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Endettement - Moody’s abaisse la note du Sénégal, Dakar dénonce des hypothèses subjectives et biaisées

Samedi 11 Octobre 2025

48 heures après la tenue du Fii Invest à Dakar marqué, selon le PM, par des engagements de plus 13 mille milliards de francs CFA d’investissements, l’agence de notation américaine Moody’s dégrade la note du Sénégal et semble même anticiper une restructuration de la dette sénégalaise impliquant le secteur privé. Une posture condamnée par le ministère des Finances et du Budget qui parle d’ «hypothèses spéculatives et subjectives » et d’hostilité à l’endroit du Sénégal « depuis plusieurs mois ».


L’agence de notation américaine Moody’s a dégradé la note de la dette à long terme du Sénégal de B3 à Caa1 avec une perspective négative, rapportent plusieurs médias spécialisés. Selon le site investing.com dont les propos sont rapportés par la plateforme sénégalaise ’Ma revue de presse’’, « cette dégradation reflète les risques accrus concernant la trajectoire de la dette du Sénégal et sa position de liquidité depuis février 2025. » Le média économique et financier rappelle qu’un « récent exercice de rapprochement a révélé une dette publique estimée à 119% du PIB pour 2024, compliquant considérablement les efforts d’ajustement budgétaire malgré les avantages de l’appartenance à l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). »

 

La notation Caa1 dit aux investisseurs et aux marchés que le risque d’un défaut de paiement pour le Sénégal est considéré comme élevé en même temps que sa capacité à rembourser sa dette est faible. 

 

Cette sortie de Moody’s intervient moins de 72 heures après la tenue de la deuxième édition du Forum invest in Senegal (Fii Sénégal) à Dakar. Selon le premier ministre Ousmane Sonko, les engagements d’investissement dans notre pays sont de l’ordre de 13 mille milliards de francs CFA avec 12 mille participants venus de 70 pays.

 

En réaction, le gouvernement sénégalais dénonce, dans un communiqué rendu public le 11 octobre 2025, une « action qui (…) repose sur des hypothèses spéculatives, subjectives et biaisées (qui) ne reflète ni la réalité des fondamentaux économiques du pays, ni les mesures de politique publique mises en oeuvre pour consolider la stabilité budgétaire et renforcer la soutenabilité de la dette. » Selon le ministère des Finances et du Budget (MFB) auteur dudit communiqué, « au premier rang de ces réformes figure le Plan de redressement économique et social (PRES), déjà mis en cours d’exécution, notamment à travers l’adoption par l’Assemblée nationale des révisions du Code général des impots et d’un nouveau Code des investissements. »

 

Depuis leur arrivée au pouvoir en avril 2024, les autorités sénégalaises sont confrontées à une crise d’endettement consécutive à l’ampleur d’une ‘’dette cachée’’ héritée du régime de l’ancien président Macky Sall et révélée par le MFB en septembre 2024. Objet de litige avec le Fonds monétaire international (FMI), cette dette a dû faire l’objet d’un double audit des finances publiques entre 2019 et 2024 exécuté par la Cour des comptes, puis par le cabinet indépendant Mazars. Après des mois de tergiversations sur la conduite à adopter, le FMI parle maintenant de « déclarations erronées significatives des déficits budgétaires et de la dette publiques sur la période 2019-2023. »

 

Moody’s anticipe-t-elle des exigences du FMI à l’endroit du Sénégal ?

 

Pour l’agence de notation américaine, « les progrès plus lents que prévus d’un nouveau programme du FMI rendent le gouvernement (sénégalais) dépendant du marche régional, relativement coûteux, pour répondre à des besoins de financement élevés, ce qui accroit les risques de liquidité et contribue à la détérioration de la capacité d’endettement. » 

 

Même si son « scénario de référence » est basé sur « un soutien éventuel » du Fonds à un nouveau programme du Sénégal, Moody’s exprime son scepticisme. Elle semble anticiper des conditionalités que pourrait exiger le Fonds, en particulier une restructuration de la dette du Sénégal, lors des discussions annoncées de mi-octobre 2025 aux Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington. Selon l’agence, « plus ce soutien (du FMI) tarde, plus le risque d’une restructuration de la dette impliquant les créanciers du secteur privé est élevé. »

 

Cette posture de l’agence est fustigée par le gouvernement sénégalais car elle vient confirmer « la ligne de conduite douteuse de Moody’s envers le Sénégal depuis plusieurs mois. » Dakar appelle ainsi « Moody’s à davantage de rigueur, d’objectivité et de responsabilité dans (ses) analyses, en privilégiant des critères tangibles et des dates de publication ne laissant pas de doute sur les intentions réelles derrière sa précipitation. »

 

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