La problématique du financement des universités sénégalaises et de leur modèle économique sera au cœur des concertations de l’Agenda national de transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI), a annoncé le ministre de l’Enseignement Supérieur, Abdourahmane Diouf.
‘’Le président de la République nous a demandé d’aller vers une maîtrise des budgets de l’université (…), de mettre en place un modèle économique, ce qui est très révolutionnaire’’, a t-il dit mardi face à la presse pour expliquer les contours de l’ANTESRI (2025-2050) dont le lancement est prévu jeudi, au CICAD.
Le ministre en charge de l’Enseignement supérieur a rappelé que les universités sénégalaises fonctionnent selon un même modèle économique depuis les indépendances.
Il s’agira, selon lui, de ‘’réfléchir à comment les universités sénégalaises doivent être financées‘’ durant les prochaines concertations.
‘’Cela veut dire qu’on doit réfléchir sur toutes les subventions que l’État du Sénégal donne depuis 1960, et pouvoir dire, de façon pertinente, comment ces budgets qui viennent du compte de l’État doivent être fléchés’’, a-t-il précisé.
Le ministre a fait le lien de ces investissements opérés dans les universités par l’État en révélant les chiffres du taux d’abandon académique entre 2014 et 2021.
‘’ Le taux brut de diplomation sur les trois premières années, c’est de 16,91 %. Ce n’est même pas deux étudiants sur dix. (…) Regardez tout l’investissement qu’on a fait. Et c’est pour ça que le Président a parlé de revoir le modèle économique ‘’, a-t-il insisté.
Ces études divulguées par le ministère montrent ainsi un taux d’abandon précoce de 23,44 %, soit 66 mille étudiants dont 16,8 mille avant d’avoir bouclé la durée minimale de diplomation (3 ans).
Le Sénégal compte 286 169 étudiants
‘’Cela veut dire que si on a 100 bacheliers orientés dans les universités, vous pouvez être sûrs qu’il y a un étudiant, au moins sur les quatre, qui, dès la première année, a décidé d’abandonner”, a t -il expliqué.
Pourtant, selon le ministre, ”c’est un étudiant que l’État accompagne, qui a une bourse, mais surtout, c’est un étudiant sur lequel l’État du Sénégal a investi depuis l’école primaire, qui arrive à l’université et qui, parce que certainement les conditions ne sont pas réunies, a décidé d’abandonner’’.
Pour Abdourahmane Diouf, ’’ tous ces éléments-là montrent qu’il y a un problème de rationalisation de notre investissement. Il y a un problème de fléchage de l’argent du contribuable que l’on utilise dans les universités publiques’’.
Selon les chiffres du ministère, le Sénégal compte 9 universités publiques et 15 écoles doctorales. L’effectif des étudiants dans les universités publiques comme privées affiche 286 169 étudiants. Pour les professeurs d’université, ils sont au nombre de 2495.
Plus de 1,7 millions de FCFA par an investis sur chaque étudiant
Pour ce qui est des investissements en 2024 chez les étudiants, le ministre a révélé qu’un étudiant coûte chaque année à l’Etat du Sénégal plus de 1,7 million de CFA. Le coût pédagogique de l’étudiant s’élève à 542 mille contre 636 mille pour les dépenses sociales.
Pour le montant payé des bourses nationales il s’élève à plus de 76 milliards de FCFA et entre 2024 et 2025 les étudiants ont reçus plus de 24 millards de l’État. Les bourses étrangères quant à elles dépassent 7 milliards.
En terme de ratio, un professeur des universités encadre 50 étudiants, soit un ratio de 1/50 et si on inclut les 6000 enseignants vacataires, ce ratio passe à 1/16 a precisé Abdourahmane Diouf.
Le ministre en charge de l’Enseignement supérieur a, en outre, rappelé que depuis les indépendances, le Sénégal n’a connu que deux grandes concertations sur l’Université, en 1994 et en 2013.
L’ANTESRI qui va constituer la stratégie nationale de développement du sous-secteur pour la période 2025-2050 va aborder d’autres thématiques importantes liées notamment au plan d’urgence pour la finalisation des chantiers universitaires.
Une importance particulière sera accordée au capital humain et à la carte universitaire. L’ANTESRI devra également intégrer la montée en puissance du numérique et de l’intelligence artificielle, a dit le ministre.
Un comité de pilotage de 15 membres, dirigé par Pr Boubacar Diop dit Buuba, a été installé et travaillera autour de 8 commissions thématiques. [APS]







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