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Au-delà du communautarisme du Président-talibé

Mercredi 30 Novembre 2016

Par Mamadou Sy Albert
 
Les communautés sénégalaises de base constituent les véritables piliers de l’économie des collectivités territoriales. Elles sont sur tous les fronts du développement des quartiers, des villages et des communes. Le système économique communautaire fortement ébranlé par la conjugaison du retrait notable de l’État central et des élus locaux des secteurs sociaux et l’inexistence de ressources publiques internationales provenant de la coopération décentralisée, ont naturellement conduit les populations à la prise de conscience des effets dévastateurs de la crise économique sur l’avenir des enfants et la nécessité de sauver les communautés de base du péril du sous- développement.
 
A travers des chaînes humaines de solidarité, ces populations ont paré au plus pressé. La construction de murs d’écoles, la construction d’écoles primaires, de collèges, de lycées et l’équipement de salles de classes ou  le recrutement de maîtres et d’enseignants au cycle- moyen- secondaire, constituent des indicateurs de la mobilisation sociale des communautés rurales et urbaines. Cet effort d’auto  prise en charge effective des besoins de sa communauté est lisible dans les secteurs de la santé publique, des investissements de base pour l’accès aux services vitaux, que sont l’eau, l’électricité, l’assainissement et la préservation de l’environnement.
 
Les populations agissent ainsi depuis déjà des décennies à pas de charge dans l’urgence sociale et économique face à la dégradation de leurs conditions sociales d’existence et leurs cadres de vie menacées par la crise profonde dans laquelle se meut l’ensemble de la société. En dépit de la prise de conscience populaire et de l’impact réel de la mobilisation des communautés de base en termes d’investissements sociaux et économiques, l’état du développement des communautés demeure trop faible. La marche de protestation des populations est devenue un des coefficients sociaux pour mesurer le degré de l’insatisfaction générale des habitants de la campagne profonde et des villes.
 
 Ici et là, les populations locales ne cessent de dénoncer le malaise économique et social structurel dans lequel de nombreuses communautés sont condamnées à vivre. Les communautés de base sont à un seuil de développement qui ne permet pas rationnellement  d’envisager une satisfaction des besoins réels des populations par et pour elles-mêmes. C’est de l’utopie de politiciens.
 
Il semble peut-être urgent de mener la réflexion sur la réorientation stratégique de la mobilisation sociale des communautés de base. Agir dans l’urgence est une chose. Agir dans la durée pour le développement, en est une autre. Les deux actions sont étroitement liées. On ne peut agir indéfiniment dans l’urgence sociale et économique. La faillite de l’État post-colonial est un fait établi. Cette carence est à l’origine fondamentale du sous-développement des communautés de base. L’Acte 3 de la décentralisation et le Plan Sénégal Emergent se proposent de répondre à cette équation.
 
Tout laisse croire que la puissance publique n’a pas suffisamment réfléchi au sujet des communautés en tant que vecteur et catalyseur de développement. Tous les projets phares de la seconde alternance sont ou presque élaborés et mis en œuvre à partir du sommet étatique. Ce dernier est préoccupé davantage  par des gains politiciens, pour ne pas dire électoraux, que par des soucis de mobilisation sociale et de développement des communautés de base et des territoires.
 
Il suffit simplement d’écouter le discours officiel accompagnant certains des projets, notamment, Illa Touba, l’aéroport international Blaise Diagne et les autres initiatives en matière de création d’universités, de routes ou l’objectif de l’autosuffisance alimentaire en riz en 2017, pour au moins constater que les communautés de base ne sont pas des sujets et des acteurs au centre des projets étatiques.
 
On tente d’ailleurs de faire croire que le chef de l’État, Président du parti, de la majorité du moment et de tous les Sénégalais, joue sa partition de Président-talibé suivant les zones d’implantation des projets. Le but recherché est évidement d’influencer politiquement les  communautés de base proches des pôles religieux convoités. L’état économique de ces communautés de base qui manquent de Tout, ne trompe que ceux qui ne veulent pas regarder le processus de destruction de l’économie des communautés de base. Ce qui fait défaut aux communautés de base, c’est l’absence d’une vision de développement national et local et une politique cohérente d’investissements massifs sur les ressources humaines et les secteurs productifs qui soit capables de mobiliser dans le long terme les populations en général, et singulièrement, les jeunes et les femmes.

 
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