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Pays réel : «La faiblesse du capital humain tire vers le bas la qualité de vie des Sénégalais» (3e et dernière partie)

Vendredi 16 Juin 2017

Pays réel : «La faiblesse du capital humain tire vers le bas la qualité de vie des Sénégalais» (3e et dernière partie)
«Les performances en matière d’éducation sont inférieures aux niveaux attendus sur l’ensemble des indicateurs concernés.
 
Alors que le Sénégal s’est longtemps distingué pour son éducation de qualité, le pays accumule aujourd’hui un retard important dans l’acquisition des compétences de base. L’analphabétisme touche près de la moitié de la population (contre 24% attendus) dont encore les 2/3 des femmes sénégalaises.
 
Le système éducatif est aujourd’hui défaillant en termes d’accès (faibles taux de participation et d’achèvement des cycles scolaires), de qualité (recrutements dysfonctionnels des enseignants, programme d’enseignement inadapté, multiplicité des langues d’enseignement et dualité avec l’enseignement religieux traditionnel) et de gouvernance (poids des syndicats, allocation et gestion des ressources publiques), avec en toile de fond un déclin des valeurs de l’instruction et une forte progression de l’enseignement privé pour les classes sociales privilégiées. »
 
«Les performances sur un certain nombre d’indicateurs de santé se sont améliorées.
L’espérance de vie de la population est supérieure au niveau attendu (67 ans contre 62) et les taux de prévalence du Vih et du paludisme sont maintenus à des niveaux très faibles (PSE, 2014). La proportion d’enfants de 0-11 mois complètement vaccinés a augmenté pour atteindre 74% en 2014 (contre 73% en 2013) et l’insuffisance pondérale (poids-âge) a baissé, passant de 16% en 2013 à 13% en 2014. La proportion de naissances ayant eu lieu dans un établissement de santé a augmenté pour atteindre 77% en 2014  (contre 70% en 2012-2013)
.
En 2013, le gouvernement a lancé un vaste programme visant à améliorer la protection sociale en mettant en place la Couverture maladie universelle (Cmu) qui devrait concerner 75% de la population (au terme de l’année 2017). Si cet objectif ambitieux est atteint, il s’agira d’une avancée considérable dans le domaine de la santé. En 2014, 80% de la population vivaient encore sous aucun système de protection sociale, un taux largement inférieur aux 41% attendus. »
 
«Cependant, des efforts doivent être poursuivis pour atteindre les niveaux attendus.
L’offre de soins est mal répartie sur le territoire et les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle encore importants (respectivement 54 décès pour 1000 et 396 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon EDS 2014). Les défaillances dans le système de santé entraînent un faible degré d’appréciation du système de santé: seulement 30% des personnes interrogées ont satisfaites de l’offre de soins, un niveau largement inférieur aux 47% attendus.»
 
Un faible accès au système bancaire
«L’accès au système bancaire est faible. Même si le nombre d’établissements bancaires à augmenté à 25 en 2016, l’accès physique aux banques reste faible et inégal géographiquement. Le nombre de guichets automatiques (…) est largement en dessous de celui du groupe des pays de comparaison.
 
Ceci s’explique par le fait qu’une partie des banques vise un segment restreint d’activités ou de clientèles (banques privées ou d’investissement) et par la faible bancarisation de la population (15% de la population adulte en 2015). Le taux de bancarisation est faible pour un pays qui vise l’émergence. Par comparaison, il est de 80% pour la Tunisie en 2015.
 
Ce taux de bancarisation est un frein à la collecte de l’épargne et au financement de l’économie. Les réglementations récemment adoptées au niveau de l’Uemoa pour augmenter la bancarisation avec l’adoption de la gratuité de 19 services bancaires (Bceao 2014) tardent à porter leurs effets du fait notamment d’une faible information du public. L’information du public en matière financière est très faible ; l’indice de la profondeur de l’information sur le crédit calculé par la Banque mondiale est de 0 pour le Sénégal sur une échelle de 8.»
 
«La soutenabilité des finances publiques peut être menacée par le programme d’investissements du PAP 2014-2018.
De par son ampleur, le programme d’investissements du premier PAP a sensiblement contribué à la croissance du pays et a permis de lever certains obstacles importants au développement. Cependant, il a également engagé les finances publiques dans une trajectoire qui pourrait se révéler difficile si les prévisions de croissance ne sont pas confirmées dans les faits. Un tel scénario pourrait menacer la soutenabilité des finances publiques et endommager les perspectives de développement du Sénégal.» (FIN)

NOTES:
 
Les dix dimensions du bien-être, selon l’OCDE
Etat de santé, Education et compétences, Liens sociaux, Autonomisation et participation
Conditions environnementales, Degré de vulnérabilité, Evaluation de la vie, émotions et sens de la vie, Possibilités de consommation, Emplois, Logements et infrastructures
 
 L’indice de pauvreté multidimensionnelle
C’est un indicateur composite construit à partir de 10 indicateurs statistiques : mortalité des enfants de moins de 5 ans et prévalence de la malnutrition, nombre d’années d’éducation inférieur à 6 pour un adulte composant le ménage et nombre d’enfants en âge d’être scolarisé, non scolarisés dans le ménage ; accès à l’électricité, accès à l’eau potable, accès à des installations sanitaires améliorées ; type de combustible pour la cuisine ; type de sol dans l’habitation et déficit dans la possession de biens durables.
 


 
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