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Mais l’avion « Le Sénégal » dans les airs, a-t-il un commandant de bord ?

Jeudi 30 Août 2018

Le cas de l’aéroport Léopold Sédar Senghor qui semble être, en ce moment, comme un cadavre en putréfaction,à la merci de charognards, nous fait penser, fortement, à cela. Déjà, la vente des terres de l’aéroport L S S par le président A. Wade est l’un des scandales les plus graves que notre pays ait connu, en matière de gestion catastrophique de son patrimoine. Ce seul fait aurait suffi, dans un Etat de droit où la justice marche sur ses deux pieds, pour valoir à Me Wade, tout au moins, une mise en examen, à la fin de son mandat, à défaut d’être destitué. Mais hélas, son successeur de fils et d’élève fidèle à son maître et en maître absolu dans le pays, comme le fut Me Wade, en a décidé autrement. C’est-à-dire de ne demander aucun compte à l’ancien gestionnaire de notre pays. C’est inique !
 
Ensuite, s’agissant de l’aéroport L S S, pour enfoncer le clou ou plutôt la bêtise, en lieu et place, de le conserver, tout logiquement, comme un second aéroport de notre capitale, non, l’Etat opte pour sa suppression, tout bêtement. Naturellement, cette suppression est, sans nul doute, un non-sens. Et, ce sont justement, de pareilles bêtises et d’autres non-sens qui font que certains dirigeants africains sont pris par les autres, comme de grands enfants naïfs,pour ne pas dire idiots, qui sont incapables d’identifier correctement les intérêts de leurs pays et, les défendre envers et contre tout. Mais, objectivement et sérieusement parlant, en quoi vraiment, le maintien de cet aéroport qui respecte, à tout point de vue, toutes les normes requises pour un aéroport de type international, gênerait-il notre pays dans son développement, au point de le liquider, comme si c’était de la peste, pour le bazarder ainsi?
 
Dans une certaine mesure et d’un point de esthétique, la liquidation des terres et suppression  de l’aéroport L S S ont défiguré dans cette partie de la capitale le beau visage de Dakar. Donc, au total, ils ont même rendu moche toute cette zone de la capitale, à cause des constructions hideuses qui y sont édifiées anarchiquement et, quasiment, ne respectant pas les normes d’urbanisme minimales exigées. A y voir de près, c’est même, au vu de ces constructions qui y naissent, si l’obligation d’une autorisation de construction, en bonne et due forme, a été satisfaite ?
 
En vérité, le mal  de notre pays et de l’Afrique, en général, c’est ce système présidentiel qui fait du chef de l’Etat, véritablement, un « Dieu » dans leurs pays.  Ainsi, le président de la République décide seul, de tout, dans le pays, sans aucune consultation préalable, de qui que ce soit. En outre, ce dernier  n’a de compte à rendre à personne, même pas à une institution de la République. En plus, sa décision est incontestable et irrévocable. Il est clair qu’un tel pouvoir ne peut être que l’attribut de Dieu, mais jamais d’un être humain. Et pratiquement, l’article 101[[1]]url:#_ftn1 de la constitution du Sénégal donne ce pouvoir au président de la République. Ainsi, cet article absout la responsabilité du chef de l’Etat, de ses fautes commises dans l’exercice de ses fonctions, autrement dit, ses fautes sont légalisées.
 
En règle générale, l’homme étant par nature faillible, ses pouvoirs doivent absolument être limités, surveillés et encadrés par des institutions habilitées, indépendantes ne relevant et ne dépendant pas du président de la République. Fondamentalement, de telles institutions sont non seulement nécessaires dans une république mais indispensables, parce que devant servir comme l’œil du peuple sur ceux qui sont chargés de gouverner l’Etat. Naturellement, dans un système tel que celui dans lequel nous sommes, tous les abus sont autorisés au chef de l’Etat car, sans le mentionner expressément, il est, de fait, au-dessus des lois. Et, dès lors qu’il n’est pas tenu, en cas de faute dans les actes qu’il pose, comme responsable, on fait de lui un irresponsable. Alors qu’il est chargé de prendre des décisions très importantes, au niveau le plus élevé de l’Etat, qui pourraient engager toute la nation, malgré tout. Et, si toutes ces bêtises et anomalies ont pu être commises, c’est bien à cause du statut de monarque du président de la République. Comme du reste, l’on note aussi que ce système, quasi monarchique, permet aussi la forte présence, injustifiable, de la famille du chef de l’Etat au cœur du pouvoir et de l’Etat.
 
Dans tous les cas, toutes ces pratiques en cours actuellement sont aussi à l’attention de tous ceux qui prétendent vouloir diriger demain notre pays. Les candidats ont l’obligation de se prononcer de manière nette et claire sur cette question capitale du système et statut du chef de l’Etat. Précisément, pour remédier à cette situation anachronique, nécessairement, il faudra procéder au changement de l’actuelle constitution qui est, en fait, la mère de nos maux. Parce qu’il est devenu inconcevable que notre pays continue encore d’être gouverné dans le même système qu’actuellement et de la même manière.
 
Cela dit, il est, donc, devenu indispensable de rompre définitivement avec ce système et, par voie de conséquence, toutes les pratiques et méthodes y afférentes. Ce qui revient à dire qu’il faudra rompre avec cette gouvernance autocratique, cleptomane et boulimique, qui permet, sans le moindre contrôle, à celui qui dirige le pays de piller allégrement ses ressources, à son profit, par détournement d’objectifs, au lieu  de les investir au service du  développement, comme par exemple la création de nouvelles infrastructures et, modernisation des existantes pour répondre à l’ère de notre temps, le numérique. Hé oui, notre pays, à part quelques éclaircies coûteuses et inappropriées, est maintenu encore dans un archaïsme qui nous fait régresser et, ne profite qu’à ceux qui détiennent le pouvoir et leurs amis.
 
Le Sénégal, pour rompre définitivement avec toutes ces mauvaises pratiques récurrentes, devra être gouverner autrement, c’est-à-dire par des institutions fortes, crédibles et indépendantes de l’Exécutif, et non, par des individus qui seraient capables de se transformer, et même, au fil du temps, de se muer en monarques. Et, des exemples, nous en avons connus et vécus plusieurs, déjà. Voilà pourquoi, nous devons,à cet effet, bien retenir à l’esprit, cette recommandation très pertinente d’Albert Einstein, à savoir : « Si vous voulez vivre une vie heureuse, attachez-là, à un but, et non pas à des personnes ou des choses »
 
En principe, dans un Etat de droit qui se respecte et se considère comme démocratique et dont les dirigeants sont, surtout, très conscients de leurs responsabilités, comme cette très lourde charge qui consiste à diriger leur pays et guider leur peuple, les décisions, notamment les plus importantes, sont d’abord minutieusement examinées à la loupe par des institutions habilitées, avant leur prise et application. Dans un tel Etat, évidemment, un article comme celui-ci 101 de notre constitution ne peut pas y avoir un droit de cité. C’est pourquoi, cette protection absolue et injustifiable du chef de l’Etat par un tel article doit être supprimée de toute constitution. Car, c’est une hérésie d’être le plus responsable de l’Etat, comme son chef et, ensuite, d’être soustrait de responsabilité pour les actes posés dans l’exercice de vos fonctions. Dans le cas par exemple de chefs d’Etat obtus, qui sait, ces derniers pourraient interpréter cette disposition comme une incitation ou un encouragement ou licence à faire ce qu’ils veulent, dans la mesure où ils ne risquent aucune sanction quoi qu’il arriverait.
 
Comme souligné plus haut, toutes ces anomalies et bêtises qui défient le bon sens et ne respectent ni les règles et normes de la République ni aussi la gestion des biens communs à toute la nation, sont, essentiellement, liées à la nature du système actuellement en cours, parce que c’est lui qui les rend possibles. Donc, le prochain régime devra, s’il se présente en alternative, rétablir l’ordre républicain, en revenant sur toutes ces dérives inacceptables. Evidemment, s’il compte revenir à l’orthodoxie, il lui faudra nécessairement, un référendum pour une nouvelle constitution et un nouveau système. Ce sera l’occasion de réviser et refonder toutes les institutions de la République qui se chargeront de veiller sur le respect des lois, règlements et procédures, comme également la rigueur devra être de mise en toutes circonstances dans l’administration publique. La méthode actuelle de gestion loin d’être vertueuse est synonyme d’un partage et un pillage systématique de toutes les ressources du pays ici et maintenant, sans penser à l’avenir de la nation, mais et surtout, aux générations futures qui ont un droit sur les ressources actuelles du pays.
 
En tout état de cause, pour certaines décisions d’importance capitale qui engagent toute la nation, le seul avis du chef de l’Etat ne devrait plus suffire. Donc, prochainement, de telles décisions devront être soumises et examinées, obligatoirement, par au moins une institution habilitée à cet effet avant son application ou mise en œuvre. Comme par exemple la vente des terres de l’aéroport L S S, la suppression de l’aéroport L S S, la construction du monument de la Renaissance africaine, le partage de la foire de Dakar, le TER, les ressources minières, pétrolières, énergétiques , etc. Tout cela et tant d’autres affaires nébuleuses entrent dans le cadre du domaine réservé du Président de la République. Mais au nom de quoi  ces décisions ne relèveraient que de lui? Surtout, lorsque l’on sait que toutes les erreurs issues des décisions malheureuses du président de la République et leurs conséquences sont classées sans suite en pertes et profits. Ce n’est pas acceptable !
 
Donc, le peuple sénégalais, avec son expérience du passé vécu, devra, pour se mettre à l’abri, se prémunir de protection contre certaines pratiques de cette gouvernance nauséabonde qui prévaut actuellement dans notre pays. Et tout naturellement, la première étape à franchir devra être, bien entendu, le changement de cette forteresse qui est le système présidentiel. Ensuite, il faudrait, prochainement, pour le pilotage de l’avion « le Sénégal » un équipage compétent et responsable à tous égards, sous la direction d’un commandant de bord coresponsable avec tout l’équipage.
 
Le peuple sénégalais ayant été pendant longtemps floué par ses dirigeants passés et présents, doit se mettre maintenant sur ses gardes, car trop c’est trop. Ce faisant, il ne doit plus se laisser tromper et accepter d’être encore dirigé comme par le passé, à savoir par un pilotage à vue d’un unique chef qui, parfois, pourrait ne pas être totalement en possession de toutes ses facultés mentales. Et Dieu sait que l’on ne peut énumérer les erreurs de mal gouvernance de nos dirigeants qui ont occasionné notre retard dans plusieurs domaines, tellement, elles sont nombreuses. Et malgré cela, certains ont encore le culot de demander au peuple sénégalais de leur faire encore confiance. Nous avons bien fait le constat que les deux alternances n’ont guère amélioré la situation, bien au contraire. Voilà pourquoi, le peuple sénégalais doit, à présent, chercher une solution alternative crédible et salutaire aux alternances loufoques.
 
Enfin, nous osons espérer qu’une rupture radicale interviendra avec le prochain changement, que nous voulons surtout, loin des recettes de plats réchauffés indigestes qui maintiennent le statu quo. Au demeurant, le prochain régime qui se mettra en place, devra souverainement et courageusement, revenir et réparer toutes ces bêtises commises par les régimes précédents car, c’est une nécessité absolue pour permettre à notre pays de repartir du bon pied sinon, immanquablement, il ira droit dans le mur.
 
Mandiaye Gaye
Mandiaye15@gmail.com
 
[[1]]url:#_ftnref1 Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison.
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 07/09/2018 12:47
On peut toujours rêver! ce dont je suis sur, c'est que le prochain (je devrais dire le prochain mandat du candidat-président, réélu avec 54% des voix) sera pire que le précédent, et n'annonce rien de bon pour son troisième mandat en 2022. Mais même si cela ne devait pas être lui (comme je le disais, on peut toujours rêver!) cela sera pareil!
Si l'opposition existe, et pense faire autre chose que la même chose en pire, elle doit commencer à s'organiser, et arrêter de prendre le peuple sénégalais pour des imbéciles.
S'organiser, cela veut dire arrêter de se battre à 80 pour un fauteuil à une place: à eux de se réunir, de se regrouper, et de faire émerger un, voir deux leaders, derrière le ou lesquels elle se rangera, non pas en fonction de leurs intérêts, mais en fonction d'un programme intelligent et cohérent, tenant compte notamment de la dette abyssale qu'il faudra bien régler un jour: les chinois ne donnent pas, ils prêtent avec intérêts. La voix du sénégal à l'ONU en fonction de la directive chinoise pour l'instant n'est qu'une première soumission, mais cela ne suffira pas par la suite!
Pour l'instant, la seule chose qui unit ses 80 prétendants, c'est le TSM (Tout Sauf Macky): bien que cela soit nécessaire, ce n'est pas suffisant.
Le cancer qui ronge le sénégal et les 53 autres pays du continent, c'est la CORRUPTION au plus haut niveau de(s) l'état(s).
Le ou les candidats de l'opposition, s' ils veulent acquérir un certain crédit de sérieux et de confiance de la part des électeurs, qui auront déjà fort à faire pour pouvoir aller voter s'ils ne sont pas aperistes, devront établir et adhérer à une charte, qui pourrait ne comporter que les quelques points suivants:
1°) Engagement, en cas d'élection, de démissionner en tant que président -idem pour le ministre de la justice- du poste qui leur est réservé à l'UMS: cette scandaleuse pratique n'est ni plus ni moins que la mise au pas du système judiciaire: la place des deux sus nommés n'est pas à l'UMS où ils n'ont ni les compétences, ni l'objectivité nécessaire pour pouvoir siéger dans cette noble assemblée.
2°) Engagement par le futur Président de la république, de démissionner de son poste de chef de parti: le président de la république une fois élu devient le président de tous les sénégalais, quelle que soit leur opinion, leur ethnie, ou leur religion.. (cela impose bien sur le respect de l'adversaire)
3°)Réorganisation complète de la vie politique: salaire du président, des ministres, doit être augmenté et connu par toute la population. Idem pour les avantages en nature. Financement des partis politiques à réorganiser.
4°) Suppression de l'immunité à toute personne délégataire de l'autorité publique, en cas de détournement de fonds ou autres délits financiers.(y compris président, pendant l'exercice de son mandat)
5°)Rendre son indépendance aux organismes chargés de la moralisation de la vie politique (OFNAC, IGS, COUR DES COMPTES, ect...) 'indépendance à laquelle ils ont naturellement droit, et leur accorder un droit de saisine du procureur de la république, en cas de délits graves avérés. Il n'appartient pas, comme actuellement, au Président de trier les dossiers.
6°)Faire modifier le code pénal, afin de prévoir une peine incompressible plancher de DIX (10) ans minimum (plancher) de prison/travaux forcés, à tout ministre ou fonctionnaire, y compris le Président lui même, et toute personne dépositaire de l'autorité publique, qui sera convaincu de détournement de fonds à son profit personnel ou autre (cela incluant le délit d'initié, le favoritisme, ect...) bien évidemment, confiscation totale de tous les biens du condamné, meubles ou immeubles, ici et/ou à l'étranger.
Dès lors qu'un candidat viendra avec cette charte, signée par lui même, et qu'il prend l'engagement de faire signer à chacun de ses ministres, sous peine de révocation immédiate, tant pour eux que pour lui même, que cette charte devra être déposée au conseil constitutionnel qui pourra pour mission de veiller à la bonne application de chacun, là, je pense que le peuple sénégalais sera réconcilié avec la politique, et qu'ils s'impliqueront un peu plus qu'ils ne le font.
Car, quoi que l'on puisse reprocher à Macky SALL, il faut bien reconnaitre qu'il sait très adroitement profiter des mesures scélérates prises par son prédécesseur: en quelques sortes, c'est l'arroseur arrosé!
Alors, le sénégal va t il s'en sortir? je le souhaite ardemment, mais j'en doute un peu...
Il appartient au sénégalais eux même de prendre en mains leur destin, d'aller voter non pas en remerciement de l'enveloppe qu'on leur aura donnée, ou du chantage aperiste qu'ils auront à subir, mais en fonction de ses convictions profondes, son désir de changement, et le programme et les engagements d'honnêteté et de sérieux qu'on leur propose, le degré d'engagement des beaux parleurs, ect... Mais le retour à la démocratie, la vraie démocratie est à ce prix: ce mot veut il dire quelque chose en Afrique? a VOIR...
Me François JURAIN

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