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A Djibouti, Macron vante le partenariat français face à la Chine

Mardi 12 Mars 2019

DJIBOUTI (Reuters) - En visite à Djibouti, "allié stratégique et historique" de la France, Emmanuel Macron a vanté mardi la "transparence", la "rigueur" et la vision sur le long terme des investissements français, égratignant en creux ceux de la Chine, omniprésente dans ce petit Etat très convoité de la Corne de l'Afrique.
 
Au deuxième jour de sa tournée en Afrique de l'Est, qui le conduira ensuite en Ethiopie et au Kenya, le chef de l'Etat - premier président français à se rendre sur place depuis Nicolas Sarkozy en 2009 - a été accueilli avec les honneurs par son homologue Ismaïl Omar Guelleh au palais présidentiel.
 
Quatre ans après avoir déploré un manque de "considération" de la France et le "très peu d'investissements" français, le président djiboutien, au pouvoir depuis 1999, a insisté sur les "relations privilégiées" entretenues entre Paris et son ancienne colonie, devenue indépendante en 1977.
 
"Des opportunités existent pour les sociétés françaises, notamment en matière d’infrastructures", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à l'issue de son entretien avec le chef de l'Etat français. "Notre pays est ouvert. Je n'ai jamais perdu espoir que la France puisse renforcer ses investissements à Djibouti".
 
Situé le long d'une route maritime stratégique qui passe par le canal de Suez, la mer Rouge et l’océan Indien, Djibouti suscite les convoitises occidentales - et depuis plusieurs années asiatiques.
 
Pékin y a installé sa première et seule base militaire à l'étranger et a profité, comme d'autres pays de la région, du relatif champ libre laissé par Paris - qui selon un diplomate français basé dans la région se considérait en "territoire conquis" - pour placer ses pions et prendre la main sur certains grands chantiers.
 
"TERRAIN CONQUIS" A RECONQUÉRIR
 
La Chine a notamment financé la nouvelle ligne ferroviaire entre Addis Abeba et Djibouti - inaugurée en octobre 2016 - en lieu et place de l'ex-chemin de fer franco-éthiopien mis en service en 1917.
 
Les entreprises françaises "sont là, elles reviennent", a martelé Emmanuel Macron, citant "plusieurs investissements en cours de finalisation" dans les domaines des transports maritimes, d'énergies renouvelables et de logistique notamment.
 
"La Chine est une grande puissance mondiale et elle a développé sa présence dans de nombreux pays, en particulier en Afrique ces dernières années, c’est un fait et quand c'est bon pour ces pays nous ne pouvons que nous satisfaire", a-t-il poursuivi. Mais "un investissement quel qu'il soit a besoin d’un cadre".
 
"Quand un investissement se fait par endettement excessif, par manque de visibilité des conditions financières, ce qui peut paraître bon pour le court terme et qui peut permettre de faire tel ou tel projet, s'avère souvent mauvais sur le moyen et long terme", a-t-il souligné.
 
"Je ne voudrais pas que des investissements internationaux de nouvelle génération conduisent à réduire la souveraineté de nos partenaires historiques ou fragiliser leur économie dans la durée", a-t-il ajouté. "Nos investissements se font dans un cadre de transparence et de rigueur" et dans "une visibilité dans la durée".
 
"GRATITUDE" DE DJIBOUTI
 
A Djibouti, où la France dispose de sa plus grande base militaire d'Afrique (1.400 soldats), Emmanuel Macron s'est également employé à rassurer sur "l'attention constante" de la France et son souhait de poursuivre cette coopération et "de pouvoir intensifier la lutte contre la piraterie".
 
"J'ai rassuré le président Guelleh sur l'attention constante et indéfectible de la France sur Djibouti dans la région et dans les instances internationales", a-t-il ajouté à l'heure où la réconciliation inespérée entre les deux frères ennemis de la Corne de l'Afrique, l'Ethiopie et l'Erythrée, suscite une certaine inquiétude à Djibouti.
 
Dans le collimateur de ce dernier, la levée, en novembre par le Conseil de sécurité de l'Onu, de l'embargo sur les armes, les interdictions de voyage, les gels d'avoirs et les autres sanctions visant l'Érythrée alors que le différend territorial avec Djibouti n'a pas été réglé.
 
Les autorités djiboutiennes accusent Asmara d'occuper une partie de son territoire - la région de Ras Doumeira sur la mer Rouge – et de détenir toujours 13 de ses soldats. La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, a poussé ces derniers mois pour que ces points fassent l'objet d'une clause de rendez-vous régulière.
 
Signe de la sensibilité du sujet, Ismaïl Omar Guelleh a exprimé, dès ses propos introductifs, la "gratitude" de son pays pour ce soutien aux Nations unies.
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