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Retraites: la grève dure dans les transports, nouvelle épreuve de force en vue

Samedi 7 Décembre 2019

La mobilisation sur les retraites s'installe dans la durée pour tenter de faire plier le gouvernement, avec des transports publics très perturbés ce week-end et lundi, avant une nouvelle épreuve de force mardi et la présentation détaillée de la réforme le lendemain.
 
Réunis en intersyndicale samedi, les trois premiers syndicats de cheminots ont appelé à amplifier la mobilisation contre le projet de "système universel" de retraite par points, qui doit sonner la fin des 42 dispositifs actuels, dont le régime spécial de la SNCF.
 
"Nous appelons (...) au renforcement du mouvement à partir de lundi pour bien matérialiser auprès du gouvernement que nous voulons le retrait de son projet par points", a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.
 
L'exécutif est sous pression après une mobilisation massive dans la rue jeudi (plus de 800.000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur), un nouvel appel à une journée de grèves et manifestations mardi, et alors que le trafic RATP et SNCF est très réduit depuis deux jours.
 
Seuls 15% des Transilien (RER SNCF et trains de banlieue), un TGV sur six et un TER sur dix (essentiellement par bus) sont assurés samedi. Neuf lignes du métro parisien sont fermées. Le trafic restera fortement réduit dimanche à la SNCF comme à la RATP.
 
La SNCF a même recommandé aux usagers d'éviter les Transilien lundi, l'affluence attendue dans les gares d'Île-de-France s'annonçant "très dangereuse" pour la sécurité des voyageurs.
 
Du perron de Matignon, Édouard Philippe a promis vendredi qu'il livrerait mercredi prochain, dans l'enceinte du Conseil économique, social et environnemental (Cese) cher aux partenaires sociaux, "l'intégralité du projet du gouvernement".
 
Mais y aura-t-il matière à éteindre l'incendie dans ces annonces très attendues?
"Le calendrier est bouleversé mais rien ne change dans l'objectif du gouvernement: casser notre régime de retraite solidaire pour le remplacer par un système individualisé où chacune et chacun sera perdant", a regretté la CGT, où des voix militent déjà pour une troisième journée de mobilisation jeudi prochain. Une nouvelle réunion intersyndicale a d'ailleurs été prévue mardi soir par les organisations de salariés (CGT, FO, Solidaires, FSU) et les mouvements de jeunesse ayant appelé à l'action les 5 et 10 décembre.
 
 "On sait très bien que ce n'est pas une seule journée qui suffira", a fait valoir Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, appelant le gouvernement à "faire un signe et un geste forts" en retirant son projet afin d'ouvrir "des négociations".
 
Édouard Philippe a pris soin de dire qu'il n'était pas "dans une logique de confrontation", comme pour s'éloigner de son mentor Alain Juppé version 1995.
 
Avant les annonces du Premier ministre, la ministre des Solidarités Agnès Buzyn et le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye présenteront lundi les conclusions de la concertation relancée en septembre par le gouvernement.
 
- Plusieurs foyers à éteindre -
 
Des opposants au projet de "système universel", qui craignent une "précarisation" des retraités de demain, ont une nouvelle fois battu le pavé samedi dans plusieurs villes en région. Dans l'Ouest, les préfectures ont compté notamment 400 manifestants à Lorient, moins de 500 à Laval, 300 à Saint-Nazaire.
 
En début d'après-midi, une manifestation à Montparnasse à Paris contre le chômage et la précarité, traditionnellement organisée chaque premier samedi de décembre, faisait écho au mouvement social en cours. "La retraite à points c'est non", pouvait-on lire sur une grande pancarte rouge.
 
En outre des centaines de "gilets jaunes", qui ont apporté leur soutien à la contestation, sont partis en cortège au départ de Bercy, pour leur 56e samedi de mobilisation. Dans leurs rangs figuraient des militants CGT, a constaté un journaliste de l'AFP.
 
Le gouvernement a plusieurs foyers à éteindre, et pas seulement sur les régimes spéciaux, pour lesquels Edouard Philippe a promis des "transitions progressives" vers le futur système.
 
Il doit notamment répondre aux inquiétudes des enseignants, qui craignent que leurs pensions baissent avec les nouvelles règles de calcul. Pour l'éviter, le Premier ministre s'est engagé à une "revalorisation progressive" de leur traitement.
 
De leur côté, les professionnels du commerce et du tourisme commencent à s'inquiéter des conséquences d'un mouvement social potentiellement durable.
 
A Lyon, les hôtels sont loin de faire le plein, alors qu'il est habituellement impossible de trouver une chambre en ville pendant le long week-end de la Fête des lumières.
 
"Globalement, on est entre -10% et -15% au niveau des réservations, mais cela peut atteindre -30% pour certains hôtels", a déploré Laurent Duc, président national du syndicat professionnel Umih et exploitant d'un établissement à Villeurbanne (banlieue de Lyon). (AFP)
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