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Erdogan veut «remettre sur les rails» les relations avec l’Europe

Mardi 12 Janvier 2021

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit mardi prêt à «remettre sur les rails» les relations entre la Turquie et l’Union européenne, traversées par de fortes tensions sur de nombreux dossiers, notamment l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale.
 
Rompant avec le langage incendiaire dont il use souvent à l’endroit des dirigeants européens, Erdogan a fait ce geste d’ouverture dans un discours devant les ambassadeurs des pays de l’UE en Turquie qu’il a reçus au complexe présidentiel à Ankara. «Nous sommes prêts à remettre nos relations sur les rails», a déclaré Erdogan, ajoutant: «nos amis Européens montreront la même volonté».
 
Depuis plusieurs semaines, les responsables turcs multiplient les appels au dialogue avec les Européens pour régler les sujets de tension, qui, outre la dispute maritime gréco-turque en Méditerranée orientale, portent notamment sur le rôle de la Turquie dans les conflits en Syrie, en Libye et plus récemment au Nagorny Karabakh.
 
Possible durcissement américain
 
Cette apparente volonté d’apaisement survient alors qu’Ankara s’inquiète d’un possible durcissement américain à son égard, avec la prochaine entrée en fonction d’une nouvelle administration démocrate à Washington, et de se voir imposer des sanctions plus lourdes par l’UE, susceptibles de plomber davantage l’économie turque. En décembre, les dirigeants de l’Union européenne, réunis en sommet à Bruxelles, ont décidé de sanctionner les actions «illégales et agressives» de la Turquie en Méditerranée contre la Grèce et Chypre.
 
Le sommet de l’UE s’est contenté d’adopter des sanctions individuelles censées viser des personnes impliquées dans les activités d’exploration menées par la Turquie en Méditerranée orientale et épargnant donc à ce stade des secteurs d’activité de l’économie turque.
 
Ces travaux d’exploration gazière menés par la Turquie dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre étaient depuis des mois au centre de tensions. La crise s’est intensifiée avec le déploiement en août par la Turquie du navire de recherche sismique Oruç Reis dans les zones disputées.
 
«Faire de 2021 une année de succès pour les relations entre l’UE et la Turquie est à notre portée. Nous pouvons y arriver en travaillant avec une vision à long terme, loin des préjugés et des appréhensions», a encore déclaré M. Erdogan.
 
«Une nouvelle page»
 
Et il a demandé aux diplomates leur «soutien» pour «ouvrir une nouvelle page dans les relations entre la Turquie et l’Union européenne».
 
Ses déclarations surviennent au lendemain de l’annonce de la reprise, le 25 janvier à Istanbul, des discussions exploratoires entre la Turquie et la Grèce en vue de régler leur dispute au sujet de l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale.
 
Bien que le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE lancé en 2005 soit au point mort depuis plusieurs années, M. Erdogan a répété que son pays ambitionnait toujours de faire partie du bloc, estimant que le départ du Royaume-Uni pourrait jouer en faveur d’Ankara. «L’incertitude créée par le Brexit pourrait être surmontée si la Turquie prend la place qu’elle mérite au sein de la famille de l’UE», a-t-il dit.
 
Pour tenter d’apaiser les tensions avec l’UE, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu est attendu le 21 janvier à Bruxelles. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen et le président du Conseil, Charles Michel, sont à leur tour attendus en Turquie fin janvier, selon M. Erdogan.
 
Outre les contentieux entre la Turquie et l’UE en tant que bloc, Erdogan a évoqué lors de son discours les relations particulièrement tendues entre Ankara et Paris et émit le vœu d’une prochaine normalisation.
 
Tensions entre Ankara et Paris
 
Les tensions entre les deux pays ont été exacerbées en octobre lorsque Erdogan a mis en cause la «santé mentale» du président français Emmanuel Macron, l’accusant de mener une «campagne de haine» contre l’islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet, et pour son discours contre le «séparatisme» islamiste en France.
 
«Nous voulons sauver nos relations avec la France, qui est notre voisin car c’est un pays riverain de la Méditerranée, de cette phase de tensions», a assuré M. Erdogan.
 
Parlant à Bruxelles, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a estimé que «la fermeté de l’UE (à l’égard de la Turquie) porte des fruits».
 
«Nous enregistrons des signaux et des déclarations de la Turquie Nous en acceptons l’augure. Voyons s’ils se concrétisent», a-t-il ajouté. (AFP)
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