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Centrale à charbon: Bargny, commune lanceur d'alerte contre le chaos

Lundi 5 Juin 2017

Les populations de Bargny crient leur détresse pour éviter les risques de pollutions environnementales qui naîtraient de la mise en service de la centrale à charbon de Sendou/Minam, située dans le périmètre communal.


Centrale à charbon: Bargny, commune lanceur d'alerte contre le chaos
La commune de Bargny est blottie entre Rufisque et Diamniadio. Le bord de mer de Bargny-Guedj, très éprouvé par la furie des vagues, ressemble à un véritable champ de ruines a cause de l’avancée de la mer. Maisons abandonnées, chambres éventrées, murs fissurés, s’ils ne sont pas déjà à terre.
 
En plus de l’avancée de la mer, la commune de Bargny, malheureusement, vit sous l’épée de Damoclès d’une autre catastrophe environnementale et industrielle avec l’érection de la centrale à charbon de Sendou/Minam, sans compter la présence, plus lointaine dans le temps, des carrières de calcaire et de la Sococim. Selon les habitants, cette cimenterie rejette des particules dans l’environnement.
 
Ne voulant pas vivre les mêmes affres, les populations unies comme un seul homme sont sortie en masse le samedi 13 mai pour demander à la centrale de Sendou Minam de «changer de combustible».
 
En clair, à la place du charbon, elles ne veulent pas que cela soit du fuel ou du gaz dont on annonce la découverte de réserves inépuisables. «Avec ces deux industries, il y a beaucoup d’éléments dangereux qui peuvent créer des maladies. Si on ne fait rien, Bargny va disparaître», préviennent les populations en colère.
 
Le véto du maire
Abdou Amath Seck est arrivée à la tête de la mairie sous la bannière de la société civile en fin 2014. Lui et son conseil municipal sont du coté des populations. «Ma position en tant que maire et la position du conseil municipal sont très claires. Il n’existe qu’un seul camp et c’est celui du non à la centrale à charbon», répète-t-il comme une rengaine.
 
«Nous souhaitons un changement de combustible, du gaz à la place du charbon. Il n'existe pas un camp du «oui» et un camp du «non» à Bargny. Il existe une grande majorité de Bargnois soucieux du devenir de leur commune, d’une part, et des politiciens manipulateurs cachés, très soucieux de leur devenir avant tout, d’autre part», fulmine le premier magistrat de la cité. 
 
Faisant la genèse du projet, Abdou Amath Seck rappelle que c’est sous l’ancien maire socialiste Mar Diouf que le projet a été validé. Ainsi, dit-il, c’est le 6 mars 2008 que la Direction de l’environnement et des établissements classés (DEEC) a entériné les termes de référence de l'étude d'impact social et environnemental.
 
La même année, l'étude d'impact a été validée. Lors de la seule audience publique qui ait été organisée, l'écrasante majorité des Bargnois présents a rejeté le projet. Mais cela n’avait pas empêché le démarrage des travaux qui sont aujourd’hui à 75% de réalisations.
 
«Le régime libéral de l'époque à fait du forcing et a décidé d'installer le projet sur les lotissements de Minam 1 et 2, déjà attribués aux victimes de l'érosion côtière sans aucune indemnisation», poursuit-il.
 
«C'est ainsi que Oumar Sarr, ministre de l'Urbanisme d'alors, a signé le permis de construire en 2009. A ce stade du projet, il était possible de saisir le juge pour attaquer le permis de construire. Ce ne fut pas le cas. Et depuis, les travaux se poursuivent et la mise en service est prévue en octobre de cette année».
 
Zéro pollution
La Compagnie sénégalaise d’électricité (CSE) qui a en charge la gestion de cette centrale de 125 mégawatts dite de «dernière génération» dément toute idée de pollution lors de la mise en service de cette infrastructure lourde. Le combustible qui sera utilisé est un charbon particulier qui n’est pas polluant et vient de l’Afrique du sud, selon les responsables de la Cse.
 
En un mot, il ne produit pas de combustible. Selon la société promotrice, la centrale à charbon de Sendou/Minam est financée par la Banque africaine de développement (BAD) aux côtés d’autres partenaires. Montant financier du projet: plus de 145 milliards de francs Cfa avec comme contrainte principale le respect des normes… environnementales. (Mamadou SARR)
 
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