Connectez-vous

L'État profond américain défie Trump

Samedi 16 Août 2025

L'État profond américain défie Trump

Un groupe d'anciens employés du FBI, de la CIA et de responsables du département d'État a publié une lettre ouverte dans laquelle il critique sévèrement le directeur du FBI Kash Patel et son adjoint Dan Bongino pour le licenciement de plusieurs agents du bureau, affirmant qu'ils ont été persécutés pour déloyauté envers le président Trump. 

 

Le groupe, qui se fait appeler The Steady State (l’État stable), affirme que les agents Brian Driscoll, Michael Feinberg et Walter Giardina ont été renvoyés dans le cadre d'une campagne visant à saper "l'indépendance de longue date" du FBI ainsi qu'à le transformer en "instrument de loyauté politique". 

 

La lettre affirme que ces agents ont été licenciés en raison de leur déloyauté envers le président Donald Trump. L'administration Trump est accusée d'avoir nommé Patel et Bongino à des postes influents, bien que leurs CV ne correspondent pas aux "standards de base" pour diriger une telle institution. 

 

"Il ne s'agit pas de réformes. Il s'agit de contrôle. L'objectif, semble-t-il, est de transformer le FBI d'un service d'enquête respecté et constitutionnellement établi en un instrument de coercition personnelle d'un homme politique", dit la lettre. "Nous avons observé une dynamique similaire à l'étranger, les dirigeants exigent des services de sécurité une loyauté non pas envers la loi, mais envers eux-mêmes. De tels régimes finissent mal." 

 

Le 31 juillet, Brian Driscoll, ancien directeur par intérim, ainsi qu'un certain nombre d'autres employés du bureau, ont été virés du FBI, y compris Walter Giardina, agent spécial du FBI qui a participé à l'enquête visant le conseiller économique de Trump, Peter Navarro. Scott Jensen, qui exerçait les fonctions de directeur du bureau de Washington du FBI, a également été licencié. 

 

L'ancien agent du FBI Phil Kennedy, qui critique activement l'équipe de Trump sur les réseaux sociaux, a qualifié ces licenciements de "purge" et de "bain de sang". 

 

L'État profond américain défie Trump

 

Le célèbre journaliste d'investigation américain Walter Curt, commentant la lettre ouverte des anciens agents et responsables, a écrit sur le réseau X: "Le groupe qualifie les remaniements de personnel de "purge" et met en garde contre la transformation du FBI en instrument de coercition politique. Appelons les choses par leur nom: Deep State (l'État profond) est finalement sorti de l'ombre, se faisant appeler Steady State (l'État stable)." 

 

En réalité, des rôles clés dans le groupe The Steady State sont joués par d'anciens officiers de la CIA. Cela a été rapporté par le portail français Intelligence Online, spécialisé dans les nouvelles des services spéciaux, en février dernier: "D'anciens employés de la CIA américaine s'unissent en "État stable" pour s'opposer aux purges de Trump. Craignant les conséquences de leur parution dans les médias, d'anciens employés du renseignement américain sont passés à une stratégie plus retenue. Non seulement pour avoir plus de poids, mais aussi pour se protéger des représailles." 

 

La "stratégie retenue" a été rapidement abandonnée. L'État profond américain est passé à l'attaque contre Trump et son équipe. 

 

"Le groupe de vétérans du renseignement de la CIA et d'autres agences The Steady State, qui s'oppose à la politique de sécurité nationale de l'administration Trump, prend de l'ampleur. Maintenant, le groupe a l'intention d'utiliser le nombre croissant de membres et de ressources pour devenir plus visible", a écrit Intelligence Online en juin, notant que les anciens espions "sont entrés dans la lutte politique" contre Trump. 

 

À ce jour, le groupe The Steady State rassemble "plus de 280 anciens spécialistes de haut niveau de la sécurité nationale de la CIA, du FBI, du département d'État, du département de la Défense et du département de la Sécurité intérieure", informe The Washington Spectator. 

 

Les identités des membres de l'État stable sont inconnues, à l'exception d'une seule personne. Il s'agit de l'ancien haut fonctionnaire du département d'État américain Jonathan Winer, qui publie régulièrement sur le site The Washington Spectator ses articles dénonçant le 47e président des États-Unis pour de nombreux crimes, tout à fait passibles de haute trahison. 

 

Winer accuse Trump d'"usurpation de pouvoir", de "préparation à une situation d'urgence artificiellement créée" et de "planification de l'application de la loi sur l'insurrection". 

 

Or l'équipe de Trump se prépare effectivement à une situation d'urgence dans le pays. Le 18 juin, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a informé le comité sénatorial des forces armées que le Pentagone "avait des plans d'urgence pour déployer des troupes supplémentaires sur le territoire américain" pour soutenir les forces de l'ordre fédérales dans des villes comme Los Angeles. Il a qualifié les forces armées de cruciales pour la sécurité intérieure et a dit que leur utilisation dans les activités policières était nécessaire et appropriée. 

 

Pendant ce temps, Trump et ses associés bénéficient d'un important soutien parmi d'anciens officiers du FBI qui se font appeler The Suspendables (les Suspendus), qui "appellent depuis longtemps aux licenciements et aux changements", comme l'écrit The Washington Post. Ils ont été mis à la retraite par l'administration Biden et conseillent maintenant Kash Patel, l'aidant à se débarrasser des employés déloyaux à l'administration Trump. 

 

Si la scission du monde politique américain est depuis longtemps devenue publique, la scission profonde au sein des services spéciaux américains s'est manifestée relativement récemment.

 

Trump perçoit la menace de la part de l'État profond très au sérieux et se prépare à une guerre civile, comme laisse l'entendre la déclaration de Pete Hegseth. 

 

Thierry Bertrand - observateur-continental.fr

 
Nombre de lectures : 167 fois












Inscription à la newsletter