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SERGE RINKEL (EXPERT PRIVE SUR LA CRIMINALITE INTERNATIONALE): «Le Sénégal est un Etat facile menacé par l’anarchie et l’impunité…»

Samedi 1 Octobre 2016

Pour cet expert en criminalité transfrontalière, notre pays a intérêt à renforcer la lutte contre le trafic de drogue pour éloigner sa jeunesse de certaines tentations ayant cours en Afrique de l’ouest et dans le Golfe de Guinée.
 
Comment le Sénégal est-il devenu une vanne ouverte dans le trafic de drogue ?
Le Sénégal est situé à proximité d’Etats qui sont liés à la fraude. C’est le cas de la Guinée Bissau très impliquée dans le trafic de drogue, la Gambie qui a même voulu tisser des relations spéciales avec la Casamance afin de mettre exclusivement la main sur le réseau. Il y a également la Mauritanie qui s’illustre dans les trafics de voitures voilées et de contrebande. Le Sénégal est victime de son emplacement d’autant plus qu’il est bien situé sur la route maritime avec l’Amérique du Sud ou même avec l’Amérique centrale d’où partent des trafics de drogue. Comme nous le savons tous, de la drogue est arrivée et arrive fréquemment sur la côte du Sénégal notamment à Saly qui est l’épicentre des livraisons de drogue. Le Sénégal a des plages accessibles, les populations sont très ouvertes et c’est pour cela que ceux qui s’activent dans les trafics ont décidé de s’y installer parce que c’est un Etat facile d’autant plus que la Guinée Bissau est sous surveillance depuis les condamnations qu’elle a essuyées. Evidemment, c’est devenu plus facile pour les truands de la Guinée Bissau de venir s’installer au Sénégal.
 
Quels procédés utilisent ces trafiquants pour passer entre les mailles des forces de sécurité ?
C’est simple. Car il consiste tout simplement à débarquer de la drogue et ensuite la distribuer dans le nord Mali, nord Niger et le sud de la Libye qui joue un rôle régulier dans le trafic de la drogue d’Amérique du Sud. Tous les lieux où cela peut se dérouler sont bons. Il n’y a pas que le Sénégal car cela peut être la Sierra Léone ou le Nigéria, mais le Sénégal en a reçu et continue d’en recevoir. Si le trafic évolue, le Sénégal risque de voir une désorganisation de sa société civile, une culture de l’impunité et un Etat d’anarchie. Le Sénégal doit faire très attention parce qu’il a une jeunesse sans emploi qui pourrait se perdre dans la drogue, le trafic d’armes ou la piraterie dès lors qu’il n’est pas loin du Golfe de Guinée où les pirates agissent constamment. Les pirates du Nigéria également peuvent bien être intéressés par le Sénégal qui est une zone calme et située dans des endroits intéressants. Attaquer le Sénégal peut leur faire une bonne publicité 
 
Comment mettre un terme à ce trafic?
La première solution, c’est une surveillance maritime efficace, surtout celle aérienne et ceci est valable pour le secteur de la pêche. Ensuite, il faut arriver à des accords et coopération plus performants entre les Etats riverains. Actuellement, le nœud gordien reste la Gambie. Maintenant, le Sénégal doit continuer de jouer pleinement son rôle moteur dans la lutte contre la drogue et améliorer ses interventions policières, sa perception, ses connaissances des renseignements en matière de fraude
 
 
 
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