Connectez-vous

Excellence, Monsieur le Président, Macky SALL, partez en 2024 sous les vivats de la foule et les applaudissements de l’histoire ! (Par Madi Waké Touré)

Mardi 7 Mars 2023

Madi Waké Touré
Madi Waké Touré
 
Dans des pays comme les nôtres où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme, quand la crise atteint son paroxysme et peut faire basculer à tout moment le pays dans le chaos et la barbarie, tous les regards se portent alors vers l’homme à qui on a confié les destinées du pays.
 
Sa capacité à gérer la crise sans grand dommage moral, économique, social, culturel pour la cité va révéler au monde quelques facettes de sa personnalité.
 
Le modus operandi pour résoudre la crise au mieux des intérêts des populations et de la nation, va dévoiler un piètre politicard de la pire espèce ou un homme d’Etat de grande dimension. Ce qui me fait dire, qu’être un homme politique, ne relève pas de l’extraordinaire.
 
On en trouve à la pelle ! N’importe quel quidam peut se révéler un redoutable monstre politique capable de ruse et de manipulation en tous genres. L’histoire récente du Sénégal nous a fait découvrir des politiciens, experts dans la manipulation. Suivez mon regard !
 
En vérité, toutes les sociétés humaines connaissent ces types de personnages qui peuvent dans une séquence temporelle assez courte, impressionner, frapper les esprits mais ils ne sont pas de ceux dont l’histoire va retenir leurs noms. Pourquoi, me direz-vous ? Je réponds en disant qu’ils n’étaient pas dans le vrai, n’étaient pas porteurs de valeurs fondatrices d’un véritable humanisme.
 
Ces politiciens à la petite semaine qui pullulent dans nos pays comme des champignons et qui considèrent la politique comme un moyen de se faire de l’argent n’investissent dans celle-ci qu’avec l’espoir qu’il y aura retour d’investissement sous peu. Comment comprendre qu’un pays comme le Sénégal puisse compter plus de 3OO partis ? Y a problème !
 
Le politicien sous nos cieux est doublement amputé ! Il l’est moralement et socialement parce que son horizon est borné par ses intérêts personnels. Tout le reste n’est que discours creux pour masquer des visées fondamentalement égoïstes.
 
Voyez l’état désastreux de nos pays et vous comprendrez ! Des politiciens, on en compte par centaine de milliers mais c’est l’homme d’Etat qui est rare. Celui-ci s’oublie au profit de la communauté en étant capable de sobriété, de dépassement, de pardon, de longanimité envers ceux ou celles qui ne sont pas de son bord.
 
Tout compte fait, nous devons tous convenir que le plus difficile, c’est d’être un homme d’Etat ! Malheureusement, on n’en a pas beaucoup en Afrique ! Un homme d’Etat dans mon entendement est celui qui est capable dans les moments de doute, d’angoisse, de psychose de son peuple de ramener la paix des cœurs et des esprits pas en faisant dans la compromission mais au contraire en faisant appel aux vertus du dialogue et de la tolérance.
 
L’homme d’Etat dans des pays à l’équilibre sociologique aussi fragile que les nôtres - ne nous leurrons pas ! -, se refusera quelles que soient les circonstances de poser des actes pouvant créer des troubles aux conséquences imprévisibles. Se dire, j’ai ma justice à moi ; j’ai mes forces de défense et de sécurité qui m’obéissent au regard et sans murmure, de fait, je peux tout me permettre. Grosse erreur ! Et beaucoup, parmi les chefs d’Etat africains fonctionnent malheureusement sur ce registre. Des noms, vous en voulez ? On peut en citer des dizaines voire… Vous vous rappelez de ces sinistres individus, Yaya Jammeh, Idy Amine Dada, Mobutu, Macias Nguéma, Bokassa, Eyadéma, Samuel Doe, Sani Abacha, Ben Ali, Moussa Traoré, Alpha Condé. La liste est loin d’être exhaustive. Que sont devenus tous ces hommes ? Ils sont à jamais relégués dans les poubelles de l’histoire ! Tous ces noms chargés d’ignominie et de honte doivent faire réfléchir !
 
Le monde a changé ! Et l’Afrique comme tous les autres continents, veut être dans le temps du monde. Et le Sénégal pourrait être la locomotive qui doit propulser le continent africain sur les cimes de la grandeur. Dans ces conditions, il nous faut, oppositions comme parti au pouvoir faire preuve de générosité morale et intellectuelle.
 
L’heure est grave pour ce continent, confronté à des périls qui menacent même sa survie. Des bandes de voyous avec des moyens matériels et financiers immenses et qui se proclament djihadistes installent partout la terreur. Et aucun de nos pays n’est épargné. Tout cela pour dire qu’il est temps que nos politiques se ressaisissent et aillent à l’essentiel. L’essentiel aujourd’hui pour le Sénégal, c’est l’apaisement ! Encore l’apaisement ! Les sirènes de la haine distillées de part et d’autre, n’honorent pas la classe politique dans son ensemble.
 
Que dans un pays comme le Sénégal, on en arrive à certaines extrémités, cela doit faire peur ! L’espace politique sénégalais ressemble à une arène où s’affrontent des hommes et femmes qui n’ont rien retenu de la noblesse de la politique. Ici la défense des intérêts matériels par tous les moyens non conventionnels prend le pas sur toutes les autres considérations : injures, menaces de morts, agressions physiques, disparitions d’hommes soupçonnés de faire le jeu de l’ennemi. C’est là où nous en sommes arrivés au Sénégal. Inquiétant et triste, tout cela !
 
Cette situation décrite plus haut, interpelle au premier chef le président, Macky SALL. Si nous en sommes arrivés à cette situation de tension permanente avec son lot de dégâts matériels et humains considérables, c’est parce que la politique s’est dévoyée ! Et totalement !
 
Osons le dire, l’affaire du troisième mandat agité par les tenants du pouvoir, a contribué grandement à installer le Sénégal dans cette situation fort embarrassante. L’actuel chef d’Etat est soupçonné de vouloir chercher un troisième mandat. Soupçons légitimes au vu des actes qu’il pose tous les jours. Actes qui interfèrent négativement dans tous les domaines de la vie sociale, économique, politique, religieuse, judiciaire du pays.
 
Il est temps que le président, Macky SALL se résolve à dire aux sénégalais qu’il termine son dernier et second mandat en 2024. C’est là où son peuple l’attend ! C’est là où l’histoire l’attend ! Il n’a pas le droit d’agir comme ces présidents africains à la personnalité duplice et loufoque qui font la risée du monde entier.
 
Excellence, monsieur le Président, Macky SALL, votre responsabilité par rapport à la stabilité du pays est grande. Elle est grande en ce sens que vous avez tous les pouvoirs. Le pouvoir de la Justice au même titre que le Législatif, ne pèse pas lourd face à la toute-puissance de l’Exécutif. La preuve de ce que nous avançons, ces mots sortis de votre propre bouche : « Sur certains dossiers, j’ai mis le coude ». Où est l’indépendance de la Justice ?
 
La justice, restons-y et c’est pour nous intéresser à ces fameux procès à relents politiques qui
risquent de déstabiliser si on n’y prend garde la nation sénégalaise.
 
Excellence, la justice sénégalaise, contestée, chahutée, méprisée même ne sortira pas indemne de ces procès politiques. Elle risque de toucher le fond ! Et ce n’est pas bon pour la société.
 
La justice dans notre pays est « trop » exposée par l’irruption intempestive et désordonnée de la politique dans son champ d’action.
 
Dans ces procès contre l’opposant politique le plus populaire, la justice risque à jamais d’y perdre de sa crédibilité au motif que les populations dans leur écrasante majorité ont déjà donné le verdict qui blanchit l’opposant. Et ma question est de savoir : la justice peut -elle avoir raison contre tout un peuple ? La réponse coule de source ! Et ce brillant chroniqueur du nom de Siré Sy ne dit pas autre chose : « Vivement que la justice judiciaire puisse s’inscrire dans le même tempo que la justice populaire. »
 
Excellence, monsieur le Président, Macky SALL, la nation sénégalaise que les pères fondateurs ont construit au prix d’efforts surhumains, commence à se déliter dangereusement sous les coups de boutoir de faits et gestes en porte- à -faux avec l’idéal que professe la politique.
 
Monsieur, Alioune TINE, magnifique de lucidité appelle depuis un certain temps la classe politique dans son ensemble à plus de responsabilité. Il n’a pas tort ! Les projections pessimistes qu’il fait et qui lui valent des salves de réprobation ne sont pas des vues de l’esprit.
 
Excellence, monsieur le Président, Macky SALL, vous avez fait des réalisations fort intéressantes pour le pays. Cela, personne n’ose le nier ! Il vous reste maintenant à créer dans la paix et la sérénité les conditions de votre départ du pouvoir en 2024.
 
Ceux-là qui vous disent que vous avez droit à un troisième mandat sont vos pires ennemis. Ceux et celles qui vous tiennent ce discours sont des personnalités sans aucune consistance morale qui ne fonctionnent que sur la base de leurs intérêts mesquins. Ces petits messieurs vous rendent un très mauvais service. Ce n’est qu’après que vous vous rendrez compte de la fausseté de ces gens qui vous poussent au troisième mandat. Certains étaient là avec Wade pour lui jurer fidélité éternelle et criaient sur tous les toits que ce dernier  avait droit à un troisième mandat. Ces hommes et femmes dont la vénalité ne fait l’ombre d’aucun doute  sont-ils toujours avec Wade ? Attention à ces faux amis qui vous entourent !
 
Vos amis -les vrais, ils ne doivent pas être très nombreux, hélas - souhaitent et prient afin que votre nom puisse être célébré des milliers d’années par les langues de la postérité.
 
Et dans cette perspective, je vous invite à vider tous ces contentieux à caractères politiques. Nous devons et vous en premier lieu, travailler à installer dans les cœurs et les esprits le sens du pardon. Ce pays que nous aimons tous ne peut s’offrir le luxe d’une guerre civile. L’évocation du mot pardon va m’amener à faire une proposition qui ne va pas agréer tout le monde.
 
Dans une discussion que j’ai eu récemment avec une personnalité publique très présente sur le front des médias,- bien sûr qu’il ne partageait pas mon point de vue-, je lui faisais comprendre qu’après 2024, il ne serait pas opportun de faire dans la reddition des comptes telle qu’on l’observe dans certains pays africains. L’envoi des prédateurs financiers en prison et autres malotrus ayant saccagé les institutions par leurs comportements condamnables à tout point de vue, qu’est-ce que cela règle ? Laissons-les avec leur conscience et surtout la condamnation de l’histoire.
 
De 1960 à nos jours, tous les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de ce pays, excepté la parenthèse, Dia Mamadou n’ont pas été très regardants dans la gestion des deniers public. Et pour être honnête, la période, 2000 à nos jours, restera la période la plus sombre dans la manipulation et l’utilisation des fonds publics. C’est cela la vérité historique ! Les différents corps de contrôle ne me démentiront pas ! S’il faut mettre tout ce beau monde en prison, on risque de perdre encore des années dans des querelles de procédure à n’en plus finir avec des résultats pas toujours à la hauteur de nos attentes. Les procès, Karim Wade et autres, qu’est ce qu’ils ont apporté au pays en termes de retombées financières ? Pas grand-chose !
 
Il nous faut, c’est mon avis, réinventer un schéma fondateur d’un nouveau paradigme à l’instar de ce qui s’est passé en Afrique du Sud avec sa fameuse Commission Vérité et Réconciliation. Le génie sénégalais est capable de présenter au monde un schéma de pardon et de réconciliation qui ne privilégierait pas la prison ni l’humiliation pour les détourneurs de deniers publics et autres délinquants. On peut récupérer nos fonds et autrement sans blesser ni humilier. Réfléchissons ensemble et nous trouverons la bonne formule !
 
J’entends certains esprits revanchards me faire ce reproche : « Ce serait vraiment trop facile pour ces délinquants à col blanc qui ne méritent aucune pitié ». Erreur !
 
Je dois conclure et c’est pour interpeller encore une fois son Excellence, le Président, Macky SALL : excellence, vous n’avez pas le droit après avoir dirigé ce grand peuple  de le laisser en situation de ruine morale . L’histoire ne vous pardonnera pas un comportement qui surfe sur le besoin de revanche. Soyez Excellence, un créateur d’amour, un semeur d’éternité. Reculer, excellence, n’est nullement de la faiblesse, ni une défaite, c’est la marque des grands hommes.
 
Des grands hommes d’Etat ! Plaise à Dieu que dans 20 ans, 30 ans, 1000 ans, parlant de vous, les générations futures qui ont lu les livres d’histoire puissent s’écrier : « Son excellence, monsieur, Macky SALL, malgré quelques erreurs et autres écarts, a su préserver le Sénégal du chaos en renonçant à un troisième mandat. »
 
Enfin, terminons par ces mots sublimes signés d’un grand africain, Albert Tévoédjré qui méritent réflexion, que dis-je, une longue, une très longue méditation : « C’est au soir de la vie, devant une tombe au cimetière que l’on se rend compte que le choix à faire, ce n’est pas de mépriser les humbles, mais de les faire grandir, ce n’est pas de crucifier mais de ressusciter » in Le bonheur de servir…Réflexions et repères, P60, Edition L’Archipel, Novembre 2009
 
Fait à Pikine le 7 Mars 2023
Madi Waké TOURE, Assistant Social, Conseiller en Travail Social
tmadi70@yahoo.fr    
Nombre de lectures : 193 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter