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Tsunami sur la magistrature !

Mercredi 22 Février 2023

Amadou Tidiane Wone Baaba
Amadou Tidiane Wone Baaba
 
On ne peut qualifier autrement l'ouragan qui semble s’être abattu sur la magistrature de notre pays, avec des secousses en chaîne qui risquent de mettre en péril plusieurs sorts suspendus à des décisions de justice.
 
En huit pages vite expédiées, c’est toute une logistique qui devra se mettre en place au niveau national. De manière prosaïque, ce sont des déménagements en séries, impliquant parfois des changements de localité et de domiciles avec des conséquences sur la vie familiale, notamment la scolarité des enfants. En plus des affectations à solliciter pour cause de regroupement familial, selon que le mari ou la femme d'un magistrat déplacé doive trouver un emploi équivalent dans la ville de nouvelle affectation de son conjoint… Eh ! Oui… Les petites choses de la vie méritent une attention particulière.
 
Au-delà de ces dimensions pratiques stressantes pour les fonctionnaires affectés et leurs familles, on peut considérer que ce vaste mouvement va générer un climat de fin du monde pour certains justiciables : un juge, aux prises avec un dossier, a besoin de temps pour le connaître, se familiariser avec les différentes parties prenantes, s’imprégner de la réalité humaine, parfois tragique, de chaque pièce d’un dossier pesant parfois plusieurs kilos de papier.
 
Au vu de l’ampleur du mouvement intervenu en ce mois de février, et dont je ne crois pas qu’il y’ait un précédent dans l’Histoire de notre pays, il convient de se poser quelques questions simples : qui n’a pas été touché par ces mesures? Qui a été consulté ? Quid de l’UMS ? Qui a préparé les décisions et quelles sont les raisons qui ont justifié un tel chamboulement?
 
Car, il semble bien que près d’une centaine de Magistrats ont été ventilés dans ce tourbillon d’affectations ! Comment l’institution judiciaire se portera-t-elle avec autant de changements d'un seul coup ? Cette année judiciaire pourra-t-elle survivre à ce tsunami ? En plus des maux multiples et multiformes qui gangrènent le corps malade de notre système judiciaire tant chahuté ces temps-ci, la question de l’efficience d’une telle mesure se pose.
 
On peut imaginer en effet que certains magistrats vont changer de matière: ceux qui pratiquaient le droit de la famille devront se recycler vers la pratique du droit social et du travail. Le temps d’apprentissage d’une matière à l’autre aura, à n’en pas douter, un impact sur la qualité du travail des juges.
 
Il y’a aussi, à l’horizon, l’instabilité interne à la juridiction avec les changements de composition des Chambres. En bonne règle, il faudrait reprendre les procédures avec les nouveaux membres des Chambres.
 
L’autre aspect de cette situation inédite sera que personne ne sait comment il ou elle va être jugé(e). Pour ainsi dire ! Il va falloir en effet que les justiciables réapprennent à connaître la personnalité de leur nouveau juge. Nous sommes des humains ! Entre un juge et des justiciables, une certaine familiarité s’installe, sans préjudice pour la rigueur de la Justice. Personne ne peut garantir dans quel sens un juge décidera dans des affaires de même nature. Il faudra donc se préparer à la cacophonie prévisible dans les jours et les mois à venir.
 
Au demeurant, est-ce raisonnable, lors d’une année pré-électorale de secouer, de fond en comble, un corps dont la nature intrinsèque appelle la sérénité, le respect des formes et des usages à la limite du rite ? En plus de la tendance de plus en plus marquée de recourir à la Justice pour arbitrer des contentieux…politiques ! Cette série d’affectations pourrait susciter des soupçons quant à la mise au pas de certains juges… Allez savoir…
 
Il ne reste qu’à miser sur la qualité et le sens de l’abnégation des auxiliaires de la Justice pour ne pas égarer, dans les déménagements à venir, des pièces essentielles d’un dossier dont le dénouement est à la croisée de plusieurs vies humaines…
 
En guise de prière, pour toutes les détresses anonymes qui errent au Temple de Thémis et qui n’en demandaient certainement pas tant !
 
Amadou Tidiane WONE
info@amadoutidianewone.com
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1.Posté par Me François JURAIN le 23/02/2023 13:35
Ce changement qui effectivement ressemble à un véritable "tsunami", au sein de l'institution judiciaire, a un nom et un but: il s’inscrit dans la stratégie du troisième mandat, contraire à la constitution, que Macky SALL veut imposer de force au peuple sénégalais qui n'en veut pas, avec un mot d'ordre absolu: abattre SONKO à tout prix, et pour cela, on n’hésite pas sur les moyens: depuis deux ans, Macky SALL arme et surarme police et gendarmerie, on ne convoque plus à la gendarmerie: on kidnappe, comme cela se fait dans les favelas de Rio de Janeiro, entre gangs de narcotrafiquants, ou en Colombie, un leader politique rentre chez lui: on n’hésite pas à stopper son cortège, briser les vitres de sa voiture pour l'extirper de force et le faire rentrer dans un camion blindé de la police: pour sa protection", parait il! Mais qui sont les fauteurs de trouble? Celui qui rentre chez lui, ou les nervis de Macky SALL qui parait-il toujours de la part de ces forces spéciales, voulaient porter atteinte à l'intégrité physique de cet opposant que rien n'arrête?

La plaisanterie a plus qu'assez duré, le peuple a parfaitement compris le plan déroulé par Macky SALL, qui vient d'avoir l'approbation de MACRON, et le peuple ne laissera pas faire. Alors, qui sortira vainqueur de cette tragédie annoncée? Pour l'instant, nul ne sait, mais ce qui est certain, c'est que c'est dans le cours de l'année 2023 que s'écrira à jamais l'histoire du SENEGAL, et cette écriture malheureusement se fera en lettres rouge de sang : mais que ceux qui chantent à cor et à cri, la main sur le cœur : "c'est pas moi, c'est l'autre" se méfient, car la vérité finit toujours par éclater, et à ce stade et au jour d'aujourd'hui, la supercherie a été découverte par le peuple sénégalais qui a compris depuis longtemps ce petit jeu malsain.

Macky SALL doit partir en février 2024, de par la constitution, et il partira, de gré ou de force, car si il y en a un qui est bien placé pour savoir que le peuple ne badine pas avec ça, c'est bien lui: qu'il se rappelle ce qui s'est passé en 2012! lui a peut-être oublié, mais le peuple, non! Et c'est le peuple qui détient les clefs du Palais, un Président, quel qu'il soit, n'en est que le locataire: à ne jamais oublier!

Alors, ce jeu de chaises musicales au sein de la magistrature, n'a lieu que pour mettre là où il faut les gens qu'il faut, c'est-à-dire quelques magistrats inféodés au pouvoir aux postes les plus stratégiques permettant l'accomplissement funeste d'un Président qui a perdu la tête. Mais à ce petit jeu là, il faut aussi faire très attention, car les idées des uns ne serviront pas obligatoirement les intentions des autres, et cela peut nous réserver bien des surprises, car des magistrats honnêtes, loyaux au serment qu'ils ont prêté, et préférant sauver leur honneur plutôt que de se compromettre en servant de funestes plans d'arrière boutique politicienne, ça existe, et je dirais même ça pullule au SENEGAL, car la grande majorité des magistrats sénégalais sont exemplaires: bien formés, d'excellents juristes, et rendant une saine justice. C'est un véritable corps d'élite, au service d'une institution que les membres qui la compose honorent et à laquelle ils apportent tout leur dévouement et leur intégrité.

Il est certain que, dans la vie d'un fonctionnaire, une nouvelle nomination dans une autre ville, une autre région, que ce soit dans le cadre d'une promotion honorifique ou dans le cadre d'une sanction pour désobéissance au roi, cela a des conséquences délicates sur la vie familiale, voire patrimoniale, car celui qui a acheté une maison à DAKAR par exemple, se verra contraint de prendre une location à THIES, ou faire le trajet tous les jours ou presque. C'est effectivement un inconvénient majeur, dans ce cas précis, qui survient avec une certaine brutalité que tout le monde ne peut que regretter. Mais c'est aussi le sort de tout fonctionnaire, qui sait en entrant dans la fonction publique, que cet inconvénient peut survenir à tout moment. Ce qui est regrettable, dans ce cas précis, c'est que cela survient dans une année délicate, alors même que le Président de la République a donné lui même le coup d'envoi officieux de sa campagne électorale, et qu'il compte bien s'aider de certains magistrats pour éliminer son principal adversaire de quelque manière que ce soit, d'autant que tous les sondages prédisent que non seulement cet adversaire lui fera mordre la poussière, mais aussi le goudron et les cailloux qui vont avec.

La justice ne doit jamais être mêlée à la politique: c'est une grave erreur qu'est en train de commettre Macky SALL, et un jour ou l'autre, il en paiera le prix fort.
Me François JURAIN

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