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CHRONIQUE: Les bouffons du Président !

Samedi 6 Août 2016

Par Momar DIENG
 
Savoir assumer ses propres bêtises est une part de courage. C’est un devoir qui incombe aux électeurs sénégalais qui ont porté Macky Sall au pouvoir. Les faits qui incriminent ce président par défaut sont patents et têtus, mais il serait fastidieux de les énumérer ici et maintenant. Il faut se rapprocher du pouls des citoyens ordinaires pour prendre la mesure de cette catastrophe qui nous gouverne depuis plus de quatre ans. Clairement, et quoi qu’en pensent les saltimbanques qui se sont professionnalisés en insultes publiques, nous avons élu un Président de la déception. L’un de ses fédayins ne croyait pas si bien dire d’ailleurs, il était en avance sur tous et sur tout, de plusieurs années-lumière !

La désinvolture sidérante avec laquelle il est présidé aux destinées de notre pays, frisant l’irresponsabilité, est comme une sanction suprême qui devait fatalement s’abattre sur nos têtes tant il est vrai que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. Voyez ce qui se passe sous nos yeux : des politiciens et journalistes parfaitement bouffons poussent le pays et ses institutions dans les caniveaux nauséeux de la parole et de la plume. Pendant ce temps, où est le premier magistrat de la République, celui dont le rôle fondamental est de donner un sens et un contenu à notre vécu commun ? En campagne électorale dans les zones mal famées de la banlieue dakaroise où il a imposé ses proches parents aux commandes des principaux greniers électoraux. Ni vu ni entendu ! C’est irresponsable.

Alors qu’il est dit que le procureur de la république est revenu sur son intention d’entendre des protagonistes présumés de ce serpent de mer appelé «Protocole de Rebeuss», des missi dominici chargent l’impuissant garde des Sceaux qui aurait été désavoué par le chef de l’Etat. Difficile d’y croire au regard de la «chaîne de commandement» politique qui encadre toutes les affaires judiciaires et qui a pour inspirateur le président de la république lui-même. Si Me Sidiki Kaba avait agi de son propre chef, ce serait admettre qu’il a eu l’idée de défier Macky Sall sur le terrain de ses prérogatives. Cela s’appellerait crime de lèse-majesté, et cela vaudrait sanction. Mais le président et les sanctions…
 
Chienlit virale
Toute cette chienlit virale qui empeste l’espace politico-médiatique n’a pourtant qu’une origine. Pris en flagrant délit de magouille nocturne exfiltrant un prisonnier, Karim Wade, vers le Qatar, le pouvoir a cru tenir en otage un alter ego en lâchant ses bouffons mercenaires aux trousses d’un opposant, en l’occurrence Idrissa Seck, lequel tend à devenir sa bête noire. Or, le «Protocole de Rebeuss» dont les deux intermédiaires-auxiliaires de justice qui s’insultaient hier travaillent désormais en symbiose à la cour du chef – transhumance oblige – est une arme de diversion massive aux éclats potentiellement destructeurs, même pour ceux qui font le pari de lui délimiter un champ d’explosion.

En politique, tenter d’affaiblir loyalement l’adversaire est un art qui requiert intelligence, finesse, timing et, surtout, respect envers l’opinion publique. Ce que les corbeaux-messagers et leurs maîtres-bouffons ont montré aux Sénégalais, sous l’œil bienveillant et protecteur du premier magistrat de ce pays, est la preuve éclatante que la gouvernance actuelle est devenue une faillite ambulante qui pourrait – à Dieu ne plaise – nous conduire vers des lendemains périlleux. Quand un pouvoir est faible, sectaire et si peu exemplaire, il devient dangereux pour tout le monde. Ce danger, le chef semble en avoir été conscient hier lors de son face à face avec la presse. «Ce débat (sur le protocole de Rebeuss) n’a aucun intérêt.» Il fallait le dire et retenir les troupes en amont. Mais c’est toujours mieux ainsi. En attendant une prochaine saison…
 
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