Donald Trump ne changera pas. Le cynisme, l’excès et le réalisme, il semble les avoir dans la peau et a fini par en faire naturellement des instruments stratégiques dans sa double conquête du pouvoir aux États-Unis, en 2016 puis en 2024. La boussole de sa gouvernance s’est inscrite dans ces attitudes là et il en sera sans doute ainsi jusqu’au terme de sa magistrature. En attendant, il va bien falloir travailler avec lui. Il en offre l’occasion à cinq chefs d’État africains qu’il a accueillis à la Maison Blanche le 9 juillet 2025 en présence de conseillers dont ceux dédies à l’Afrique. Sous le regard attentif – et quelques fois impatient – du président américain, ses hôtes ont tour à tour exposé leur vision de la relation idéale avec la première puissance mondiale en vantant individuellement leurs capacités à faire du business avec des entreprises et capitaines d’industrie américains. C’est fondamentalement ce qui intéresse le golfeur amateur de Mar-a-Lago. Le reste relève de l’accessoire.
A la tête d’une Administration chamboulée par son retour au pouvoir, appuyé sur ses propres réseaux d’affaires et d’amitié, Donald Trump semble avoir tiré des leçons de son premier passage à la Maison Blanche. Sur le fil de son ignorance exceptionnelle de l’Afrique et de ses dynamiques politiques et sociales, il avait globalement traité de « pays de merde » tout un continent pour lequel il aura fait montre d’un mépris et d’une condescendance difficilement admissibles à ce niveau de responsabilité politique. Mais on parle bien ici de Donald J. Trump, un phénomène – en bien et en pire - comme l’Amérique sait en fabriquer et chez qui rien ne doit être impossible ! La culture de la transaction et des compromis acceptables est passée par là.
L’Afrique redevenue fréquentable, les cinq pays (Liberia, Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal, Gabon), tous arrimés à la façade atlantique du continent, - un espace militairement stratégique pour les armées américaines et en particulier pour Africom - se voient ainsi ouvrir des opportunités économiques et, surtout, développementalistes potentiellement utiles pour leur pays. L’avantage avec Trump est qu’il sait jouer cartes sur table, en présence des médias. Le danger, c’est ce qu’il ne révèle pas et qu’il délègue au Pentagone, au Département d’État et à la Cia, trois des bras exécutifs qui prolongent la vision du chef de la Maison Blanche dans le monde, par le soft power ou par la violence non assumée. Il faut donc le prendre au mot.
Sa détestation idéologique du système d’aide en vigueur dans le monde ne saurait être condamnée si l’on prend en compte les circuits de dilapidation et de corruption par lesquels l’argent de contribuables de pays industrialisés a été trop souvent utilisé par des États comme les nôtres, de même que l’aide d’institutions multilatérales. Pour l’Afrique, la doctrine du business gagnant-gagnant qui irrigue la pensée trumpienne devrait être une aubaine.
Questions : nos pays sont-ils préparés à commercer avec les États-Unis d’Amérique ? Nos dirigeants ont-ils tous une vision claire des ambitions qu’ils portent pour leurs populations pauvres toujours dans l’attente de leur grand soir ? Nos États, nos entreprises et nos hommes d’affaires ont-ils la personnalité et le leadership requis pour relever le défi auquel Trump les soumet ? Vigilance !







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