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Coronavirus: Jérôme Salomon défend son bilan devant la commission d'enquête

Mardi 16 Juin 2020

Masques, tests, préparation du pays aux crises sanitaires... Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a défendu mardi pied à pied la stratégie des autorités devant la commission d'enquête parlementaire destinée à "tirer les leçons" de la crise du coronavirus.
 
"Le monde entier a été surpris par cette crise inédite, massive, brutale, mondiale", a-t-il souligné à l'Assemblée nationale, assurant qu'aucun pays ne pouvait "se targuer d'avoir été prêt et d'avoir parfaitement géré cette pandémie".
 
Il a néanmoins dit vouloir "tirer toutes les leçons en toute humilité", pour se préparer à une éventuelle "deuxième vague".
 
Avec près de 30.000 décès provoqués par le Covid-19, la France accuse le 5e bilan le plus lourd au monde.
 
Le spécialiste des maladies infectieuses, un des visages de la crise sanitaire avec ses points presse quotidiens, ouvrait le bal des auditions d'une commission qui ne sera "ni un tribunal populaire ni un feuilleton télévisé", a répété en ouverture sa présidente Brigitte Bourguignon (LREM), également présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée.
 
Beaucoup de questions ont tourné autour des masques, "au coeur des interrogations de nos concitoyens et des soignants", selon Eric Ciotti, député (LR) des Alpes maritimes et rapporteur de la commission.
 
Jérôme Salomon a retracé la chronologie des stocks stratégiques d'Etat de ces équipements de protection, commandés massivement au moment de la menace de grippe H1N1 puis détruits en partie après un audit de 2017 ayant conclu au mauvais état d'une majorité d'entre eux.
 
Une commande de 100 millions de masques est alors passée fin 2018, avec décision d'évoluer "vers un stock dynamique, tournant", plutôt qu'un stock massif "dormant".
 
- "Nous avons suivi les recommandations" -
 
Mais avec l'irruption de la pandémie en France, les besoins pour les soignants sont passés brutalement de 3 à 5 millions par semaine à 30 voire 40 millions, alors que tous les pays voyaient aussi leurs besoins augmenter et que le principal pays producteur, la Chine, voyait son économie paralysée, a-t-il souligné.
 
Quant aux masques pour le grand public, "nous avons toujours suivi les recommandations internationales", notamment de l'OMS, a assuré le directeur général de la Santé, accusé par Jean-Christophe Lagarde (UDI) de "mensonge d Etat" pour avoir assuré le 18 mars qu'il n'y avait "pas de sens à porter ce masque" dans la rue "pour les personnes non contaminées".
 
Concernant les tests de dépistage, il a défendu l'arrêt du dépistage systématique le 14 mars au profit d'une "surveillance syndromique" et d'un diagnostic basé sur les symptômes, expliquant que cela ne changeait rien à la prise en charge des patients.
Selon lui, l'invitation de l'OMS le 16 mars à "teste(r) chaque cas suspect de Covid" visait plutôt les pays "qui n'avaient pas accès aux tests" à ce moment-là.
 
Jérôme Salomon a par ailleurs assuré qu'"aucune décision nationale" n'avait été prise concernant l'hospitalisation des résidents d'Ehpad atteints de coronavirus, mais qu'il s'était toujours agi d'une "démarche individuelle des équipes médicales".
Il a aussi affirmé avoir promu une "culture de la prévention, de l'anticipation et de la gestion des risques" depuis son arrivée au ministère.
 
La commission entendra mercredi l'ancien patron de Santé publique France François Bourdillon et Geneviève Chêne, qui lui a succédé en novembre. Suivra, jeudi, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, dont les avis ont incité le gouvernement à décréter le confinement puis guidé sa fin progressive.
 
Viendra ensuite le tour de deux anciens directeurs généraux, des scientifiques, dont le controversé professeur marseillais Didier Raoult, et des politiques, après le second tour des élections municipales, avec Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé, et plusieurs de ses prédécesseurs.
 
Installée pour six mois, cette commission entend "faire en sorte que notre pays soit mieux armé pour faire face à une crise sanitaire de cette ampleur" à l'avenir, selon Brigitte Bourguignon.
 
Il s'agit d'examiner "tous les éléments qui ont amené à ce retard à l'allumage" en "janvier, février, mars", a estimé Alexis Corbière (LFI), jugeant toutefois que la commission d'enquête "est entre les mains de ceux qui en raison de leur proximité politique ne créeront pas toutes les conditions pour que la lumière soit faite".
 
Les 32 députés devraient également aborder le manque de production en Europe de médicaments et d'équipements de protection, alors qu'Emmanuel Macron a lui-même évoqué mardi lors d'une visite sur un site de Sanofi, la dépendance de la France pour certains produits".
Le Sénat a aussi prévu sa commission d'enquête, à la fin du mois.
 
Ces investigations politiques cohabiteront avec la vaste enquête préliminaire ouverte mardi par le parquet de Paris, visant notamment les chefs d'"homicides involontaires" ou "mise en danger de la vie d'autrui".
 
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