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Pr Mamadou Diouf : L’élection de Bassirou Diomaye Faye signe l’arrêt de mort du cycle senghorien

Lundi 8 Avril 2024

L’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, 44 ans met un terme, « indubitablement » au long « cycle senghorien inauguré en 1962 avec la chute du Président du Conseil Mamadou Dia et l’effondrement du modèle islamo-wolof de gouvernance politique et administratif établi après la première guerre mondiale et marqué par la substitution des marabouts confrériques aux chefs traditionnels », souligne le Pr Mamadou Diouf dans un entretien avec le quotidien Le Soleil de ce 8 avril 2024. 

 

Le Pr Diouf, historien et enseignant à Columbia University (Usa), caractérise le cycle senghorien comme « un régime présidentiel fort » qui fonctionne grâce à « une centralisation autoritaire » d’un pouvoir capable d’absorber des « dissidences et des oppositions » de diverses natures. Même s’il a notablement ouvert le jeu politique et laissé éclore la société civile, les syndicats et les organisations de masse, le cycle senghorien est resté intransigeant sur d’autres aspects qui auraient dû compléter le processus de remise en cause de l’ordre politique qu’il représentait. 

 

« L’administration des élections, l’accès aux médias d’Etat, le contrôle de l’appareil administratif et économique demeurent sous la coupe du régime et de ses clients », précise le Pr Mamadou Diouf. 

 

Tant bien que mal, le cycle senghorien a résisté aux coups de boutoirs des organisations politiques et citoyennes soucieuses de jouir de l’intégralité de leurs droits constitutionnels. Mais c’est avec l’élection présidentielle de 1988 que s’amorcent « la dissolution progressive du lien organique entre le pouvoir politique et les organes dirigeants confrériques, la montée en puissance des marabouts mondains, la multiplication des partis politiques pris dans le tourbillon de la segmentation, la soumission du politique à l’administratif et au juridique à partir de la présidence d’Abdou Diouf avec Jean Collin et, ensuite Ousmane Tanor Dieng, la gouvernance tumultueuse et brouillonne d’Abdoulaye Wade…, » jusqu’à « l’entreprise autoritaire du Président Macky Sall…»

 

Selon le Pr Diouf, « les fractures dans l’espace public et l’émiettement continu des partis politiques ont ouvert un territoire que les jeunes, en particulier les animateurs du Pastef, ont pris d’assaut. » 

 

L’historien signale ce qui semble être un acte de rupture essentiel dans la campagne électorale : « le candidat Bassirou Diomaye Faye a traversé les territoires confrériques (NDLR : Touba et Tivaouane entre autres) sans s’arrêter, ni pour les prières et bénédictions, ni pour les votes, comme de coutume. »

Sa victoire, ajoute-t-il, « consacre la clôture » du « contrat social » senghorien par la défaite de « la culture qui lui est associée » et par « la perte d’autorité, de pouvoir et d’influence des leaders religieux. » 

 
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