« Le Giaba veut changer les comportements (…) Mais nous ne pouvons arrêter personne » pour le livrer à des autorités nationales encore moins pour le mettre en prison. C’est par ces mots que le Dr Edwin Harris Jr, directeur général du Giaba, a mis fin à la première journée de la Session annuelle des ambassadeurs des Etats membres de la Cedeao et des partenaires techniques et financiers. Devant l’expansion des pratiques criminelles soutenues par des groupes organisés comme ceux qui sévissent dans le Sahel, le directeur général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest a appelé au sursaut les autorités politiques, les organisations de la société civile et les médias d’Afrique de l’Ouest.
En présence de plusieurs invités, notamment ambassadeurs et autorités de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), le Dr Edwin Harris a exhorté « chacun d’entre nous à continuer à soutenir (le) combat » contre les criminalités financières et transfrontalières qui sapent les fondements des économies de plusieurs pays ouest-africains. « Faisons entendre nos voix, exprimons-nous, levons-nous et agissons si nécessaire jusqu’à ce que chaque jalon soit franchi », a-t-il ajouté en direction de l’assistance.
Dans son intervention, le président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) du Sénégal a salué l’innovation du couplage de la session avec la présentation du rapport et le rendez-vous programmé avec la presse. Selon Mouhamadou Bamba Siby, « le rôle des médias est essentiel dans la lutte contre le blanchiment de capitaux », surtout lorsqu’il est corrélé avec les actions potentielles coordonnées des organisations de la société civile.
Ouverte le 26 août 2025 à Dakar pour deux jours, cette session du Giaba est couplée cette année avec la présentation du rapport 2024 et des séances d’échanges avec les médias nationaux et étrangers invités pour l’occasion.
Le Giaba est né en 2000 de la volonté des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dont il est une institution spécialisée. Sa création est autant une « réponse aux conséquences dévastatrices de la criminalité économique et financière » qu’« une démonstration claire de leur volonté politique de relever ces défis (…) et de soutenir la lutte mondiale contre ces fléaux »dans cette partie du continent africain, a précisé Edwin Harris.
Le DG du Giaba a rappelé que l’institution communautaire spécialisée continue de « coordonner et de stimuler la coopération nationale, régionale, et internationale afin de renforcer les capacités d’intervention des parties prenantes. » A ce titre, les pouvoirs judiciaires sont concernés au premier chef.
Muazu Umaru, directeur des politiques et de la recherche, a présenté la question de la spécialisation des procureurs et des juges comme une nécessité essentielle pour l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et les phénomènes qui leur sont connexes. Alors que les tribunaux croulent sous le poids d’affaires civiles et pénales de toutes sortes, il a plaidé pour la mise en oeuvre de programmes d’où sortiraient des juges dédiés aux questions spécifiques à la LBC/FT. Un objectif d’autant plus urgent à atteindre que, remarque Muazu Umaru, la question des preuves se pose avec acuité lorsqu’il s’agit de juger des cas de financement du terrorisme ou de blanchiment de capitaux.
« En général, les juges, avec leurs lacunes et leurs faiblesses, ne sont pas encore bien outillés pour travailler, par exemple, sur le financement du terrorisme », reconnait Jeffrey Isima, directeur de l’évaluation et de la conformité du Giaba.
Muazu Umaru a présenté le déficit de volonté politique comme un « défi fondamental » à relever, un écueil à franchir pour promouvoir les changements législatifs et corriger le manque de capacités de Etats membres à répondre aux équations que leur pose le financement du terrorisme.
Le Giaba est né en 2000 de la volonté des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dont il est une institution spécialisée. Sa création est autant une « réponse aux conséquences dévastatrices de la criminalité économique et financière » qu’« une démonstration claire de leur volonté politique de relever ces défis (…) et de soutenir la lutte mondiale contre ces fléaux »dans cette partie du continent africain, a précisé son directeur général.
Les points saillants du rapport 2024 du Giaba concernent la circulation monétaire non contrôlée à travers les systèmes de transfert d’argent, les flux financiers illicites (FFI) qui traversent les institutions financières pour atterrir dans des comptes loges dans les paradis fiscaux, le développement peu ou pas surveillé des EPNFD (Entreprises et professions non financières désignées) qui profitent d’une « supervision réglementaire juges faible pour le moment, ce qui est le cas pour les casinos, agences immobilières, etc. Les niveaux de complexités des circuits de blanchiment sont de plus en plus sophistiqués, permettant à des compagnies de cacher leurs bénéficiaires effectifs.
Selon Emile Mendy, chargé de la recherche et de la documentation au Giaba, une coopération régionale renforcée entre les Etats membres de la Cedeao s’impose afin que les environnements judiciaires nationaux se hissent, en termes de réaction, au niveau des capacités de nuisance développées par les groupes criminels subsahariens sur les économies des pays de la région. Mais dans tous les cas, ce sont les pressions de la société civile et des médias qui, seules, peuvent contraindre les autorités de lutte contre contre la corruption à agir « pour changer les choses », assure Jeffrey Isima.






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