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Moi Rufisquois, le TER et ma mobilité

Lundi 27 Décembre 2021

Bara Diouf, Citoyen rufisquois
Bara Diouf, Citoyen rufisquois
Ces derniers jours, sur la toile, il n'est pas de bon ton de critiquer le TER, ce serait être méchant et anti patriote.
Pour un candidat, parler d'autre chose que de campagne et de la mairie est très déconseillé. Je ferai fi de cette règle quasi universelle. Je parlerai du TER par responsabilité historique et devoir de vérité.
 
En effet, en 2019 après avoir subi des désagréments des travaux du TER, les inondations du canal des HLM de Rufisque nous ont contraint à bous révolter et créer un cadre de lutte : Jóog Aar Teungedj...
 
Cette plate-forme, que j'ai mis en place avec d'autres citoyens rufisquois avait mené le combat rufisquois pour : des passerelles praticables le long du tracé du TER chaque 500 mètre comme annoncé dans le projet initial, la réfection des routes intérieures dégradées par les camions du TER, la réouverture de la sortie de dégagement de Bourdier, la construction d'équipement communautaires pour les jeunes.
 
Malgré un combat acharné, ponctué par une réunion devant le préfet et le directeur général de L'APIX, force est de reconnaître que nos objectifs n'ont largement pas été atteint.
 
Les passerelles promis n'ont pas été construites comme annoncé, la passerelle de Djioutiba n'est pas opérationnel, celle de la gare centrale est anormalement trop longue... A la place de passerelle normalisée, les Rufisquois sont obligés de passer sous des tunnels mal éclairés, lit d'agressions et dangereux par la proximité avec les voitures.
 
Le TER a dégradé la mobilité intérieure des Rufisquois : se déplacer dans Rufisque de part et d'autre des rails est devenu un calvaire. Les Rufisquois ont cohabité avec les rails sans problème jusqu'à l'arrivée du TER.
 
La fermeture de la voie de dégagement de Bourdier a accentué les embouteillages au rond point de Djioutiba et l'auto-pont initialement prévu à Djioutiba n'a jamais été construit. Djioutiba est devenu un lieu de congestion impossible à vivre car c'est le point de ralliement des voitures venant de la RN1 et celles du péage issues de la sortie 9. Aujourd’hui, Rufisque est devenu presque pire que Rond point Cambérène en termes d'embouteillages.
 
Le TER a aussi et surtout dégradé les routes intérieures secondaires à Rufisque, de Ndar gou Ndaw à Arafat, il est presque impossible pour les petites voitures de circuler. L'APIX n'a construit aucune de ces routes dégradées par ses camions de chantier.
 
La conséquence est la dégradation irréversible de la mobilité et du visage de la ville. Les taxis clando ont carrément multiplié le coût du transport par 3 ou 4 dans certaines zones. A titre d'exemple, pour un trajet de 3 km entre Cité Gabon et le stade Galandou Diouf, il faut payer entre 1500 à 2500 FCFA selon la période de la journée. Ce renchérissement du coût du transport a créé une niche pour les Jakarta. Ils sont venus de partout du Sénégal, des jeunes rufisquois aussi ont investi le créneau, les Jakarta font la loi à Rufisque avec leur lot d'accidents souvent mortels : merci TER.
 
Les investissements prévus sur les espaces laissés libres par le TER et que l'APIX nous avait promis sont aujourd'hui de vrais éléphants blancs. Aucun franc n'a été investi à Rufisque. Cette Agence pour la promotion des grands travaux s'est montrée très irresponsable à Rufisque. Et malheureusement, les Rufisquois, par leur légendaire lutte interne à somme nulle, sont passés à côté.
 
Ce TER trop cher pour le Rufisquois moyen.
 
Ce samedi, dans mes discussions avec mes amis dont l'écrasante majorité est constituée d'ouvriers du bâtiments, de pêcheurs et de plombiers, le coût du transport par le TER a été très décrié.
 
Le Rufisquois de classe moyenne, non véhiculé, se déplace vers Dakar soit en payant un taxi individuel entre 5000 à 8000 FCFA, soit par taxi collectif à 1200 ou maximum 1300 FCFA par voyage. Pour cette classe à laquelle j'appartiens, payer 1500 FCFA pour un voyage Rufisque-Dakar à bord du TER en moins de 25 minutes est une aubaine, face aux 2h de temps que l’on peut prendre avec les taxis.
 
Par contre, pour mes amis ouvriers, souvent payés à la journée ou par chantier, dépenser 3000 FCFA par jour pour le transport est économiquement suicidaire. Pour la majeure partie de cette classe de compatriotes, le salaire journalier ne dépasse guère 6000 FCFA maximum la journée. Donc, consacrer 50% de ses revenus pour le transport est impensable.
 
Si l'objectif est de faire du TER un moyen de transport de masse, que les prix soient réduits jusqu'à 500 FCFA pour le trajet Rufisque-Dakar, sinon la grande partie des Rufisquois ne verra le TER que de loin.
 
Au delà du coût anormalement exorbitant sur 36 km, le TER est une vraie calamité pour Rufisque et les Rufisquois. Essayer d'exalter une fierté nationale c'est bien, mais pas au prix pour nous d'occulter la vérité sur le calvaire de concitoyens.
Bara Diouf
Citoyen Rufisquois
 
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