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Fuites dans l’armée allemande - La Russie dénonce « l’implication directe » de l’Occident en Ukraine

Lundi 4 Mars 2024

Moscou a dénoncé lundi « l’implication directe » des Occidentaux en Ukraine après la diffusion sur les réseaux sociaux, à partir de la Russie, d’échanges entre officiers allemands sur de possibles livraisons d’armes à Kyiv pour des frappes contre des cibles russes.

 

La diffusion vendredi de l’enregistrement audio d’une récente visioconférence entre officiers allemands de haut rang a provoqué une crise entre l’Allemagne et Moscou et un choc à Berlin.

 

Ces échanges, dont l’authenticité a été confirmée par les autorités allemandes, montrent « une fois de plus l’implication directe de l’Occident collectif dans le conflit en Ukraine », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

 

Leur diffusion sur les réseaux sociaux « est une tentative transparente des Russes pour semer la discorde » parmi les Occidentaux, a de son côté dénoncé un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby. Avant de lancer : « Nous n’allons pas plier devant cette tentative […]. Nous travaillons tous ensemble pour essayer de soutenir l’Ukraine ».

 

Dans cette conversation, les participants parlent notamment de l’hypothèse de la fourniture à Kyiv des missiles de longue portée Taurus, de fabrication allemande, de ce qui serait nécessaire aux forces ukrainiennes pour les utiliser et de leur impact éventuel.

 

Son contenu est très embarrassant pour l’Allemagne car Berlin refuse officiellement de livrer des Taurus à l’Ukraine, arguant d’un risque d’escalade dans le conflit.

 

Pont de Crimée

 

Les participants évoquent aussi le scénario de frappes contre le pont de Crimée reliant cette péninsule annexée par Moscou en 2014 au territoire russe, l’un d’eux soulignant qu’il faudrait entre 10 et 20 missiles pour en venir à bout.

 

« L’enregistrement lui-même témoigne [du fait] qu’au sein de la Bundeswehr [l’armée allemande, NDLR], on discute de manière détaillée et concrète de projets d’effectuer des frappes contre le territoire russe », a déploré lundi Dmitri Peskov.

 

Les déclarations du porte-parole du Kremlin sont intervenues tandis que l’ambassadeur d’Allemagne, Alexander Graf Lambsdorff, s’est rendu lundi matin au ministère russe des Affaires étrangères.

 

Il a quitté le ministère sans faire de commentaires, après y avoir passé un peu plus d’une heure, selon les médias russes. Le gouvernement allemand a précisé qu’il n’avait pas été convoqué mais qu’il s’agissait d’un entretien prévu de longue date.

 

Dans un communiqué diffusé en fin de journée, la diplomatie russe a affirmé avoir demandé à l’ambassadeur des « explications » sur les livraisons évoquées de missiles Taurus.  

 

Elle a aussi dénoncé auprès de l’ambassadeur « le caractère inacceptable de tentatives des autorités allemandes d’entraver les activités de journalistes russes en Allemagne », promettant « une réponse sévère ».

 

Berlin accuse pour sa part régulièrement la Russie d’orchestrer des campagnes de désinformation et de propagande prorusses.

 

« Très mauvais »

 

Dès samedi, le gouvernement allemand a confirmé que l’enregistrement était authentique et qu’il avait été « intercepté ». Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis une enquête « très approfondie » et « très rapide » sur la publication de ces informations.

 

« J’espère que nous pourrons apprendre d’une manière ou d’une autre […] à quoi cette enquête a abouti », a commenté lundi M. Peskov.

 

« Il faut établir bien évidemment si la Bundeswehr le fait de sa propre initiative. Et alors la question est de savoir à quel point la Bundeswehr est contrôlable et à quel point M. Scholz contrôle tout cela ou bien si cela fait partie d’une politique de l’État allemand », a-t-il poursuivi.

 

« Dans les deux cas, c’est très mauvais », a conclu le porte-parole du Kremlin.

 

Pour sa part, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a accusé dimanche le président Vladimir Poutine de chercher à « déstabiliser » l’Allemagne avec l’interception d’échanges militaires confidentiels sur l’Ukraine.

 

Cela « fait partie d’une guerre de l’information que Poutine mène », a-t-il affirmé, « il s’agit clairement de saper notre unité […], de semer la division politique sur le plan intérieur et j’espère sincèrement que Poutine n’y parviendra pas ».

 

Selon le magazine Der Spiegel, la visioconférence a eu lieu via la plateforme publique WebEx et non sur un réseau interne ultra-sécurisé de la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande. Et l’un des officiers se trouvait dans un hôtel de Singapour, dont la chambre pourrait avoir renfermé des micros, d’après certains médias.

 

Le contre-espionnage militaire allemand devra déterminer si « la bonne plateforme a été choisie » pour la conversation, a reconnu M. Pistorius. [AFP]

 
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