative est inquiétante car elle est en contradiction avec les droits définis par la constitution sud-africaine, dans les domaines culturel, linguistique et religieux, notamment tels qu’ils sont définis à l’alinéa 30 du chapitre 2 : Everyone has the right to use the language and to participate in the cultural life of their choice. Chacun a le droit d’utiliser la langue de son choix et de participer à la vie culturelle de son choix.
 
Il s’agit d’une violation caractérisée des droits d’une majorité par une minorité. C’est aussi une menace sournoise et indirecte sur le message de fraternité et de vie partagée voulues par feu Nelson Mandela. Qu’une minorité blanche et raciste ait la nostalgie des sombres années de l’apartheid et profite de l’instabilité politique et des relents de corruption au plus haut niveau au sein de l’ANC est une évidence malheureusement limpide. La coiffure afro et la langue Setswana ne sont, bien sûr, que des prétextes, absolument comparables à ceux que la France a connus cet été, et qui n’ont d’autres buts que la haine et l’incitation à la haine. (Jean-Louis Legalery, Le Club, Mediapart)
 
 
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