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Crise politique au Togo: des milliers de manifestants à Lomé

Mercredi 29 Novembre 2017

Lomé - Des milliers de personnes sont une nouvelle fois descendues dans les rues de la capitale togolaise mercredi à l'appel de l'opposition, en amont du dialogue politique promis par le pouvoir, qui fait face à une contestation populaire depuis trois mois.

Cette nouvelle mobilisation se veut aussi une démonstration de force, alors que le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé s'est rendu dans la matinée à Abidjan pour assister au sommet Europe/Afrique, où Emmanuel Macron, le président français, s'est exprimé brievement sur la crise dans la soirée.

"La mobilisation va se poursuivre, même en plein dialogue. Nous n'allons pas abandonner la lutte", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Fabre, leader de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) et opposant historique, en tête du cortège.

Selon une source interrogée par l'AFP à Sokodé, deuxième ville du pays, où les manifestations étaient interdites pour des raisons de sécurité, les rues étaient calmes.

Beaucoup de jeunes, qui avaient fui dans la brousse pour échapper aux précédentes répressions, ne sont toujours pas rentrés dans leur foyer, selon cet habitant, qui affirme que "les arrestations se poursuivent de temps à autre".

Une coalition de 14 partis d'opposition organise des manifestations quasi hebdomadaires depuis le début du mois de septembre pour demander une limitation rétroactive du mandat présidentiel et la démission du président Gnassingbé.

La semaine dernière, ce dernier avait fait savoir qu'un dialogue avec l'opposition devrait avoir lieu "d'ici à quelques semaines".

Le chef de l'Etat est à la tête du Togo depuis 2005, succédant à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans.

D'autres marches sont prévues jeudi et samedi dans tout le pays.

Les manifestants espèrent que la grave crise politique qui secoue ce petit pays d'Afrique de l'Ouest sera à l'ordre du jour des discussions entre dirigeants au sommet UE-Afrique.

"Je souhaiterais (...) que les chefs d'Etat, et notamment français, s'impliquent personnellement et parle en tête-à-tête avec Faure Gnassingbé", a confié Abla, une étudiante de Lomé, durant la marche.

Aucune rencontre bilatérale n'a été pour l'instant été annoncée entre Emmanuel Macron et son homologue togolais, mais Franck Paris, l'un des porte-parole de l'Elysée, a assuré la semaine dernière que "le Togo serait un sujet important de ses entretiens sur place".

Interrogé par France 24 et Radio France Internationale (RFI) sur la crise au Togo, Emmanuel Macron a dit souhaiter que "le peuple puisse s'exprimer librement".

"Je souhaite qu'il puisse y avoir un processus électoral (...) qui permette une confirmation démocratique ou une alternance du pouvoir", a-t-il déclaré, soulignant les efforts du président guinéen Alpha Condé pour engager le dialogue entre les différentes parties.

Des tractations sont en cours également avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, que M. Macron rencontrera jeudi, lors de la dernière étape de sa tournée africaine à Accra.

Les manifestations des dernières semaines ont fait au moins 16 morts - dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule - et de nombreux blessés au cours d'affrontements avec les forces de l'ordre, notamment dans le nord du pays.
 
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