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Allemagne : Un néonazi condamné à la perpétuité pour avoir tué un élu pro migrants

Jeudi 28 Janvier 2021

Stephan Ernst avait abattu un membre du parti d’Angela Merkel d’une balle dans la tête
Stephan Ernst avait abattu un membre du parti d’Angela Merkel d’une balle dans la tête
Un néonazi allemand a été condamné jeudi à la réclusion à perpétuité par un tribunal à Francfort pour le meurtre d’un élu du parti d’Angela Merkel défendant la cause des migrants.
 
L’affaire avait réveillé en juin 2019 le spectre d’un terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Ce procès avait une portée historique car c’était la première fois depuis 1945 qu’était jugé le meurtre d’un élu attribué à un sympathisant de l’extrême droite.
 
«La condamnation pour meurtre ne laisse aucune place au doute concernant la culpabilité» de Stephan Ernst, 47 ans, a expliqué le président du tribunal de Francfort, Thomas Sagebiel, au moment de la lecture du verdict. L’accusé a en revanche été acquitté dans un autre volet du procès concernant la «tentative de meurtre aggravé» en 2016 d’un réfugié irakien. Le parquet a annoncé faire appel de cet acquittement.
 
Dans la nuit du 2 juin 2019, Walter Lübcke, un élu de 65 ans du parti conservateur CDU de la chancelière, fume une cigarette sur la terrasse de sa maison à Cassel, dans l’État régional de Hesse, lorsqu’il est tué d’une balle dans la tête tirée presque à bout portant par Stephan Ernst.
 
Complice acquitté
 
Après deux semaines d’enquête, Stephan Ernst, proche de la mouvance néonazie, avait été interpellé. Il avait mis en cause un complice présumé, Markus Hartmann, également jugé dans ce procès. Ce dernier, accusé d'avoir entraîné Stephan Ernst au tir en forêt, «y compris avec l’arme utilisée» pour le meurtre, sans pour autant avoir été «au courant des plans réels» du tueur, s’est finalement vu infliger une peine d’un an et six mois avec sursis pour possession prohibée d’armes.
 
Cette condamnation légère n’a pas satisfait la famille de la victime ni le parquet, qui a annoncé faire appel de l’acquittement de Markus Hartmann dans le volet homicide. L’acquittement est «incompréhensible et difficile à supporter», a réagi la famille de Walter Lübcke par la voix de son avocat.
 
Les deux suspects avaient, selon l’accusation, assisté ensemble, ulcérés, à une réunion publique au cours de laquelle Walter Lübcke avait apporté son soutien à la politique migratoire généreuse décidée par la chancelière Angela Merkel.
 
Stephan Ernst était connu des autorités depuis la fin des années 1980 comme un sympathisant néonazi au potentiel violent. Dès 1993, il est ainsi soupçonné d’avoir planifié un attentat à la bombe contre un foyer de demandeurs d’asile. En 2009, il participe à une émeute raciale à Dortmund. Malgré ce passé chargé, les services de renseignement avaient cessé ces dernières années de le surveiller.
 
Police complaisante?
 
L’enquête a révélé une autre erreur de la police, déjà souvent accusée dans le passé de complaisance à l’égard des néonazis: elle n’a pas signalé à l’autorité délivrant des permis de port d’armes que le complice présumé était un membre toujours actif de l’ultra-droite. Cela lui a permis de se procurer pistolets et fusils. Le parlement de Hesse va mener des investigations sur les dysfonctionnements et les ratés de l’enquête.
 
Le meurtre de Walter Lübcke a réveillé le spectre du terrorisme «brun» en Allemagne. Sous-estimée dans les années 2000 par les autorités malgré plusieurs meurtres, notamment d’immigrés turcs, par le groupuscule néonazi NSU, la menace est aujourd’hui perçue comme un défi de premier plan pour la sécurité intérieure.
 
En décembre, un sympathisant de l’extrême droite a été condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir failli commettre un massacre dans une synagogue de Halle puis avoir finalement tué deux personnes non loin de là. En février 2020, un homme a tué neuf personnes d’origine étrangère dans deux bars de Hanau, près de Francfort, avant de se suicider. Enfin mercredi, la justice allemande a ouvert la voie au procès d’une sympathisante de l’extrême droite soupçonnée d’avoir envisagé de s’en prendre à des élus et à des musulmans. (AFP)
 
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