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Poutine aux Occidentaux : « Ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille ? Qu’ils essaient »

Jeudi 7 Juillet 2022

Vladimir Poutine
Vladimir Poutine
« Qu’ils essaient ! » Le président russe Vladimir Poutine a mis au défi jeudi les Occidentaux de défaire la Russie « sur le champ de bataille » en Ukraine, où, a-t-il affirmé, Moscou n’a « pas encore commencé les choses sérieuses ».
 
« Aujourd’hui, nous entendons qu’ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Que dire ? Qu’ils essaient ! », a déclaré M. Poutine lors d’une réunion avec les chefs des groupes de la chambre basse du Parlement, retransmise à la télévision.
 
« Nous avons plusieurs fois entendu que l’Occident voulait nous combattre jusqu’au dernier Ukrainien. C’est une tragédie pour le peuple ukrainien. Mais il semble que tout se dirige dans cette direction », a-t-il poursuivi.
 
Ces déclarations martiales interviennent alors que les États-Unis et les pays européens ont accéléré ces dernières semaines les livraisons d’armes à l’armée de Kyiv, qui tentent de freiner la progression des forces russes dans l’est de l’Ukraine.
 
« Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses » en Ukraine, a lancé M. Poutine lors de ce discours, l’un des plus durs depuis des semaines.
Il n’a toutefois pas annoncé d’élargissement de l’opération militaire ni d’autres initiatives concrètes.
 
« En même temps, nous ne refusons pas les négociations de paix. Mais ceux qui les refusent doivent savoir que plus longtemps (ils refuseront), plus il leur sera difficile de négocier avec nous », a ajouté le président russe.
 
Reprenant une rhétorique rappelant celle des dirigeants soviétiques pendant la guerre froide, M. Poutine a aussi dénoncé le « libéralisme totalitaire » occidental et estimé que l’offensive en Ukraine marquait le début d’une transition d’un monde marqué par l’« égocentrisme mondialisé américain vers un monde vraiment multipolaire ».
 
« Dans la plupart des pays, les gens ne veulent pas d’une telle vie ou d’un tel avenir », a-t-il dit. « Ils sont fatigués de se mettre à genoux et de s’humilier devant ceux qui se croient exceptionnels ».
 
Bombardements dans le Donbass
 
Les forces russes ont bombardé jeudi plusieurs villes du Donbass, bassin de l’est de l’Ukraine qu’elles tentent de conquérir en totalité, notamment celle de Kramatorsk, où au moins un civil a été tué, selon les autorités locales.
 
À Kramatorsk, capitale de la partie du Donbass tenue par les Ukrainiens, l’explosion a creusé un large cratère dans une cour située entre un hôtel et des immeubles d’habitation, ont constaté des journalistes de l’AFP. Ils y ont vu le corps d’une personne tuée et des blessés, ainsi que deux voitures en feu. 
 
« Frappe aérienne contre la partie centrale de Kramatorsk. Il y a des victimes », a annoncé sur Facebook le maire de la ville, Oleksandr Gontcharenko, en appelant les habitants à rester dans les abris.
 
Cette « attaque délibérée contre les civils » a fait « un mort et six blessés », a déclaré sur Telegram le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, en précisant que ces chiffres étaient provisoires et que « six immeubles ont été endommagés, dont un hôtel et un immeuble résidentiel »
 
« Je demande à tout le monde : évacuez ! L’évacuation c’est provisoire, il faut préserver la vie maintenant », a-t-il ajouté.
 
Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass, leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kyiv fin mars, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Louhansk, l’une des deux formant le bassin minier.
 
Les Russes « ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région », a démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï, en accusant les Russes d’enrôler de force des habitants des villes de Sievierodonetsk et Lyssytchansk, sous leur contrôle, en leur faisant miroiter un emploi.  
 
« Plus le choix »
 
Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l’autre province, celle de Donetsk, pour occuper l’intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014.
 
Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a fait état d’au moins sept civils tués mercredi par de multiples tirs d’artillerie et de lance-roquettes sur plusieurs localités.
Dans cette province, Sloviansk et sa ville jumelle Kramatorsk sont considérées comme les prochaines cibles des forces russes dans leur plan de conquête du Donbass, après quatre mois et demi de conflit.
 
Mardi, les roquettes russes avaient frappé et en partie incendié et détruit un marché dans le centre de Sloviansk, et tué au moins deux personnes.
 
Mercredi, le maire de Sloviansk, Vadim Liakh, avait indiqué que l’évacuation de la ville, encouragée par les autorités locales, était « en cours ».
 
« J’envoie ma femme et après je n’ai plus le choix, je m’enrôle dans l’armée demain », a déclaré à l’AFP Vitaly, 30 ans, après avoir fait ses adieux à sa femme Svitlana, partie mercredi pour Dnipro (centre) dans un bus avec quelque 150 femmes et enfants à bord.
 
« Il fallait qu’elles partent, après ce qui est arrivé hier (mardi), ils ont touché le centre-ville », a expliqué Vitaly, en se disant persuadé que Sloviansk ne tombera pas aux mains des Russes et que sa famille y reviendra.
 
Il restait mercredi dans la ville encore environ 23 000 des quelque 110 000 habitants qu’elle comptait avant le conflit, avait précisé son maire, en y dénombrant 17 morts et 67 blessés depuis le début des hostilités.
 
Dans le sud, les Russes bombardent toujours la région de Mykolaïv et les combats font rage autour de la ville de Kherson, qu’ils occupent depuis les premiers jours de la guerre et où ils tentent d’empêcher les contre-attaques ukrainiennes, selon Kyiv.
 
L’armée ukrainienne a enfin affirmé jeudi avoir repris le contrôle de l’île aux Serpents en mer Noire, après y avoir remis son drapeau quelques jours plus tôt, à la suite du retrait des forces russes de ce petit territoire symbolique.
 
Moscou a de son côté affirmé y avoir procédé dans la matinée à une frappe avec des « missiles de haute précision », tuant une partie des soldats ukrainiens allés y planter un drapeau et provoquant la fuite des survivants. (AFP)
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