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RELATIONS INTER-COMMUNAUTAIRES : Joal-Fadiouth et Ngazobil offertes en modèles

Mardi 25 Octobre 2016

RELATIONS INTER-COMMUNAUTAIRES : Joal-Fadiouth et Ngazobil offertes en modèles
Le dialogue interreligieux est une réalité séculaire et bien vivante dans la commune de Joal-Fadiouth, et cela, jusque dans l’existence de trois cimetières où sont enterrés musulmans et chrétiens. Mais pour ce qui est des mariages mixtes, c’est une autre histoire.
 
«Dans l’ensemble, les habitants de Joal et de Fadiouth semblent être très conscients de l’importance de la tolérance et sont fiers du niveau de tolérance dans leurs communautés», constate Ato Kwamena Onoma, chef du Programme recherche du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), auteur de cette étude.

Celle-ci s’intitule : «Amélioration des relations intercommunautaires à Joal-Fadiouth». Elle a été menée au mois de février 2016. L’étude résulte d’une enquête auprès d’une population de 600 personnes, avec des entretiens semi-structurés réalisés sur un échantillon de 65 personnes, une application en exercice de cartographie participative et des visites de sites importants à Joal et Fadiouth.

«Les catholiques et les musulmans interagissent d’une manière qui peut être surprenante aux yeux des Sénégalais d’autres régions du pays. Le cimetière de Fadiouth, où des personnes de confessions différentes sont enterrées, dans un pays où la plupart des localités ont des cimetières distincts pour chrétiens et musulmans, est un exemple vivant», poursuit l’auteur du rapport. De fait, à «Fadiouth et dans les quartiers traditionnels de Joal, il est presque impossible de trouver une famille qui n’a pas de membres musulmans et chrétiens».

Toutefois, relève le chercheur «dans ce sens, ils sont très différents des nouveaux quartiers de Joal qui sont peuplés par des migrants, fortement islamisés, et où la plupart des habitants ne comptent aucun chrétien dans leur famille élargie».

Ce que l’étude du Codesria salue particulièrement, c’est « l’effort constant » que déploient les populations de Joal, Fadiouth et Ngazobil qui sont les trois localités qui constituent la commune « pour entretenir de bonnes relations dans ces communautés ». A titre illustratif, l’auteur de l’étude rappelle à bon escient que la reconstitution de l’église de Fadiouth en 1981 et 2000 a été réalisée à la fois par les musulmans et les chrétiens dans une parfaite communion. Tout comme la reconstitution de la mosquée de Fadiouth en juillet 2016 a été l’œuvre des chrétiens et des musulmans.
 
Havre de paix et de tolérance
«Les habitants de Joal et Fadiouth sont fiers de la coexistence pacifique des différentes communautés dans leurs localités», souligne la même source. Selon celle-ci, en ce sens, Joal et Fadiouth demeurent un havre de paix et de tolérance qui reflètent dans une large mesure la réalité observable dans le reste du Sénégal, un pays qui a échappé jusque-là aux nombreux conflits intercommunautaires violents qui ont frappé bon nombre de pays d’Afrique, notamment la Côte d’Ivoire, le Kenya et la République Centrafricaine.

« La tendance générale, dans les deux communautés, est d’accepter les autres et d’interagir avec eux indépendamment de leur religion », constate encore l’auteur du rapport. Selon lui, « 97 pour cent des personnes interrogées dans les deux localités estiment que les gens de différentes religions doivent vivre ensemble dans chaque quartier, tandis que 99 pour cent sont d’avis que les personnes de différentes confessions devraient pouvoir interagir dans les mêmes lieux de loisirs ». Dans la même veine, il est indiqué que « 99 pour cent estiment que les personnes de différentes religions devraient pouvoir travailler dans les mêmes établissements ».
 
Naissance de tensions
Cependant « les points de vue concernant les mariages entre des personnes de confessions différentes montrent un fossé entre les opinions des musulmans et celles des chrétiens », fait remarquer le document. L’étude signale que «80 pour cent des catholiques approuvent de tels mariages, seulement 65 pour cent des musulmans l’acceptent».

L’étude conclut en notant que «l’harmonie intercommunautaire qui règne à Joal et à Fadiouth dans la région de Thiès (Sénégal), pourrait être enviée par la plupart des autres communautés du Sénégal et du reste de l’Afrique». « Malheureusement, ces localités commencent également à afficher des tensions sur les questions d’origines et de la religion comme dans de nombreux pays africains », avertit le Codesria avant de formuler une série de recommandations visant à rendre plus harmonieuse la vie à Joal, Fadiouth et Ngazobil.

Joal, Fadiouth et Ngazobil sont les trois localités de la commune de Joal fondée en 1966. C’est la localité d’origine du premier président du Sénégal indépendant : Léopold Sédar Senghor, élu par la majorité musulmane pendant 20 ans de règne (1960-1980). La population est estimée à environ 50 mille habitants. (Mamadou Sarr)
 
 
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