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Retraites: le Premier ministre dévoile son plan, la fronde s'amplifie

Mercredi 11 Décembre 2019

Retraites: le Premier ministre dévoile son plan, la fronde s'amplifie
Fin des régimes spéciaux, système universel à points indexés sur les salaires, âge d'équilibre à 64 ans, entrée dans le système à partir de la génération née en 1975: le Premier ministre a dévoilé mercredi en détails son projet de réforme des retraites, faisant immédiatement basculer la CFDT parmi ses opposants, au 7e jour d'une grève amenée à se renforcer.
 
"Il n'y aura ni vainqueur ni vaincu" avec la réforme, a affirmé Édouard Philippe dans un discours d'une heure devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), assurant qu'il ne s'agissait pas là d'une "bataille".
 
Mais sitôt le plan dévoilé, la fronde syndicale a gagné une recrue de poids: la "ligne rouge est franchie", a tonné, visiblement courroucé, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, pourtant seul syndicat soutenant un système universel à points. Ses instances se réunissaient mercredi après-midi pour décider d'actions "dans les jours à venir".
 
"Nous allons discuter, ma porte est ouverte, ma main est tendue", lui a répondu Édouard Philippe en marge des questions des sénateurs au gouvernement.
 
L'âge légal restera à 62 ans, avec "un âge d'équilibre" progressivement amené à 64 ans et "un système de bonus-malus", a précisé le Premier ministre, pour qui "la seule solution est de travailler un peu plus longtemps", même si cela doit se faire "progressivement".
 
C'est cette mesure qui a fait bondir la CFDT, opposée à ce que soient mélangées "la nécessité d'une réforme systémique (...) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps". Même réaction de Laurent Escure, le dirigeant de l'Unsa, qui a lui aussi dénoncé une "ligne rouge".
 
"Que ça réagisse, on le savait. Mais est-ce qu'on pouvait décemment présenter quelque chose sans parler d'équilibre financier ?", a commenté un membre du gouvernement.
 
"Le temps est venu de construire un système universel de retraites", avait lancé le Premier ministre en introduction de son discours, disant avoir "écouté" et "entendu" les partenaires sociaux et l'ensemble des Français, tout en se déclarant "totalement déterminé".
 
Retraite minimum garantie à 1.000 euros et "85% du SMIC dans la durée", possibilité de partir deux ans plus tôt pour les personnes exerçant des métiers usants, niveau de pension des enseignants "sanctuarisé", majoration de 5% dès le premier enfant figurent parmi les mesures présentées. Avec le fait que les Français nés avant 1975 "ne seront pas concernés par la réforme" et que la génération "qui aura 18 ans en 2022" sera "la première à intégrer le système universel".
 
Les partenaires sociaux fixeront la valeur du point "sous le contrôle du Parlement", a assuré le Premier ministre. "La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser", avec une indexation sur les salaires.
 
- "Renforcer la grève" -
 
La disparition des régimes spéciaux est confirmée mais, "pour les fonctionnaires et les agents des régimes spéciaux dont l'âge légal" de départ est de 52 ans, en particulier les conducteurs de la SNCF et de la RATP, la réforme s'appliquera à partir de la génération 85, a précisé Matignon.
 
Pour le Premier ministre, "les garanties données" justifient que la grève "s'arrête".
C'est au contraire à "renforcer la grève" qu'a appelé Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, tandis que Bruno Poncet (SUD-Rail) "pense qu'on va dans le mur, que ça va durcir le mouvement". A la RATP, l'Unsa (1er syndicat) a appelé à "installer la mobilisation dans la durée".
 
Les prévisions de trafic pour jeudi sont quasi inchangées par rapport à mercredi: un TGV et un Transilien sur 4 à la SNCF, 10 lignes du métro parisien fermées. En revanche, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a annoncé mercredi qu'elle ne demandait pas aux compagnies aériennes d'annuler des vols jeudi, même si des "perturbations et retards" sont possibles.
 
Et le mécontentement déborde largement le secteur des transports: le Conseil des barreaux votera des actions ce vendredi, et les principaux syndicats policiers menacent de "durcir" leur mobilisation. Les syndicats d'enseignants de la FSU ont appelé à la reconduction de leur mobilisation.
 
Le gouvernement "s'est moqué du monde", juge le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. FO appelle à "renforcer la mobilisation".
 
"Je reste dans le camp des opposants", a déclaré de son côté François Hommeril (CFE-CGC), dénonçant une réforme "de plus en plus dangereuse".
 
Côté politique, l'opposition de gauche comme de droite a rejeté la réforme, "injuste" pour Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Yannick Jadot (EELV), "régressive" pour Olivier Faure (PS). A droite, Guillaume Peltier (LR) a dénoncé "un enfumage", Marine Le Pen (RN) une réforme "terrible".
 
Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a au contraire salué "un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive" et le fait qu'"il faut, quand c'est possible, qu'on travaille plus longtemps".
 
Le projet de loi gouvernemental sera prêt "à la fin de l'année", soumis au Conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février.
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