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Présidentielle 2024 - Le système de parrainage sera-t-il libre et transparent ? Quel sort pour Ousmane Sonko ?

Mercredi 27 Septembre 2023

Ousmane Sonko, candidat déclaré, emprisonné depuis juillet 2023
Ousmane Sonko, candidat déclaré, emprisonné depuis juillet 2023

C’est une étape cruciale de l’élection présidentielle du 25 février 2024 qui démarre ce 27 septembre 2023 : le parrainage. Pour chaque candidat aux suffrages des Sénégalais, c’est un marathon obligatoire de deux mois qui s’ouvre. L’objectif est in fine de présenter au Conseil constitutionnel une déclaration de candidature comportant 36 000 (au minimum) et 48 000 électeurs (au maximum) sur un fichier électoral d’environ 6 millions de personnes inscrites. 

 

Le diable étant dans les détails, il est obligatoire qu’une partie de ces électeurs provienne de 7 des 14 régions du Sénégal, avec au moins 2000 électeurs par région. Un électeur ne peut parrainer qu’un seul candidat.

 

En juillet 2023, l’assemblée nationale avait élargi les possibilités des candidats potentiels en leur ouvrant le parrainage parlementaire avec 13 députés (8% des 165 membres) ou le parrainage local avec 20% des chefs d’exécutif territorial (présidents de conseils départementaux et maires).

 

Aujourd’hui, toute la question est de savoir si les autorités sénégalaises sont en mesure de mener les opérations de parrainage avec toute la transparence requise. En particulier, le Conseil constitutionnel est-il capable de résister aux interférences d’un pouvoir politique tenté d’être á la fois juge et partie dans sa volonté de maitriser un processus qu’il ne voudrait pas voir lui échapper ? 

 

Ces questions restent d’actualité aujourd’hui eu égard á l’institutionnalisation de facto d’une gestion verticale du processus électoral par le pouvoir, au grand dam d’une opposition quasiment désarmée et exclue des différentes étapes devant aboutir á une élection inclusive. 

 

Une première indication pourrait venir du ministère de l’Intérieur, organisateur principal des scrutins mais aussi et surtout lieu de filtrage des candidats á la candidature dont le nombre avoisinerait 70. Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, la Direction générale des élections (DGE) qui est un de ses démembrements opérationnels invite les mandataires des candidats á la candidature á une réunion d’information et de remise du modèle de la fiche de collecte des parrainages. 
 

Chaque mandataire doit « se munir de la lettre de désignation dûment signée par le candidat á la candidature », note le communiqué. 

 

Cette précision pourrait ne pas être innocente au regard de la libre disposition des fiches de parrainage qui avait cours jusqu’ici. Elle pourrait donc être le signe d’une volonté nouvelle de l’Administration électorale de filtrer les retraits des documents électoraux. 
 

Selon le chercheur en sciences électorales Ndiaga Guèye, le contenu du communiqué de la DGE est « non conforme á l’article L.57.16 du Code électoral ». Ainsi, rappelle-t-il,« fixé par arrêté du Ministre chargé des élections, le modèle de la fiche de collecte des parrainages, en format papier, est mis á la disposition des candidats á la candidature á compter de la signature de l’arrêté. » 


Directement visé

 

Sous cet angle, l’opération pourrait viser directement le chef du parti Pastef-Les patriotes (administrativement dissout par le président de la république) emprisonné depuis le 28 juillet 2023 et candidat déclaré au scrutin présidentiel de février prochain.

Selon les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Ousmane Sonko, ‘’radié’’ des listes électorales du fait de sa « situation judiciaire », ne pourrait être candidat á la prochaine présidentielle. Une version contestée par ses avocats qui disent encore attendre la notification de radiation á leur client. La fuite organisée - en début de semaine - du document dit de radiation entre quelques journaux et dans certains sites en ligne est, elle aussi, peu innocente

Pour rappel, l'article L.57 du Code électoral dispose que « tout sénégalais électeur peut faire acte de candidature et être élu, sous réserve des conditions d'âgée et des cas d'incapacité et d'inéligibilité prévus par la loi. »

 

En attendant, un scénario se dessine : le mandataire national du candidat Sonko, muni d’une « lettre de désignation dûment signée » par le candidat en personne, serait refoulé dès sa présentation au portail de la Direction générale des élections. A moins que Pastef ait déjà prévu une stratégie pour passer cette étape du processus de validation des candidatures…

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