Après le discours de politique générale du nouveau Premier ministre Michel Barnier, mardi 1er octobre, et à l'issue duquel celui-ci ne s'est pas soumis à un vote de confiance, les chefs de groupe ont pris la parole tour à tour à l’Assemblée nationale.
Mardi 1er octobre, Michel Barnier donnait son très attendu discours de politique générale. Pressé par toute la classe politique de faire connaitre les grandes lignes de la politique qu’il compte mener depuis Matignon, le Premier ministre a évoqué les mesures qu’il comptait mettre en œuvre sur la fiscalité, l’immigration, le pouvoir d’achat, la sécurité et l’écologie notamment. Dans la foulée, ce sont les chefs des différents groupes parlementaires qui ont réagi.
À l'issue d'une heure et demie de discours de politique générale, c'est Marine Le Pen qui a pris la parole en premier à l’Assemblée nationale pour répondre à Michel Barnier. Et malgré de nombreuses critiques envers le nouveau gouvernement, elle a annoncé que le Rassemblement national ne voterait "a priori" pas la motion de censure que les quatre groupes de gauche ont prévu de déposer dans les jours à venir.
A droite comme à gauche, on dénonce un gouvernement qui serait le résultat de « combines »
Ceci ne l'a pour autant pas empêché de dénoncer les "arrangements, désistements et combines" ayant mené à la nomination de Michel Barnier et à la coalition entre la Droite républicaine et le groupe présidentiel. Marine Le Pen a également tancé les annonces du Premier ministre, l’interrogeant même : "Qu’allez-vous faire de sérieux ?" La cheffe de file des députés RN a regretté le "peu de solutions" proposées par le locataire de Matignon dans son discours.
Même son de cloches à gauche, avec plus de virulence, où Mathilde Panot (LFI) comme Boris Vallaud (PS) ont respectivement fustigé une "grave faute politique et institutionnelle" en la nomination de Michel Barnier et de son gouvernement, et un acharnement du Président Macron à "nier" le résultat des élections, lors desquelles le Nouveau front populaire est arrivé en tête au second tour.
La présidente des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, est même allée encore plus loin : "Ni vous, ni vos ministres n’avez une légitimité", a-t-elle lancé. Mathilde Panot avait également attaqué le Premier ministre sur sa "légitimité démocratique", déclarant que son parti ne craignait nullement Michel Barnier.
De son côté, l’allié de Marine Le Pen, Eric Ciotti, a fustigé les annonces de hausses d’impôts du Premier ministre. "La France est le cœur de l’enfer fiscal", a-t-il asséné.
Des soutiens du gouvernement sur leurs gardes
Si chez Ensemble et les Républicains, les prises de paroles ont logiquement été plus mesurées, Gabriel Attal et Laurent Wauquiez n'y sont pas non plus allés de main morte. Le premier a notamment raillé la volonté affichée de Michel Barnier d'augmenter les impôts pour combler le déficit public.
Le chef de file des députés Ensemble à l'Assemblée a également signifié à son successeur qu'il ne bénéficierait pas de son soutien inconditionnel : "Aucun soutien ne peut se tenir pour acquis, car chaque majorité se forge pas à pas en rassemblant largement avec une méthode qui associe et qui n’exclut pas les partenaires de bonne volonté."
De son côté, Laurent Wauquiez a lui pris le parti de soutenir "Monsieur le Premier ministre pour mener la politique dont notre pays a besoin", à condition que celle-ci soit une "politique de changement". De plus, s'il a affirmé que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, bénéficierait de "la totalité du soutien" du groupe républicain à l’Assemblée, il n'a pas hésité à critiquer la gestion budgétaire et migratoire du gouvernement précédent.
Michel Barnier et son équipe devront donc tenter de forger des alliances de projet. A l'image de celle proposée par Marine Le Pen, qui a demandé au Premier ministre à déposer un projet de loi sur l’immigration "reprenant a minima les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel en janvier". [6Medias]