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Trois ans après le scandale : Alexandre Benalla, ex-bras droit d’Emmanuel Macron, est jugé à Paris

Lundi 13 Septembre 2021

Alexandre Benalla répond lundi devant la justice française pour violences et utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques.
 
Trois ans après le retentissant scandale qui a secoué l’Élysée, le procès de l’ancien chargé de mission Alexandre Benalla, jugé pour les violences du 1er mai 2018 et pour l’utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques, s’ouvre lundi à Paris.
 
Costume sombre, masque chirurgical et lunettes rondes, l’ex-proche collaborateur d’Emmanuel Macron, aujourd’hui âgé de 30 ans et reconverti dans le privé, est arrivé au tribunal peu avant 13H00, passant devant un mur de caméras sans faire de déclaration. Dans la salle d’audience, il a échangé brièvement avec ses avocats avant de s’asseoir sur l’une des chaises réservées aux prévenus, pianotant sur son téléphone.
 
À l’origine d’une tempête politique qui a secoué le pouvoir pendant plusieurs mois, Alexandre Benalla doit comparaître jusqu’au 1er octobre aux côtés de son ami l’ex-employé d’En Marche Vincent Crase et de deux policiers.
 
En juillet 2018, Alexandre Benalla avait été identifié par le journal Le Monde  sur une vidéo où il apparaissait avec un casque des forces de l’ordre, brutalisant une femme et un homme place de la Contrescarpe à Paris, à l’issue d’une journée de manifestation émaillée de heurts.
 
Une «affaire d’État»
 
Alors au coeur du dispositif de sécurité du président, il devait ce jour-là n’avoir qu’un rôle d’observateur. Sanctionné d’une suspension de 15 jours, il avait gardé un bureau à l’Élysée, révélait le quotidien.
 
Dès le lendemain, l’opposition dénonçait une «affaire d’État» et une enquête judiciaire était ouverte. L’affaire a empoisonné l’exécutif pendant des mois, au fil de révélations dans la presse et des auditions de commissions d’enquête parlementaires.
 
Visé par six enquêtes judiciaires, dont une classée sans suite, Alexandre Benalla a été renvoyé devant la justice notamment pour des violences en réunion et pour avoir usurpé la fonction de policier.
 
Avec son coprévenu Vincent Crase, ancien gendarme de 48 ans, il devra s’expliquer sur ses agissements contre un couple place de la Contrescarpe, mais aussi au Jardin des plantes, où ils sont soupçonnés d’avoir violenté trois manifestants deux heures plus tôt.
 
Des «gestes nécessaires» et non un «tabassage», a toujours affirmé Alexandre Benalla, qui soutient avoir eu un «réflexe citoyen» en «interpellant» des «agresseurs de policiers».
 
«Folle journée»
 
«Des erreurs ont été commises évidemment, par moi, c’est certain, mais il semble malgré tout que j’aie le dos bien large. Et je suis loin d’être le seul responsable de ce naufrage. Je suis le fusible utile du pouvoir», écrivait-il dans un livre paru fin 2019.
 
Alexandre Benalla devra par ailleurs répondre de l’utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l’Élysée, lors de voyages en Afrique et en Israël, dans le cadre de sa reconversion dans la sécurité privée et les affaires. Il est aussi soupçonné d’avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux – ce qu’il conteste.
 
Il comparaîtra en outre pour port d’arme non autorisé, en avril 2017 à Poitiers, pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Probablement un «pistolet à eau», selon l’intéressé. Il encourt jusqu’à sept ans de prison et 100’000 euros (près de 108’000 francs) d’amende.
 
Deux fonctionnaires de la préfecture de police de Paris seront quant à eux jugés pour avoir transmis, juste après l’explosion de l’affaire, des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla.
 
«Pistolet à eau»
 
Le jeune couple de la Contrescarpe, qui avait expliqué avoir été pris par hasard dans les heurts, a été condamné en février 2019 à une amende de 500 euros (près de 550 francs) pour avoir lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Un «acte irréfléchi» après une charge de CRS, ont-ils alors regretté.
Ils seront présents au procès, comme les manifestants du Jardin des plantes.
 
«Mon client a été interpellé, mis au sol violemment, maintenu le visage dans le sable, le genou de l’un de ses agresseurs sur sa nuque, menacé avec une matraque et placé en garde à vue pendant près de 48 heures, sans aucun motif», a affirmé Me Nadja Diaz, avocate de l’un d’eux.
 
Deux syndicats policiers, l’ancien chef de cabinet de l’Élysée François-Xavier Lauch et l’auteur de la vidéo du 1er mai, le journaliste Taha Bouhafs, sont aussi parties civiles. (AFP)
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