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FORUM MONDIAL DE L’EAU A DAKAR : Des voix discordantes, un contre-sommet en gestation dans la société civile

Mardi 8 Octobre 2019

Serigne Sarr, membre de la société civile sénégalaise opposée à la tenue du Forum mondial de l'Eau à Dakar
Serigne Sarr, membre de la société civile sénégalaise opposée à la tenue du Forum mondial de l'Eau à Dakar
Faut-il payer 2,6 milliards de francs Cfa pour abriter un sommet mondial sur l’eau ? La question divise au sein même de la société civile sénégalaise. La question ne lui a pas été posée mais pour Amacodou Diouf, président du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement, cet événement est «un enjeu du peuple sénégalais tout entier, qu’il s’agisse des communautés de base, des organisations de la société civile ou encore du secteur privé comme de la partie gouvernementale», avait-il indiqué à nos confrères de l’APS en juin dernier.
 
Espérant un «plaidoyer au niveau international» autour des sujets de l’eau et de l’assainissement, le patron du Congad juge «extrêmement important que la société civile soit prête afin de donner des documents de position, mais aussi de mener une réflexion stratégique qui pourrait renforcer la position gouvernementale…» D’où son appel à «travailler dans une dynamique de production-pays qui permette à ce que le peuple sénégalais se retrouve à travers des politiques d’eau et d’assainissement pour l’avenir de nos enfants», a affirmé M. Diouf.
 
A des milliers d’année-lumière, un autre son de cloche émane d’une société civile plutôt spécialisée dans le domaine. Serigne Sarr, président de l’Association pour la défense des droits à l’eau et à l’assainissement (Addea), la tenue du Forum est un non sens absolu.
 
«Nous sommes contre l’organisation du Forum car le Sénégal a franchement d’autres priorités concrètes relatives à l’eau et à l’assainissement au lieu de dépenser plusieurs milliards de francs…», peste-t-il, s’insurgeant au passage contre les «fausses promesses» de rentabilité avancées par les organisateurs. «Les prétendues retombées financières attendues de cet événement ressemblent à des mirages. Le Sommet organisé par le Brésil, par exemple, fut un échec total sur ce plan car seuls 17% des investissements réalisés ont pu être récupérés», explique Serigne Sarr. 
 
Dénonçant la «posture illégitime» du Conseil mondial de l’eau WWC), association française de type privé, à organiser une Forum mondial de l’eau, de même que ses accointances avec les mastodontes du secteur comme Suez et Veolia, le président de l’Addea fustige des «formes d’appropriation privée et de marchandisation» qui, dans la doctrine du WWC, sont «le seul moyen efficace de résoudre la crise mondiale de l’accès à l’eau alors que la situation est aggravée par la croissance démographique et le réchauffement climatique.»
 
Il est clair, de son point de vue, que «les solutions de marché, mises en œuvre depuis plus de trente ans selon ces principes, n’ont pas fait progresser le droit humain effectif à l’accès à l’eau, y compris dans les pays du Nord ». En gestation, annonce Serigne Sarr, se profile la tenue d’un sommet parallèle sous forme de «Forum alternatif mondial de l’eau», un rendez-vous qui «pourrait aider à établir un échange universel d’expériences au bénéfice du mouvement mondial de l’eau».
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