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Ukraine: les "conséquences" de la guerre "très incertaines" pour l'économie américaine, selon le patron de la Fed

Mercredi 2 Mars 2022

Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale américaine
Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale américaine
Les "conséquences" de la guerre en Ukraine pour l'économie américaine sont "très incertaines" mais cela n'empêchera pas la Banque centrale américaine de relever ses taux directeurs dans deux semaines, a affirmé mercredi Jerome Powell, le président de l'institution.
 
"Le conflit provoque d'énormes difficultés pour le peuple ukrainien", a déploré le patron de la Réserve Fédérale (Fed) lors d'une audition devant la Chambre des représentants. "Les effets à court terme sur l'économie américaine de l'invasion de l'Ukraine, la guerre en cours, les sanctions, et des événements à venir, restent très incertains".
 
Il a observé que les institutions financières et l'économie américaines n'avaient "pas de grandes interactions avec l'économie russe". Les sanctions contre Moscou "ne devraient donc pas avoir d'impact direct" aux Etats-Unis, a-t-il avancé. Il est toutefois "difficile de prédire les effets secondaires".
 
"Nous suivrons de près la situation", a-t-il également déclaré, relevant que les dirigeants de la Fed devraient faire preuve d'une "grande souplesse" en fonction de l'évolution des perspectives de la première économie mondiale.
 
"Prendre des décisions de politique monétaire appropriées" dans un contexte de guerre en Ukraine, de sanctions économiques draconiennes imposées entre autres par les États-Unis à la Russie et d'événements imprévisibles "exige d'admettre que l'économie évolue de façon inattendue", a-t-il concédé.
 
Pour autant, il estime "approprié" de relever les taux directeurs lors d'une réunion les 15 et 16 mars prochains compte tenu de l'inflation record. Cela pourrait notamment permettre de tempérer les prix dans le secteur immobilier, a-t-il fait valoir.
 
Il a aussi précisé qu'il proposerait une hausse d'un quart de point de pourcentage (0,25 point) des taux, une hausse modérée justifiée dans le contexte.
 
- "Stabilité des prix" –
 
Mais si l'inflation s'avérait plus élevée, "nous serions prêts à agir de manière plus agressive en augmentant les taux de plus de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) lors d'une réunion ou de réunions" ultérieures dans l'année, a-t-il ajouté.
 
L'invasion de l'Ukraine par la Russie complique sérieusement la tâche de la puissante institution financière américaine car elle survient au moment où les prix, en particulier de l'énergie, étaient déjà très élevés partout dans le monde.
 
Une situation liée à l'insuffisance de l'offre et à une forte reprise de la demande internationale liée à la levée des restrictions contre la pandémie de Covid-19 dans de nombreux pays.
 
Aux États-Unis, l'inflation est au plus haut depuis 40 ans. Pour tenter de juguler la spirale des prix, la Fed avait déjà indiqué qu'elle augmenterait ses taux directeurs, qui sont quasi à zéro depuis le début de la pandémie. Ceux-ci se trouvent en effet, depuis mars 2020, dans une fourchette comprise entre de 0 et 0,25%.
 
Avant le conflit en Europe de l'Est, certains économistes tablaient sur une hausse plus importante dès mars.
M. Powell était donc très attendu mercredi sur ce point.
 
- Emploi "extrêmement tendu" –
 
Pour l'heure, il a rappelé qu'aux États-Unis, "l'activité économique avait repris à un rythme soutenu de 5,5% l'an dernier, reflétant les progrès des vaccinations et la réouverture de l'économie", mais aussi grâce au soutien de la Fed et du gouvernement.
 
De plus, si la propagation rapide du variant Omicron pendant l'hiver a entraîné "un certain ralentissement de l'activité économique", le reflux rapide de la pandémie a finalement provoqué un coup d'arrêt "bref", estime-t-il. 
 
Surtout, "le marché du travail est extrêmement tendu" avec d'importantes pénuries de main d'œuvre et des salaires qui augmentent "à leur rythme le plus rapide depuis de nombreuses années", relève-t-il.
 
Si l'on ajoute un taux de chômage qui a considérablement diminué au cours de l'année dernière, situé à 4% en janvier, et hors guerre en Ukraine, toutes les conditions sont réunies pour une série de hausses des taux cette année.
 
"Nous savons que la meilleure chose que nous puissions faire pour soutenir un marché du travail fort est de promouvoir une expansion durable, et cela n'est possible que dans un environnement de stabilité des prix", a également argué Jerome Powell. 
 
Il a enfin répété que la Fed tablait sur un ralentissement de l'inflation "au cours de cette année à mesure que les contraintes d'offre (s'atténuaient) et que la demande se (modérait)". Mais il s'est montré prudent: "nous sommes humbles sur le fait que nous ne pouvons pas vraiment prévoir avec certitude quand le tournant aura lieu". (AFP)
 
 
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