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Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth jugé dans "l'affaire des écoutes" : les conversations téléphoniques diffusées pour la première fois en salle d'audience

Mardi 6 Décembre 2022

L'ancien Président français Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth
L'ancien Président français Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth
Ces échanges ont été diffusés ce mardi 6 décembre et ont fait entendre à la cour d'appel de Paris plusieurs conversations tenues début 2014 entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog sur une ligne ouverte sous l'alias "Paul Bismuth", qu'ils pensaient à l'abri des enquêteurs.

Deuxième jour du procès en appel de l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d'influence. Ce mardi 6 décembre, et pour la première fois, les interceptions téléphoniques au cœur de l'affaire des "écoutes" ont été diffusées dans une salle d'audience. Des raisons techniques avaient empêché leur diffusion lors du procès de première instance, à l'issue duquel l'ex-chef de l'Etat, son avocat historique Thierry Herzog et l'ex-magistrat Gilbert Azibert avaient été condamnés à trois ans de prison, dont un an ferme.
 

Diffusés ce mardi par haut-parleurs, ces échanges ont fait entendre à la cour d'appel de Paris plusieurs conversations tenues début 2014 entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog sur une ligne ouverte sous l'alias "Paul Bismuth", qu'ils pensaient à l'abri des enquêteurs.
 
Selon la thèse de l'accusation, contestée par les prévenus, ces conversations accréditent l'existence d'un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, à qui un soutien à sa carrière aurait été promis en rétribution d'interventions liées à une décision de la Cour de cassation sur les agendas présidentiels de Nicolas Sarkozy.

 "Voilà... Il a bossé hein"

Gilbert Azibert aurait ainsi informé Thierry Herzog de l'avis du conseiller rapporteur dans ce dossier et aurait tenté d'influencer les délibérations dans la haute juridiction dont il était lui-même membre. "Voilà... Il a bossé hein", résume Thierry Herzog à Nicolas Sarkozy le 29 janvier 2014. Quelques jours plus tard, l'avocat rapporte à l'ex-président que Gilbert Azibert convoite un poste dans la hiérarchie judiciaire à Monaco. "Il me dit : 'j’ose pas demander. Peut-être qu’il faudrait que j’ai un coup de pouce'. Ben je lui ai dit 'tu rigoles, avec ce que tu fais...'", dit Thierry Herzog.

"Non ben 't’inquiète pas', dis-lui", lui répond Nicolas Sarkozy. "Appelle-le aujourd'hui en disant que je m’en occuperai parce que moi je vais à Monaco". Un engagement qu'il réitèrera le 25 février alors qu'il est en visite dans la Principauté. "Ok, tu peux lui dire que (...) à midi je ferai la démarche". Le lendemain, pourtant, changement de ton radical :
 
Nicolas Sarkozy appelle son avocat, cette fois en utilisant un de ses téléphones officiels, pour lui dire qu'il n'intercédera finalement pas en faveur du magistrat. "Je t'avais dit que je le ferai. Et puis j'ai réfléchi, ça va paraître très bizarre", dit-il. Selon les enquêteurs, ce revirement serait lié au fait que Nicolas Sarkozy et son avocat auraient appris que la ligne Bismuth était elle aussi sur écoute. Une enquête du Parquet national financier ne parviendra toutefois pas à identifier une éventuelle taupe.

En fin de journée, la parole est revenue à Nicolas Sarkozy. L'ex-président s'est avancé vers la barre pour dire tout le mal qu'il pensait de ces interceptions, qu'il disait écouter "pour la première fois". "La confidentialité entre un avocat et son client, on peut lui dire au revoir", a-t-il tonné. "En écoutant ça pendant deux heures, j'ai été stupéfait", a-t-il aussi dit, ajoutant : "J'ai senti physiquement une gêne". Fin des débats prévue le 16 décembre.
 
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