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Pays Bas : un jeune écologiste a le vent en poupe pour les législatives

Vendredi 10 Mars 2017

AMSTERDAM (Reuters) - Voix originale dans la campagne électorale néerlandaise où le discours de mise est majoritairement anti-immigration, le jeune Jesse Klaver, 30 ans, chef de la Gauche verte, fait entendre une parole de tolérance et d'espoir qui semble faire mouche auprès des électeurs à cinq jours des législatives.
 
Selon des derniers sondages, 50% des électeurs disent ne pas avoir encore décidé pour qui ils iraient voter mercredi prochain et cherchent une alternative à la parole rude des deux principaux candidats, le nationaliste Geert Wilders et le Premier ministre conservateur Mark Rutte, qui se disputent le vote anti-immigration et sont en tête des intentions de vote.
 
Son parti, qui détient quatre sièges sur un total de 150 à la chambre basse du Parlement, devrait quadrupler la mise et en obtenir 16. La Gauche verte (GroenLinke) arriverait ainsi en cinquième position, ce qui lui donnerait une chance de faire partie du prochain gouvernement de coalition.
 
Compte tenu du système électoral au Pays-Bas, la représentation nationale est très émiettée au Parlement. Le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du Premier ministre, qui disposait de 41 sièges dans l'assemblée sortante, en obtiendrait 25 sièges, juste derrière le Parti pour la liberté (PVV) du populiste Geert Wilders.
 
Charismatique et avenant avec ses bouches brunes et ses airs de jeune homme, Jesse Klaver dit vouloir renverser le discours négatif sur l'immigration, qui s'appuie sur le sentiment que la culture néerlandaise est menacée par la communauté musulmane, laquelle représente 5% de la population.
 
Sa physionomie rappelle à certains le Premier ministre canadien Justin Trudeau, également connu pour avoir exprimé sa sympathie à l'égard des réfugiés.
 
Lors d'un débat en direct à la télévision, le jeune député, d'origine marocaine par son père et indonésienne et néerlandaise par sa mère, n'a pas mâché ses mots. C'est le populisme d'extrême droite qui menace les traditions néerlandaises, et non pas l'immigration a-t-il affirmé.
 
"LE CHANGEMENT POUR L'ESPOIR"
Les Pays-Bas sont un havre pour les réfugiés depuis le XVIe siècle, quand les protestants néerlandais ont fait sécession de la catholique Espagne. Le pays a alors opté pour la liberté de religion et offert sa protection aux minorités persécutées comme les juifs d'Espagne.
 
"Les valeurs que représentent les Pays-Bas depuis de très nombreuses décennies, en fait depuis des siècles, sont la liberté, la tolérance, l'empathie (...). Et on détruit cela", a-déclaré Jesse Klaver à Reuters.
 
Arrivé à la tête de la Gauche verte en 2015, Jesse Klaver s'est beaucoup appuyé sur les réseaux sociaux et sur de petites réunions. Les assemblées dans les salles à manger se sont transformées en meeting dans de modestes théâtres.
 
Et jeudi soir, il a organisé le meeting le plus couru de la campagne électorale. Plus de 5.000 personnes se pressaient dans une salle de concert à Amsterdam. Cinq mille autres ont assisté à l'événement sur Facebook.
 
Ses partisans ont détourné le fameux slogan du précédent président des Etats-Unis Barack Obama, "Yes we can", en "Jesse we can", d'autant que "Jesse" en néerlandais se prononce pratiquement comme "yes".
 
"Cette année, il ne s'agit pas simplement des élections aux Pays-Bas, mais aussi des élections dans l'ensemble de l'Europe", a lancé ce père de deux enfants à ses partisans en référence aux scrutins présidentiel et législatif d'avril-mai et juin en France et aux élections parlementaires de septembre en Allemagne où les partis d'extrême droite ont le vent en poupe.
 
"Aux Pays-Bas, nous devons montrer qu'on peut arrêter le populisme et qu'il y a une alternative. Cette alternative, c'est nous!", a lancé Jesse Klaver sous les vivats du public.
 
Outre la défense de l'immigration, le jeune député propose aussi une augmentation des investissements dans le domaine des énergies renouvelables et de travailler à résoudre les problèmes sociaux qui font que 40% immigrés turcs et marocains ne se sentent pas les bienvenus aux Pays-Bas.
 
"C'est terrible, quand des personnes qui sont nées aux Pays-Bas ont le sentiment qu'elles ne font pas partie de la société et que ce n'est pas quelque chose dont elles sont fières, mais dont elles ont honte. Je veux changer cela", a-t-il lancé à ses partisans. "C'est le changement pour l'espoir, pas pour la peur."
 
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