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Wade, un coup de vieux d’une belle allure

Mardi 16 Mai 2017

Perspicace et toujours aussi orfèvre dans les manœuvres de couloir, le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais est parvenu à fédérer une dizaine de formations politiques dans une coalition improbable mais devenue réalité. Pape du sopi hier, pape de l’opposition aujourd’hui, Me Wade s’en va livrer une autre bataille contre un «fils» têtu qui ne lui fait aucun cadeau depuis cinq ans. Mais il va lui falloir démontrer, lui et ses alliés, qu’ils sont encore crédibles pour une cohabitation éventuelle


Wade, un coup de vieux d’une belle allure
Pour un coup de maître, c’en est un incontestablement. Depuis cinq ans dans l’opposition après sa chute attendue de 2012, Me Abdoulaye Wade n’a jamais été loin de l’épicentre des manœuvres politiques visant à être toujours proche du cœur de la stratégie de riposte contre le pouvoir. Il l’a été d’autant moins que les mésaventures infligées à son fils ont représenté et sont aujourd’hui encore le fil conducteur de l’inimitié absolue qui le lie à Macky Sall.
 
Pour l’ancien Président de la République, le jugement et l’emprisonnement de Karim Meïssa Wade ont été des cas d’agression évidents contre son honorabilité, contre l’idée qu’il se fait du patriarche transformé en risée de la République. Cela explique l’extrême détermination avec laquelle il a instruit le Parti démocratique sénégalais (Pds) de trouver des plages de convergence le plus large possible avec les forces d’opposition. Ce qui a été réussi.
 
On ignore encore les fondamentaux sur lesquels la coalition Manko Taxawu Senegaal devra fonctionner, notamment en ce qui concerne les listes uniques de candidats qui devraient être constituées pour affronter la majorité présidentielle le 30 juillet.
 
Entre les leaders de parti qui exigeront peut-être de figurer sur la liste nationale – avec des chances réelles d’être élu député - ceux qui refuseront de conduire des liste départementales – le schéma le plus dur – et ceux qui voudront prendre de la hauteur – pour éviter toute défaite qui les hanterait sur le chemin de la présidentielle de 2019 – il y a du travail à accomplir pour cette frange de l’opposition. Mais comment et pourquoi craindre le suffrage des électeurs si l’on est dans la peau d’un présidentiable sûr de son fait.
 
Ce coup de maître qui fait craindre à la mouvance présidentielle deux années de cohabitation inédite au Sénégal – si on met à part le duo Senghor-Dia - entre adversaires politiques est pourtant un formidable coup de pub pour l’opposition sénégalaise.
 
Longtemps accusée de préférer ses travers classiques à un intérêt général mal compris ou appréhendé, elle a compris pour une fois que ses desseins de gouvernance ne trouveraient aucun aboutissement heureux sans réalisation de cette unité organique revendiquée par une frange de l’électorat. Il s’agit maintenant pour elle de parachever l’expérience unitaire. Ce sera dur.
 
Néanmoins, ne faisons pas la fine bouche. Le retour d’Abdoulaye Wade au premier plan est l’expression d’un double échec. Pour le pouvoir en place, c’est un camouflet au regard des aspirations non satisfaites des Sénégalais en ce qui concerne la transparence, l’éthique de gouvernance, les engagements violés, en particulier celui de la réduction du mandat présidentiel.
 
Pour les opposants qu’il avait laissés sur place en quittant le pays, le revers est tout aussi cinglant: incapacité notoire de faire trembler le régime. Le pape du sopi arrive, vous allez voir ce que vous allez entendre!
 
Ce coup de vieux dans la fourmilière politique – même s’il satisfait un grand nombre d’opposants - n’est cependant pas du goût de tous. Il n’est pas étonnant en effet que des leaders politiques bien côtés n’aient pas jugé utile de rejoindre la coalition Manko Taxawu Senegaal.
 
En vérité, le Pds pose problème à partir du moment où il est considéré comme une partie du problème national suite à sa gestion du pays entre 2000 et 2012. En cela, certaines formations politiques nouvellement constituées ne sont pas loin de l’assimiler à de la peste ambulante avec qui sceller alliance serait irresponsable et contre-productive.
 
En fin de compte, il appartient aux leaders de la coalition Manko Taxawu Senegaal de prouver que leur alliance porte en elle crédibilité et durabilité dans l’optique d’aller plus loin, ensemble, que les législatives du 30 juillet. (Momar Dieng)

 
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