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Nkosazana Dlamini Zuma, l'énigmatique ex-épouse du président

Jeudi 21 Septembre 2017

Nkosazana Dlamini Zuma, l'énigmatique ex-épouse du président
Plus que par son parcours, elle est connue par son nom. Ministre puis patronne de l'Union africaine (UA), l'énigmatique et discrète Nkosazana Dlamini Zuma reste d'abord, aux yeux de tous, l'ex-femme du sulfureux président sud-africain Jacob Zuma.
 
A 68 ans, Nkosazana Dlamini Zuma, qui a fait son retour jeudi sur les bancs du Parlement, ne fait pas partie des ténors du Congrès national africain (ANC).
 
Mais le soutien du chef de l'Etat en fait l'une des favorites de la course à la présidence du parti. Et pour ensuite prendre celle du pays lors des élections de 2019.
 
"Elle est courageuse", "on peut lui faire confiance", a lancé publiquement M. Zuma en mai.
Ce soutien a vite été perçu comme une manoeuvre. En l'installant à sa succession, assurent ses ennemis, le président veut garantir son immunité dans les dossiers judiciaires où il est accusé.
 
Il n'est pas "convaincu de ses qualités de dirigeante", selon Ranjeni Munusamy, commentateur politique, il souhaite avant tout "assurer sa propre survie".
 
Une sorte de "remariage" d'intérêts donc, entre deux personnalités aux styles bien différents.
En public, Nkosazana Dlamini Zuma est aussi grave et discrète que son ex-époux est jovial et démonstratif. Elle se présente comme une féministe, Jacob Zuma est polygame. Elle est perçue comme relativement honnête, quand l'actuel chef de l'Etat est empêtré dans une longue série de scandales.
 
- Lobbyiste –
 
Depuis qu'elle a quitté l'UA début 2017, elle mène une campagne de terrain assidue auprès des militants de l'ANC.
 
Elle est "extrêmement populaire au sein du parti" malgré son "déficit de charisme", souligne à l'AFP Carien du Plessis, auteur d'une biographie à paraître d'ici la fin de l'année. "Elle est très forte pour rallier les gens et faire du lobbying".
 
Nkosazana Dlamini Zuma connaît parfaitement les arcanes du pouvoir. Elle a occupé trois importants portefeuilles ministériels de 1994 à 2012: Santé, Affaires étrangères et Intérieur.
 
Elle peut se targuer d'avoir joué un rôle clé dans les pourparlers de paix en République démocratique du Congo (RDC).
 
Mais elle a échoué dans la crise au Zimbabwe, gardé le silence sur les errements du président sud-africain Thabo Mbeki dans la lutte contre le sida, et s'est retrouvée mêlée au premier gros scandale de corruption de l'Afrique du Sud démocratique.
 
Dans sa candidature à la présidentielle, elle met en avant ses années passées à la tête de la commission de l'UA (2012-2017).
 
"Elle se présente comme celle qui a dirigé le continent et qui est au-dessus de la politique", explique à l'AFP Liesl Louw-Vaudran, de l'Institut pour les études sur la sécurité (ISS).
 
Son bilan au sein de l'organisation panafricaine est cependant fortement critiqué.
A Addis Abeba, elle s'est entourée d'une garde rapprochée de Sud-Africains, surnommée la "mafia sud-africaine". Et "elle a fait très peu de gestes en matière de sécurité, de droits de l'Homme, d'élections, les sujets importants sur lesquels on attend un président de la commission de l'UA", selon Mme Louw-Vaudran.
 
- "Anti-occidentale" –
 
A son actif, note toutefois l'analyste, elle a défendu la cause des femmes, notamment lors d'une campagne remarquée contre le mariage des enfants.
 
Idéologiquement, celle qui arbore des coiffes chatoyantes et des tenues aux imprimés africains défend des positions "anti-occidentales", selon Liesl Louw-Vaudran.
 
Certains diplomates ne cachent pas avoir eu de "mauvaises expériences avec elle", raconte Carien du Plessis. "Elle n'a pas peur de montrer qu'elle ne vous aime pas".
 
Née en 1949 dans la province sud-africaine du KwaZulu-Natal (est), Nkosazana Dlamini Zuma a, fait rare dans la culture zoulou, été encouragée par son père à étudier.
 
Elle rejoint jeune les rangs de l'ANC, fer de lance de la lutte contre l'apartheid. La répression policière la contraint en 1976 à s'exiler au Royaume-Uni, où elle décroche son diplôme de médecin. Elle rentre au pays en 1990, l'année où Nelson Mandela, la figure de la lutte anti-apartheid, est libéré après vingt-sept ans de prison.
 
C'est au Swaziland qu'elle rencontre Jacob Zuma, dont elle devient la troisième épouse en 1982. Après seize ans de mariage, ils divorcent en 1998 pour "points de vue irréconciliables". En dépit de cette séparation, ils entretiennent aujourd'hui de bonnes relations.
 
"Sa grande faiblesse vis-à-vis de Jacob Zuma, c'est leurs quatre enfants", estime Carien du Plessis. "Ce sera très difficile pour elle de laisser s'engager des poursuites (judiciaires contre lui): il fait campagne pour elle et je pense que ses enfants la persuaderont" de le protéger. (AFP)
 
 
 
 
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