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Le Burkina demande le départ de la TF Sabre, une porte entrouverte à la Russie et au groupe militaire Wagner ?

Dimanche 22 Janvier 2023

L’information attend confirmation mais l’annonce par le média officiel AIB d’une dénonciation des accords militaires entre le Burkina et la France - avec un ultimatum d'un mois pour quitter le pays - pourrait préfigurer d’une entente qui serait déjà scellée entre Ouagadougou et Moscou pour baliser le terrain au groupe Wagner dans la lutte contre les mouvements djihadistes.
 
Depuis le 18 janvier dernier, le gouvernement burkinabè a dénoncé l’accord bilatéral qui régissait la présence militaire française sur son territoire et a donné un délai d’un mois à la France pour quitter le territoire burkinabè, indique l’Agence officielle burkinabè d’information (AIB) sur son site internet. A ce jour, cette information n’a reçu confirmation ni des autorités burkinabè ni du Quai d’Orsay.
 
Cet accord entre les deux Etats avait été signé le 17 décembre 2018 sous la présence de l’ex président Roch Marc Christian Kaboré. Mais selon le journaliste Rémi Carayol, auteur de l’ouvrage « Le mirage sahélien », la force Sabre est installée au Burkina Faso depuis « 2010 dans le plus grand secret ». Kaboré a été renversé en janvier 2022 par un coup d’Etat militaire dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce dernier, à son tour, a été victime d'un putsch conduit par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022.
 
Les armées françaises stationnées au Burkina Faso seraient composées de quelques 400 militaires des Forces spéciales de la Task Force « Sabre » qui « résident » au camp militaire de Kamboinsin. Elles sont l’objet d’incessantes pressions populaires revendiquant leur départ.
 
En septembre 2022, une manifestation organisée sur le Boulevard de l’Indépendance à Ouagadougou, lieu d’implantation de l’ambassade de France, avait mobilisé des centaines de personnes. Elles revendiquaient déjà l’annulation des accords de défense et de sécurité entre le Burkina Faso et la France. Certaines d’entre elles, brandissant des drapeaux russes, poussent les autorités militaires à s’ouvrir à Moscou, en particulier pour juguler les violences djihadistes et criminelles qui ensanglantent le pays depuis plusieurs années.
 
Cependant, dans la logique du pouvoir de transition du capitaine Ibrahim Traoré qui hésite à remettre en cause ouvertement la coopération militaire avec la France, l’option fondamentale consisterait plutôt à « diversifier » les partenariats militaires et stratégiques du Burkina Faso, ce qui laisserait Paris dans le jeu, à la différence du scénario malien. D’où la visite plutôt secrète effectuée par le premier ministre Apollinaire Kyélem de Tembela en Russie en décembre 2022 et sur laquelle Ouagadougou n’a pas trop fourni d’informations.
 
Après avoir longtemps hésité, le Burkina aurait-il choisi de sacrifier la France en exigeant le départ de la TF « Sabre » ? Serait-ce une des « conditions posées par la Russie avant tout projet de reconquête du territoire national dont 40% seraient passés sous administration djihadiste ? La question reste posée en attendant que le pouvoir dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré clarifie la nouvelle donne militaire avec la France. Celle-ci va sans doute faire le deuil d'une présence dans un pays clef d'Afrique de l'Ouest, après ses déboires au Mali voisin.
 
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