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Activer les leviers culturels pour forger un imaginaire collectif

Lundi 18 Août 2025

La chroniqueuse Khady Gadiaga
La chroniqueuse Khady Gadiaga

Il semble que le nouvel opus de Cyrille Touré, alias Thiat ait secoué la sphère homopastefensis. Les indignations fusent et la colère gronde. L'artiste est indéniablement dans son rôle d'activiste et de pourfendeur de l'autorité en selle, constant dans son style transgressif, entre provocation et revendication.

 

Historiquement, le hip-hop s’est toujours confronté aux institutions, à l’autorité et au public, que ce soit de manière délibérée ou involontaire. Le mouvement artistique transgressif, qui cherche à perturber les codes en vigueur, est parfois perçu comme une agression par le public. La ligne est souvent mince entre agression et transgression.

 

Toutefois, la vraie force de la transgression réside dans sa capacité à ouvrir un dialogue, pas seulement à détruire. La transgression n’est pas anarchie, mais une transformation : déconstruire pour reconstruire, comme le sculpteur qui brise la pierre pour en faire émerger une forme. Elle nous fait dépasser les apparences pour toucher à l’essentiel.  

 

L’artiste organique doit savoir franchir les interdits, non pour les nier, mais pour les dépasser car l’harmonie naît de la tension entre opposés. Il faut toutefois reconnaître que la transgression pour la transgression peut tomber dans le vide ou la provocation stérile. Briser les formes doit servir une quête de vérité, non un simple rejet. Elle peut être un moteur puissant de la création, à condition qu’elle serve une vision, une quête de sens. Sinon, elle n’est qu’un bruit éphémère.

 

Toute cette rhétorique ne vise qu'à asseoir l'idée que le politique doit activer le culturel pour forger l'imaginaire. Les actions et les décisions politiques devraient viser à stimuler et à utiliser la culture pour façonner la façon dont les citoyens pensent et voient le monde. En d'autres termes, la politique devrait s'appuyer sur la culture pour créer un imaginaire collectif qui soutient les valeurs et les objectifs d'une société.

 

Un projet révolutionnaire a besoin de leviers culturels pour s'implanter dans l'imaginaire collectif des sénégalais. La culture ne se limite pas à désigner les œuvres de l’esprit, les produits des beaux-arts et des belles-lettres ; à l’autre, dans l’anthropologie culturaliste, elle recouvre le proprement humain de l’homme, une acception intermédiaire de la culture, qui comprend la zone où sont produites et diffusées les valeurs, les identifications, les légitimations et les motivations qui accompagnent inévitablement, sans jamais pouvoir y être réduites, les simples impératifs fonctionnels des mécanismes de la vie sociale, les désirs écologiques et l'imaginaire collectif qui servent de pôles d’orientation aux représentations et aux pratiques sociales.

 

Je me suis faite une religion sur le fait que nos autorités sont très peu poreuses à la Culture qui, pourtant, est une propédeutique à l’entrée dans la vie publique au sens où elle répond à l’horizon d’attente d’une vie sociale et politique. Pour elles, le fait culturel n’a semble t-il que peu de valeur en lui-même et est considéré superflu ou inutile au regard de l’homme accompli. 

 

Quel est donc le sens de cette culture, censée être idéalement au début et à fin de tout développement et qui apparaît vain au moment même où devrait s’accomplir, semble-t-il, l’humanité de l’homme via  de profondes mutations paradigmatiques? 

 

Il nous faut activer le culturel, c'est à dire utiliser la culture comme un outil pour atteindre des objectifs politiques. Cela peut impliquer de promouvoir certaines valeurs, de créer des symboles forts, de favoriser l'expression artistique ou de soutenir des initiatives culturelles qui renforcent le lien social et l'appartenance à un même destin.

 

C'est par cette démarche à la fois symbolique et pragmatique que nous pourrons forger un imaginaire commun qui implique de construire une vision collective du monde, un ensemble de représentations et de schémas de pensée qui influencent la manière dont les citoyens perçoivent la réalité, prennent des décisions et agissent. 

 

En somme, il est clair que la politique ne doit pas être uniquement une question de gestion administrative, elle doit aussi s'engager dans la construction d'un imaginaire collectif à travers la culture. Cela permettrait de créer une société plus cohésive, avec des valeurs partagées et une vision commune de l'avenir. 

 

Par exemple, un gouvernement pourrait utiliser des festivals culturels pour promouvoir des valeurs de tolérance et de diversité, ou encourager la création artistique pour exprimer des idées de progrès et de changement social. 

 

En d'autres termes, la politique peut utiliser la culture comme un levier pour influencer les mentalités, renforcer l'identité nationale, ou encore mobiliser les citoyens autour de projets communs. Il est temps d'envisager le gatsa-gatsa culturel pour revitaliser nos énergies de construction d'un commun vouloir de vivre ensemble et de défense du bien commun.

 

Khady Gadiaga, 18 août 2025

 
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1.Posté par Me François JURAIN le 21/08/2025 12:06
Peut on vraiment parler de culture, concernant ce rappeur au succés "de cave", et qui pour booster son audience flanchelante (voir inexistante) pratique l'injure à outrance, la provocation, dans l'espoir qu'il fera l'objet d'une garde à vue, voir même un passage en prison, afin que l'on parle de lui et se faire connaitre? On peut ne pas être d'accord, sur la politique menée par la nouvelle équipe dirigeante, mais cela peut et doit se faire dans le respect qui est dû à 54% des sénégalaises et des sénégalais qui ont voté pour cette nouvelle équipe. Ce Monsieur, dont j'ai déjà oublié le nom prouve au moins une chose: il n'a aucun talent, aucune éducation, et parler de lui comme nous sommes en train de le faire, ne prouve qu'une seule chose: nous sommes en train de tomber dans son piège. Heureusement, il existe au SENEGAL d'autres talents, qui eux, méritent de faire partie de la culture sénégalaise et méritent que l'on parle d'eux, pour promouvoir leur idées et leur talents, qu'ils soient pour ou contre nos dirigeants, mais avec des arguments précis, crédibles et prouvés, le tout dans le respect mutuel qui sied à chaque individu ayant envie de débattre et/ou de s'exprimer. La culture de caniveaux et de poubelles existera malheureusement toujours, et il y aura toujours des individus comme celui dont vous parlez, pour la promouvoir afin d'en tirer un quelconque bénéfice personnel. Laissons lui cette possibilité, le pauvre, car après tout, faire trois repas par jour doit faire partie du "Projet", non? Et il y aura toujours un (petit, très petit) auditoire, pour se laisser séduire par l'insulte, l'injure, la vulgarité, et l’illettrisme: ce petit nombre de "fans" suffit il à nourrir l'homme dont vous parlez? A voir la manière dont il procède, j'en doute, et soit il le comprendra vite, soit on lui expliquera. Mais de grâce, tirons la culture sénégalaise, riche en de nombreux domaines, par le haut, et ne nous attardons pas aux contenus de fosses septiques dans lesquelles ce soit disant "rappeur" semble exceller. Lorsque ce Monsieur exprimera ses idées, en chanson, parole, ou écrit, sans vulgarité, sans animosité, sans haine, il méritera que l'on acquiesce ou qu'on lui apporte la contradiction, argument contre argument, mais pour l'instant, il a surtout démontré qu'il était loin, très loin, de pratiquer cet exercice.

Le mieux est donc qu'il aille à l'école, apprendre à parler, prendre des cours de respect, de politesse, d'éducation, et ensuite, qu'il revienne exprimer ses idées auxquelles ceux qui l'estimeront nécessaire pourront répondre, dans un sens ou dans un autre. Mais répondre à l'insulte, la vulgarité, la haine, merci beaucoup, je passe mon tour!
Quant au apport des dirigeants avec la culture, malheureusement ce n'est pas nouveau, et ce n'est pas, une spécialité sénégalaise. D'aucun diront qu'il y a d'autres chats à fouetter, d'autres priorités, peut être, mais pas si sur.

Me François JURAIN

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