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La communauté internationale a « abandonné le Yémen », selon des ONG

Lundi 27 Février 2023


Les pays donateurs ont promis 1,2 milliard de dollars pour secourir la population du Yémen, affamée et appauvrie par la guerre, au grand dam des organisations d’aide humanitaire qui en demandaient plus de quatre milliards.
 
« La communauté internationale a montré qu’elle avait abandonné le Yémen », a immédiatement accusé Erin Hutchinson, la responsable pour le Yémen de la très respectée ONG Norwegian Refugee Council. Cela démontre, selon elle, que « certains humains ont moins de valeur que d’autres ».  
 
Une claire allusion à la mobilisation massive des alliés de l’Ukraine, qui sont aussi, très souvent, les principaux pays donateurs d’aide humanitaire.
 
Les Nations unies – épaulées par la Suisse et la Suède – organisaient lundi à Genève (Suisse) la 7e conférence des donateurs pour le Yémen, en proie à un conflit dévastateur depuis 2014.

« Nous avons eu 31 promesses de don aujourd’hui et elles se montent à 1,2 milliard de dollars », a déclaré Martin Griffiths, qui gère les situations d’urgence à l’ONU. Et d’ajouter : « Si on pouvait atteindre les deux milliards d’ici à ce week-end, ce serait super ».
 
Il a rappelé qu’au cours de la précédente conférence de donateurs, l’année dernière, le montant promis initialement avait été à peu près le même et que finalement, devant la gravité de la situation, les pays avaient donné aux alentours de 2,2 milliards.
 
Avec seulement la moitié des fonds espérés, les agences d’aide humanitaire avaient dû réduire les rations alimentaires.  
 
Mais elles avaient aussi pu ramener le nombre des personnes au bord de la famine de plus de 150 000 à presque zéro.  
 
Pour la trentaine d’ONG internationales actives au Yémen et signataires d’un communiqué commun, « sans les fonds nécessaires, il sera impossible d’apporter une aide vitale pour ceux qui en ont le plus besoin. »
 
Les organisations d’aide espèrent toucher 17 millions de personnes cette année, sur les 21,7 millions qui ont besoin d’assistance au Yémen.
 
Une aide qui, selon les ONG, est d’autant plus indispensable qu’elle vient « à un moment charnière » pour le pays.
 
Espoir de paix
 
« Nous avons cette année une réelle opportunité de changer la trajectoire du Yémen et d’avancer vers la paix », a estimé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui avait fait le déplacement sur le bord du lac Léman.  
 
Le Yémen est en proie à un sanglant conflit qui oppose les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, au gouvernement internationalement reconnu, aidé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. En huit ans, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et poussé la population au bord de la famine.  
 
Un cessez-le-feu de six mois, qui a expiré en octobre, mais a permis de nettement réduire la violence, donne un peu d’« espoir pour l’avenir », a déclaré le chef de l’ONU.
 
« Pour mettre fin à la crise humanitaire, il faut commencer par mettre fin à la guerre », a exhorté le premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, qui était lui aussi à Genève.  
 
De nombreux participants à la conférence ont exigé un accès sans entrave de l’aide humanitaire et que les houthis abolissent les règles qui interdisent aux employées du secteur humanitaire de travailler sans être accompagnées par un homme.
 
« Question de vie ou de mort »
 
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a promis une aide de « plus de 444 millions de dollars » des États-Unis, portant leur contribution totale depuis le début de la guerre à plus de 5,4 milliards de dollars.
 
« Tant que les combats continueront, les souffrances continueront », a-t-il regretté dans un message vidéo, alors que « le Yémen a maintenant l’une des meilleures occasions de [parvenir à la] paix depuis le début de la guerre ».  
 
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a regretté que le monde ferme « trop souvent les yeux » sur le Yémen. L’Allemagne donnera 120 millions d’euros d’aide.
Martin Griffiths a quant à lui espéré que cette conférence serait la dernière.  
 
« Le fait est que la crise yéménite dure depuis trop longtemps, punissant des millions d’innocents qui n’en voulaient pas et qui méritent tellement mieux », a-t-il souligné. (AFP)
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