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Uranium: le Niger traîné devant la Cour de justice de la Cedeao par 30 ex-employés des mines d’Arlit et d’Akokan

Mardi 18 Février 2020

Problèmes respiratoires, cancers, paralysies, malformations… D’anciens employés des mines d’uranium d’Orana (ex Areva) demandent à la justice ouest-africaine de condamner l’Etat du Niger pour avoir failli dans sa mission de protéger leur santé.


Uranium: le Niger traîné devant la Cour de justice de la Cedeao par 30 ex-employés des mines d’Arlit et d’Akokan
L’Etat du Niger devra commettre un bataillon d’avocats pour se défendre au niveau de la Cour de justice de la Cedeao. C’est en effet devant la juridiction ouest-africaine que 30 plaignants de nationalité nigérienne ont déposé ce 18 février une plainte pour avoir été «atteints de diverses pathologies (…) liées à l’exposition aux rayons ionisants et à la pollution environnante», lit-on dans un communiqué rendu public aujourd’hui par leur avocat, Me Elise Le Gall, du barreau de Paris. «La plupart (des plaignants) souffrent d’affections respiratoires, de cancers, de paralysies, ou encore de malformations», souligne le même document. Dans le dossier judiciaire, figure «le récit d’ancien salariés décédés ses suites de ces maladies.»  
 
Les entreprises mises en cause par les plaignants sont deux sociétés nigériennes qui exploitent «depuis plus de quarante ans» les mines d’uranium situées à Arlit et Akokan. Ce sont Cominak et Somair, toutes deux filiales de la multinationale française Orano plus connue sous le nom d’Areva. L’Etat du Niger est actionnaire à 31% de Cominak, et à 36,6% de Somair à travers la holding publique Sopamin.
 
Pour Me Le Gall, le Niger doit assumer ses responsabilités après avoir failli à offrir ces ex-travailleurs miniers une protection sanitaire, mais aussi «un environnement sain (et) un niveau de vie suffisant» en conformité avec le «droit des peuples à disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles.»
 
Taux de radioactivité
 
Dans l’argumentaire livré aux juges de la Cour de justice de la Cedeao, figurent aussi les résultats d’«études scientifiques» réalisées par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) qui «démontrent que le taux de radioactivité dans l’air, l’eau et les matériaux utilisés par la population serait nettement supérieur aux limites préconisées par l’Organisation mondiale de la santé.»
 
A ce niveau, Me Le Gall et ses clients fustigent le ralliement des autorités nigériennes «aux rares études et analyses menées directement par les sociétés extractives» qui, de fait, sont devenues juge et partie à la fois. «La République du Niger a manqué à son devoir de contrôle et de vigilance en laissant ainsi à la seule discrétion des sociétés extractives le sort des populations», s’insurgent-ils.
 
Au passage, le courroux des justiciables s’abat également sur «la démission totale des cadres de l’administration nigérienne dans le suivi des impacts environnementaux issus de l’exploitation des mines d’uranium à Arlit et Akokan.»
 
Arlit et Akokan, situées au Nord du Niger, sont les deux principales villes d’où l’uranium est exploité par Orano depuis 1969. Sous le brand Areva, la multinationale rebaptisée a été souvent la cible des critiques des organisations de la société civile nigérienne pour le peu d’égards qu’elle a pour l’environnement.
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