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« Ils/elles mordent la poussière, malgré leurs énormes avantages de départ » (Par Mody Niang)

Mardi 16 Avril 2024

L'essayiste et chroniqueur Mody NIANG
L'essayiste et chroniqueur Mody NIANG

Je débutais, et concluais souvent mes audios comme mes contributions par une prière, celle que notre Seigneur réinstalle la paix, la stabilité et fasse revenir la raison dans notre pauvre pays qui en avait tant besoin. J’étais d’ailleurs loin, très loin d’être seul dans cette prière, que nombre d’autres compatriotes, comme moi, formulaient au quotidien. Nous lui devons tous – sauf peut-être cette minorité que l’on devine  –  des remerciements insignes. Le 24 mars 2024, l’élection présidentielle a été organisée sans encombre, du moins sans encombre significatif, à la grande satisfaction de l’écrasante majorité des Sénégalaises et des Sénégalais. 

 

Dès le lendemain, les résultats du scrutin étaient connus et ne laissaient place à aucune contestation, des résultats qui ont formellement démenti les pronostics les plus hasardeux. Le candidat Diomaye/président, désigné par le président Ousmane Sonko, l’emportait dès le premier tour avec 54,28% des suffrages exprimés, contre 35,79, pour Amadou Ba, le pauvre candidat de cette coalition alors dite majoritaire, Bennoo Bokk Yaakaar. Ce maigre score comparé à tous leurs avantages de départ, a donné lieu de leur part comme d’autres à toutes formes de supputations, dont la plus répandue était que leur candidat n’a pas bénéficié du soutien de celui qui l’a désigné : le président-politicien d’alors. On note une incohérence notoire dans ce semblant d’explications. Toute la coalition lui avait donné le feu vert pour qu’il choisît le candidat le mieux placé pour gagner l’élection dès le premier tour. Il porta alors son choix sur Amadou Ba, en toute liberté. Pourquoi lui, s’il savait qu’il ne lui apporterait pas son soutien ? 

 

Il faut quand même que ce Macky Sall nous prenne au sérieux. Il est certainement mieux informé, beaucoup plus informé que nous. Cependant, il se trompe, s'il croit qu’il est aussi plus intelligent. Il savait parfaitement, se fondant sur des sondages qui lui parvenaient périodiquement, que son candidat n’avait aucune chance devant Ousmane Sonko ou le candidat qu’il aura désigné, après son élimination alors fort probable. Le très orgueilleux Macky Sall ne prendrait donc jamais le risque de s’impliquer fortement et publiquement dans un soutien à Amadou Ba qui, finalement, sera sèchement battu par Bassirou Diomaye Faye, en qui il ne verra qu’un Ousmane Sonko. C’est là toute la raison, et la seule, qui explique sa retenue par rapport à la candidature d’Amadou Ba. Toutes les autres explications sont des balivernes, en particulier celles selon lesquelles il souhaitait la défaite du candidat Ba, défaite face à celui de son ennemi juré, Ousmane Sonko. Ce souhait de sa part n’aurait vraiment aucun sens, à moins qu’il n’ait perdu entre-temps la raison, avec la forte pression intérieure comme extérieure, qui l’ont obligé à renoncer à la troisième candidature.

 

Le 2 avril 2024 donc, n’ayant pas le choix, il a passé le pouvoir à son remplaçant, et je ne souhaiterais pas être à sa place jour-là, qu’il n’oubliera jamais de toute sa vie. Ce jour-là, qui aura sa place indélébile dans l’histoire politique de notre pays et pour lequel nous félicitons vivement le brave peuple du Sénégal qui, avec son aussi brave jeunesse, nous a enfin débarrassés de cette famille dite libérale qui nous en a fait voir de toutes les couleurs en matière de mal gouvernance, depuis le 1er avril 2000. De mal gouvernance jalonnée de scandales de toutes sortes, aussi graves les uns que les autres, entretenus et nourris sans état d’âme par l’homme qui vient de nous quitter, respectant au moins cette fois-ci sa parole, celle qu’il ne ferait pas un jour de plus après la passation de service avec son successeur.

 

En effet, le même jour, il a quitté le pays, avec sa famille, à bord de l’avion de commandement, La Langue de Barbarie, gracieusement mis à sa disposition par le tout nouveau président de la République. Geste qui n’a pas d’ailleurs fait plaisir à tout le monde, qui serait surtout curieux de savoir tout ce qu’il y avait dedans. C’est vrai que le même geste avait été fait en faveur du président Diouf par son successeur le président Abdoulaye Wade. C’est vrai que, il faut bien le préciser, Abdou Diouf n’est pas Macky Sall, et Macky Sall n’est pas Abdou Diouf. Ce qu’il convient de signaler aussi – et c’est important –, il a voyagé avec ses « terroristes », ses « forces occultes/spéciales », ses salafistes et autres « malfaiteurs »,  fruits de son imagination et de celles de proches collaborateurs qui le poussaient toujours à croire à cette histoire rocambolesque. Cette histoire qui, sans la Volonté de notre Créateur, allait plonger notre pays dans un chaos dont personne ne pourrait imaginer où elle allait nous mener.

 

J’affirmais, dans mes audios comme dans mes contribution, que le jour où il quitterait le pays, ce serait, avec à bord, ses histoires de terroristes, de forces occultes et on ne sait quoi encore. J’ajoutais qu’on n’en n’entendra alors plus parler. Qui en entend parler depuis le 2 avril 2024 ? Combien de centaines, peut-être de milliers de militants ou seulement supposés de Pastef ont-ils été mis en prison pour plusieurs mois, voire plus d’un an, accusés des mêmes histoires ? Les huit chefs d’inculpation que le procureur de la République lisait consciencieusement les uns après les autres pour justifier l’arrestation d’Ousmane Sonko, et qui allaient plus tard alourdir ceux qui étaient déjà retenus contre Bassirou Diomaye Faye et Fadilou Kéïta, feraient plier et tomber Ousama Ben Laden. Bassirou Diomaye est aujourd’hui président de la République, Ousmane Sonko Premier ministre et Fadilou ne va pas tarder à occuper un poste important, à la hauteur de sa compétence et de son intégrité morale.

 

Enfin, je rappellerai que, invité par un média étranger, le président-politicien affirmait avec force, qu’il ne laisserait jamais le Sénégal entre les mains de salafistes et d’aventuriers qui le mettraient à feux et à sang. Comme si le pays était un héritage à lui, et à lui seul ! Comme si c’est à lui qu’il appartenait de choisir son successeur ! Depuis le 2 avril 2024, le pays est entre les mains des « terroristes » qu’il craignait, ou donnait l’impression de craindre le plus. Le pays est-il à feux et à sang ? Est-il dans le chaos ? Dans l’instabilité ? La ville de Touba est-elle perturbée, secouée, malmenée, anéantie ? Les populations de Touba seraient vraiment incohérentes, au point de voter massivement pour le candidat d’Ousmane Sonko qui a raflé les plus de six cents bureaux de la ville sainte ?

 

Oui, on peut légitimement se poser la question si on se rappelle l’entretien que Madiambal Diagne a eu avec Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké. Tous les Sénégalais devaient craindre Ousmane Sonko mais d’abord les populations de Touba. Car, si jamais il arrivait à ses fins, la ville sainte serait la première  à subir ses foudres de guerre. Il disait exactement en walaf : « Bis bu yéenem age, Tuuba lay njëkë nasaxal ». Je n’ai absolument rien inventé : j’ai cité exactement ce qu’il a dit, ou prétend avoir dit à Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre. Bientôt deux semaines après l’arrivée au pouvoir de Pastef et de son projet et en première ligne Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Que se passe-t-il à Touba, sinon la paix, le jámm et le salaam auxquels Khadim Rassoul a dédié une bonne partie de sa vie, contre vents et marées. Comment ce Ousmane Sonko que nous pratiquons depuis bientôt une dizaine d’années peut-il se fixer un tel objectif ?

 

Papa Alé Niang a l’habitude de dire que le mensonge ne trouve jamais suffisamment de temps pour voir ses cheveux devenir blancs. Exactement en walaf : « Fen du bejjaaw ». Nous l’illustrerons davantage dans notre prochaine contribution, où nous continuerons de tenter d’expliquer notre compréhension de la victoire éclatante et sans bavure du candidat d’Ousmane Sonko, face à la défaite humiliante de celui du président-politicien, qui ne fait plus partie de notre vie. Du moins, qui en fera partie jusqu’à ce que ses douze longues années de mal gouvernance et son lot de scandales soient systématiquement audités.

Dakar, le 15 avril 2024

Mody Niang

 
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