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GAMES OF THRONES : les 7 couronnes des législatives du 30 juillet

Jeudi 13 Juillet 2017

Le 30 juillet 2017 le Sénégal va organiser sa 13ème législature, une assemblée, à mon humble avis, qui sera comme les autres assemblées: le pouvoir va être majoritaire et l’opposition jouera son rôle sans influencer la marche de l’institution.


GAMES OF THRONES : les 7 couronnes des législatives du 30 juillet
Par Cheikh Ahmed Bamba Diagne
 
Cependant, ces élections ont une particularité : ce n’est pas seulement le passage de l’arène à l’agora, mais justement les derniers scrutins avant l’élection présidentielle de 2019. C’est comme ce qu’on appelle en Formule 1 une course de qualification en vue de déterminer les pôles positions avant la course proprement dite. Ainsi, allons-nous assister à des combats dans le COMBAT. Nous allons en énumérer 7.
 
1er combat : la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) aura-t-elle 51% des votants ?
 
Si j’ai un conseil à donner à un Président de la République, c’est de se méfier des élections surtout après 3 ans de gestion: la théorie de l’usure du pouvoir. C’est la deuxième fois qu’on assiste à une situation pareille avec deux élections législatives sur un mandat présidentiel. La première fois, c’était lors du troisième mandat du Président Abdou Diouf (1993-2000) durant lequel on a organisé deux élections législatives (mai 1993 et mai 1998) et où le PS est passé de 56,56% à 50,19%, avant de perdre l’élection présidentielle de 2000.
 
Après avoir gagné les élections législatives de 2001, sous la bannière de la coalition SOPI (avec 49,6 %), Abdoulaye Wade a cherché et trouvé le prétexte des inondations pour ne pas organiser une autre législative en 2006. Par contre, Macky Sall, avec sa coalition BBY, gagne en 2012 les élections avec 53,06 %.
 
Ainsi, en renonçant à sa promesse de réduire son mandat de sept à cinq ans, il se retrouve dans la situation d’Abdou Diouf en 1998. Autrement dit, il est dans l’obligation d’organiser des élections législatives deux ans avant la présidentielle de 2019. Dès lors, la coalition BBY est obligée de faire un score supérieur à 51% de l’électorat, si elle veut réélire Macky SALL en 2019.
 
2èmecombat: la bataille de la 2e place - Mankoo de Idy-Khalifa Vs Wattu de Abdoulaye-Karim Wade
 
Tous les Sénégalais attendaient une grande coalition de l’opposition contre BBY, mais à la dernière minute il y a eu un éclatement qui présage maintenant d’une victoire en termes de nombre de députés de la coalition au pouvoir du fait des listes majoritaires ou « raw gaddu ».
 
Dès lors, la question de la motivation des leaders de ces deux coalitions se pose car des deux côtés, une majorité à l’assemblée nationale serait une aubaine pour amnistier Karim Meissa Wade et blanchir Khalifa Sall. Donc s’ils renoncent à cet instrument, c’est certainement pour gagner des suffrages leur permettant d’avoir une pôle position en 2019. Et qui sera 2ème (chef de l’opposition) entre Abdoulaye Wade (fils exilé) et Khalifa Sall (en prison).
 
Si Mankoo gagne, pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, le PDS et sa coalition n’occuperont ni la première ni la deuxième place, ce qui confirmera la fin d’une époque politique (PS-PDS) et une nouvelle recomposition de la scène politique sénégalaise. Les leaders de Mankoo (Idrissa Seck, Malick Gackou et Khalifa Sall), de la même génération que l’actuel Président de la République, auraient le temps de se préparer pour 2019 et Karim pourrait bien rester au Qatar pour de bon.
 
Et si la coalition Wattu gagne, le leadership des Wade dans l’opposition se confirmerait et le PDS resterait une alternative crédible en 2019. Ainsi, Karim Wade serait la bienvenue et la recomposition du grand PDS se ferait.
 
3èmecombat: la nouvelle offre politique - Ousmane Sonko Vs Abdoul Mbaye
 
Deux hommes politiques crédibilisés par le pouvoir de Macky Sall, ils n’ont pas de passé politique et cherchent un avenir politique à court terme. Ousmane Sonko et Abdoul Mbaye sont créés différemment et d’une manière impertinente par le régime en place. Comme dans les années 2000, le pouvoir pense que la meilleure façon de lutter contre un adversaire, c’est de le radier ou de le lyncher (par exemple Wade-Idy, Wade-Macky).
 
Mais entre ces deux leaders, il y a une compétition saine et très intéressante. Celui qui arrivera en tête en termes de voix dans ces législatives pourrait être une alternative crédible aux hommes politiques classiques, pour la présidentielle de 2019, s’il parvient à décrocher le soutien de l’autre.
 
4ème combat: la bataille des grandes Dames - AissataTall Sall Vs Aida Mbodj
 
Ces deux femmes têtes de liste représentent deux réalités politiques similaires, l’une socialiste et l’autre libérale, qui pouvaient être députés dans toutes les listes présentées par l’opposition représentative. Dès lors, la question qu’on se pose, c’est pourquoi elles ont créé leurs propres listes et courent ainsi le risque d’avoir au plus un député ? Qu’est-ce qu’elles cherchent réellement ?
 
Les scores de ces deux grandes dames sont extrêmement importants, elles pourraient sûrement battre les records de voix obtenues jadis par des femmes qui furent candidates à des élections présidentielles et législatives antérieures. Laquelle des deux sera devant l’autre ? Les résultats de ces législatives nous édifieront davantage, mais une chose est certaine : de leur score et de la répartition des suffrages portés sur elles à l’échelle du territoire national et à l’étranger, dépendra la survie de leurs ambitions présidentielles.
 
5ème combat: la bataille de Dakar - Khalifa Sall Vs Amadou Ba
 
D’un côté, on a Khalifa Sall, maire de Dakar et homme fort de Grand Yoff (quartier populeux de Dakar) qui, même tête de liste nationale de la coalition Mankoo, sera comptable du résultat de Dakar, malgré sa situation inédite de « candidat-détenu » qui en fait l’absent le plus présent de la campagne dans la capitale.
 
De l’autre côté, on a Amadou Ba, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan et nouvel homme fort des Parcelles-assainies (quartier tout aussi populeux de Dakar), qui dirige la très convoitée liste départementale de la coalition Benno Bokk Yakaar.
 
Sa fortune présumée et son apport victorieux lors du dernier référendum demeure un atout majeur qui, en cas de victoire et donc de reconquête de la capitale perdue, pourrait lui offrir un nouveau leadership dans le parti présidentiel voire dans le gouvernement. Néanmoins, une autre défaite pourrait être de trop pour lui et son Président dans la perspective de 2019.
 
6ème combat: la bataille de la banlieue sans la famille du Président
 
Aliou Sall, frère du Président et maire de Guédiawaye, et Abdoulaye Timbo, oncle du Président et maire de Pikine, ne sont pas investis. Voilà les deux plus grands gagnants des élections surtout contre le leader du Grand parti, Malick Gackou. Si BBY perd à Guédiawaye, Aliou Sall rira sous cap en se disant: c’est parce que vous avez décidé de ne pas m’investir en tant qu’homme fort de la banlieue que la coalition a perdu.
 
A contrario si BBY gagne, Aliou Sall pourra ridiculiser publiquement Malick Gackou en pensant: même sans leur général, mes troupes ont réussi à écraser l’adversaire. Il pourrait dès lors s’autoproclamer définitivement comme le maître de la banlieue. Son aura irait crescendo en même temps que les accusations sur les ambitions inavouées qu’on lui prête.  
 
7ème combat: les «Macky compatibles» et les «Macky impossibles»
 
Quelle que soit l’issue des élections législatives, le résultat le plus important pour le Président de la République Macky Sall est le poids électoral de ceux qui peuvent être avec lui en 2019 et celui de ceux qui seront contre lui. Une bonne lecture de la situation politique montre deux catégories d’opposants.
 
Ceux qui sont viscéralement contre la politique de Macky Sall (Macky impossibles) à  l’instar des Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Abdou Mbaye, Khalifa Sall, Malick Gackou… Et ceux qui ménagent d’une manière diplomatique le Président ou qui posent des actes douteux d’un opposant (Macky compatibles).
 
On attendra donc l’issue de ces législatives palpitantes pour faire tomber les masques avec un gouvernement d’union nationale.
 
 
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1.Posté par DF le 16/07/2017 19:33
Belle analyse de la situation politique actuelle mon chèr Professeur.

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