Membre de la Convergence des cadres républicains (Ccr), Patrice Sané n’est pas un militant de la langue de bois lorsqu’il aborde la situation actuelle du parti présidentiel. Dans cet entretien, il revient sur toutes les difficultés que traversent l’Apr et contre lesquels il alerte la direction du parti, avec quelques griffes au passage contre les partisans du statu quo et les transhumants.
L’Alliance pour la République serait-elle un parti politique miné ?
En toute sincérité, il y a des problèmes au niveau de l’Apr. Ce n’est pas une chose nouvelle puisqu’elle est une réalité depuis 2012. Il y a des problèmes d’intérêts, de positionnement et de facteurs crypto-personnels sans oublier la discipline de parti. L’Apr est certes un parti jeune, mais il y a trop de problèmes. Il n’y a pas de structuration et personne ne sait qui est qui et qui fait quoi. Chacun croit être un chef.
Ils sont nombreux à demander la structuration, mais visiblement le président de votre parti n’en veut pas.
C’est un manque de volonté au niveau du président du parti. S’il voulait le faire, il l’aurait fait depuis longtemps. Mais à chaque fois on convoque les échéances électorales comme prétexte pour dire que le moment n’est pas propice. Mais jusqu’à présent, on ne sait pas réellement ce que représente l’Apr sur l’échiquier politique national car il ne faut pas oublier que nous sommes dans le cadre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar.
Donc, selon moi, le poids électoral de l’Apr est discutable. Et les gens oublient qu’il faut organiser le parti, le structurer et l’animer. Pour l’instant, l’Apr est un parti d’évènement. On ne convoque les militants que lorsqu’il y a une manifestation. C’est vraiment dommage. Regarder le Parti socialiste (Ps), ils ont certes perdu le pouvoir, mais ils sont en train d’animer leurs rangs et leurs instances se réunissent. De notre côté, ce n’est pas le cas en dehors du Secrétariat exécutif qui se retrouve de temps à autre.
En tant que numéro 2, Macky Sall a vécu des évènements malheureux au Pds. Compte tenu de ce vécu, ne devait-il pas voir autrement la gestion de son parti ?
Tout à fait ! L’expérience doit servir à quelque chose. S’il a peur d’avoir un numéro 2 qui peut lui faire ombrage comme ce qui s’est passé au Pds, mais que l’on a décidé de faire de la politique en toute conviction, je ne vois pas la principale motivation qui l’empêche d’organiser le parti. Le risque de continuer dans cette dynamique, en lieu et place d’un parti, c’est que l’on risque d’avoir une armée mexicaine.
A un moment donné de l’histoire, le parti ne sera plus attrayant, les gens ne voudront plus venir et nous serons seuls. Il faut nécessairement dire stop et il faut que les gens arrêtent de dire qu’ils sont leaders ici et là. Certains, en 2012, avaient un pied au Pds et un autre à l’Apr.
S’il est réélu en 2019, le Président Macky Sall quittera ses fonctions en 2024. Mais, au vu de ce qui se passe dans votre parti, est-ce l’Apr résistera au temps ?
Si l’on fait une lecture lucide de la situation, on peut même dire qu’en 2019, il sera difficile de gagner parce que les actes politiques que posent certains ont fini de dégoûter la population. Et même si nous gagnons en 2019, on risque également de ne pas avoir un parti qui va résister au temps car naîtront fatalement des ambitions personnelles. Chacun voudra prendre la place du roi et ce sera plus rude.
Donc, il vaut mieux organiser le parti dès à présent, c’est-à-dire juste après les élections législatives du 30 juillet prochain. Ceux qui veulent que la léthargie soit encore une réalité n’ont pas de base et ne mouillent pas le maillot. Ils sont dans leurs bureaux climatisés et profitent de la situation de statu quo.
Aujourd’hui, on voit que les transhumants et assimilés occupent les places les plus importantes au niveau de l’appareil d’Etat au détriment des premiers compagnons du Président Macky Sall.
C’est vraiment déplorable. C’est une situation qui choque nombre de militants. L’Apr a été créé dans des situations difficiles avec l’ancien régime qui a tout fait pour discréditer Macky Sall. C’est par la suite qu’il a décidé de mettre sur pied son parti avec des gens qui l’ont accompagné et qui se sont sacrifiés pour le porter au pouvoir.
Malgré les moyens dont disposait le Président Wade, des personnes ont perdu leurs biens et des familles se sont disloquées pour défendre Macky Sall et le porter au pouvoir. Mais aujourd’hui, cette situation qui veut que certains de ses gens-là soient oubliés est véritablement déplorable. Donc il y a lieu de changer de fusil d’épaule parce que les transhumants n’apporteront rien au parti. Ce sont des gens qui ont roulé leurs bosses un peu partout, ils sont vieux et il faut savoir que la population nous regarde. Il n’est trop tard pour tout rectifier. (Par Abdoulaye Mbow)
L’Alliance pour la République serait-elle un parti politique miné ?
En toute sincérité, il y a des problèmes au niveau de l’Apr. Ce n’est pas une chose nouvelle puisqu’elle est une réalité depuis 2012. Il y a des problèmes d’intérêts, de positionnement et de facteurs crypto-personnels sans oublier la discipline de parti. L’Apr est certes un parti jeune, mais il y a trop de problèmes. Il n’y a pas de structuration et personne ne sait qui est qui et qui fait quoi. Chacun croit être un chef.
Ils sont nombreux à demander la structuration, mais visiblement le président de votre parti n’en veut pas.
C’est un manque de volonté au niveau du président du parti. S’il voulait le faire, il l’aurait fait depuis longtemps. Mais à chaque fois on convoque les échéances électorales comme prétexte pour dire que le moment n’est pas propice. Mais jusqu’à présent, on ne sait pas réellement ce que représente l’Apr sur l’échiquier politique national car il ne faut pas oublier que nous sommes dans le cadre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar.
Donc, selon moi, le poids électoral de l’Apr est discutable. Et les gens oublient qu’il faut organiser le parti, le structurer et l’animer. Pour l’instant, l’Apr est un parti d’évènement. On ne convoque les militants que lorsqu’il y a une manifestation. C’est vraiment dommage. Regarder le Parti socialiste (Ps), ils ont certes perdu le pouvoir, mais ils sont en train d’animer leurs rangs et leurs instances se réunissent. De notre côté, ce n’est pas le cas en dehors du Secrétariat exécutif qui se retrouve de temps à autre.
En tant que numéro 2, Macky Sall a vécu des évènements malheureux au Pds. Compte tenu de ce vécu, ne devait-il pas voir autrement la gestion de son parti ?
Tout à fait ! L’expérience doit servir à quelque chose. S’il a peur d’avoir un numéro 2 qui peut lui faire ombrage comme ce qui s’est passé au Pds, mais que l’on a décidé de faire de la politique en toute conviction, je ne vois pas la principale motivation qui l’empêche d’organiser le parti. Le risque de continuer dans cette dynamique, en lieu et place d’un parti, c’est que l’on risque d’avoir une armée mexicaine.
A un moment donné de l’histoire, le parti ne sera plus attrayant, les gens ne voudront plus venir et nous serons seuls. Il faut nécessairement dire stop et il faut que les gens arrêtent de dire qu’ils sont leaders ici et là. Certains, en 2012, avaient un pied au Pds et un autre à l’Apr.
S’il est réélu en 2019, le Président Macky Sall quittera ses fonctions en 2024. Mais, au vu de ce qui se passe dans votre parti, est-ce l’Apr résistera au temps ?
Si l’on fait une lecture lucide de la situation, on peut même dire qu’en 2019, il sera difficile de gagner parce que les actes politiques que posent certains ont fini de dégoûter la population. Et même si nous gagnons en 2019, on risque également de ne pas avoir un parti qui va résister au temps car naîtront fatalement des ambitions personnelles. Chacun voudra prendre la place du roi et ce sera plus rude.
Donc, il vaut mieux organiser le parti dès à présent, c’est-à-dire juste après les élections législatives du 30 juillet prochain. Ceux qui veulent que la léthargie soit encore une réalité n’ont pas de base et ne mouillent pas le maillot. Ils sont dans leurs bureaux climatisés et profitent de la situation de statu quo.
Aujourd’hui, on voit que les transhumants et assimilés occupent les places les plus importantes au niveau de l’appareil d’Etat au détriment des premiers compagnons du Président Macky Sall.
C’est vraiment déplorable. C’est une situation qui choque nombre de militants. L’Apr a été créé dans des situations difficiles avec l’ancien régime qui a tout fait pour discréditer Macky Sall. C’est par la suite qu’il a décidé de mettre sur pied son parti avec des gens qui l’ont accompagné et qui se sont sacrifiés pour le porter au pouvoir.
Malgré les moyens dont disposait le Président Wade, des personnes ont perdu leurs biens et des familles se sont disloquées pour défendre Macky Sall et le porter au pouvoir. Mais aujourd’hui, cette situation qui veut que certains de ses gens-là soient oubliés est véritablement déplorable. Donc il y a lieu de changer de fusil d’épaule parce que les transhumants n’apporteront rien au parti. Ce sont des gens qui ont roulé leurs bosses un peu partout, ils sont vieux et il faut savoir que la population nous regarde. Il n’est trop tard pour tout rectifier. (Par Abdoulaye Mbow)