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Ghetto de Gaza - Des soignants décrivent des blessures « exceptionnellement graves » (Etude)

Vendredi 26 Septembre 2025

Des Palestiniens victimes des bombardements israéliens dans le Ghetto de Gaza
Des Palestiniens victimes des bombardements israéliens dans le Ghetto de Gaza

Les habitants de Gaza ont subi des blessures d’une gravité exceptionnellement élevée au cours des intenses bombardements d'Israël sur le territoire palestinien et en particulier sue les populations civiles, détaillent des médecins et infirmiers internationaux dans une étude publiée vendredi.

 

« Ils n’ont jamais vu pire », résume auprès de l’AFP le chirurgien britannique Omar El-Taji, principal auteur de cette étude publiée dans la revue médicale britannique BMJ et à laquelle ont participé près de 80 soignants.

 

La majorité d’entre eux a déjà travaillé dans le cadre de conflits. Mais cette étude témoigne de la violence exceptionnelle des frappes quotidiennes intensives de l'armée israélienne depuis bientôt deux ans sur le territoire palestinien. Elles ont causé un niveau de destruction particulièrement élevé, touchant en priorité les femmes, les enfants et les infrastructures civiles. 

 

Depuis le début du conflit, déclenché par une attaque meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, plus de 65 500 personnes, essentiellement des civils, ont été tués à Gaza, selon des chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugés fiables par l’ONU.  

 

L’étude du BMJ vise, elle, à donner une idée des blessures subies lors du conflit. Elle conclut que celles-ci sont « exceptionnellement graves », en particulier chez les civils, avec « un niveau de souffrance supérieur à celui enregistré lors des conflits de mémoire récente ».

 

Les médecins participants ont répondu à une enquête après avoir été déployés plus ou moins longtemps sur place – entre deux semaines et quatre mois – sur une période courant d’août 2024 à février 2025. Au total, ils ont catalogué 23 700 blessures traumatiques, dont 7000 directement causées par des armes.

 

Ces chiffres doivent être pris avec précaution, car ils sont forcément parcellaires, même s’ils correspondent globalement aux estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

 

Des brûlures gravissimes

 

L’intérêt porte surtout sur la nature des blessures recensées. Une proportion exceptionnellement élevée, notamment, provient d’explosions : plus de deux tiers de celles causées par des armes.

 

C’est plus du double du taux habituellement enregistré chez les civils lors de conflits récents, souligne l’étude. On peut comparer cette proportion à celle des blessures par explosions chez les soldats américains en Afghanistan et Irak, mais il s’agissait là de militaires formés au danger.

 

M. El-Taji a également mis en avant, auprès de l’AFP, la gravité et l’ampleur des brûlures observées : il rapporte lui-même avoir vu de nombreux enfants « dont les brûlures étaient si graves que l’on pouvait voir leurs muscles et leurs os ».

 

Au-delà des simples données, l’étude laisse par ailleurs la parole aux soignants pour témoigner des situations auxquelles ils ont été confrontés, dans un contexte où la majorité des infrastructures de santé ont été détruites et où l’accès des soignants au territoire est drastiquement limité.

 

« Le pire, c’était les mères qui nous demandaient de sauver leurs enfants déjà morts », rapporte un médecin. Réciproquement, d’autres font part d’idées suicidaires chez des enfants dont la famille était morte.

 

Cette part accordée aux témoignages donne un statut inhabituel à cette étude, par rapport au caractère très objectif des travaux habituellement publiés par les grandes revues médicales. Mais cela ne remet pas en cause son sérieux, selon des experts qui ont salué sa publication.

 

C’est un « travail très important », a jugé, auprès de l’AFP, le chercheur Anthony Bull, spécialiste des blessures de guerre à l’Imperial College of London. Il souligne que l’étude est probablement en dessous de la réalité, puisqu’elle n’inclut « que les personnes qui ont survécu assez longtemps pour voir un soignant ». [Avec AFP]

 

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