Ce qui frappe lorsqu’on circule dans certaines artères de la capitale, c’est que leurs dénominations renvoient toujours à la présence française dans notre pays. Plus de 57 ans après notre accession à l’indépendance, alors que notre pays regorge d’illustres femmes et hommes qui méritent la reconnaissance du pays, on continue de valoriser des militaires, hommes politiques, intellectuels et des écrivains français dont certains, pour dire le moins, ne voulaient pas que du bien au Sénégal.
A titre illustratif, l’ex président français, le Général de Gaulle, est immortalisé dans la mémoire collective des Sénégalais avec ce très passant et spacieux Boulevard qui s’étire en longueur et qui porte son nom. Paradoxalement, c’est cette même avenue qui accueille chaque année le défilé du 4 avril, célébrant notre indépendance.
Elle mène aussi à la Place de la Nation à Colobane, communément appelé Place de l’Obélisque. Son parrain est venu une ou deux fois à Dakar pour veiller sur le pré-carré français agité à l’époque par des velléités d’indépendance. Accueilli en 1958, par des porteurs de pancartes qui réclamaient l’indépendance, le chef de la «France libre» de l’époque avait, dans un excès de colère non contenue, déclaré à la foule : «si voulez l’indépendance, prenez-là».
Georges Pompidou qui a succédé à De Gaulle au pouvoir en France est aujourd’hui valorisée par une rue qui porte son nom, au moment où hormis Léopold Sédar Senghor, aucune rue n’a été prénommée d’un ancien chef d Etat sénégalais. Si Pompidou a eu cet honneur suprême au nez et à la barbe d’autres illustres sénégalais, il le doit surtout à son ami et condisciple Senghor.
Plus loin dans le temps, le Général Faidherbe qui a conquis le Sénégal en livrant une farouche bataille avec nos résistants sénégalais à la pénétration française est immortalisé aussi bien à Saint Louis où le magnifique pont de la ville porte son nom ainsi qu’une importante rue de la capitale sénégalaise. Cela au détriment d’El Hadji Omar Tall, Lat Dior Diop, Alboury Ndiaye…
Dans les environs du célèbre marché Sandaga plusieurs rues adjacentes portent des noms d’hommes politiques, de militaires et d’écrivains français. C’est le cas des avenues : Jean Jaurès, Mangin, Fleurus, Gambetta, Albert Sarraut, Grasland et la liste est longue.
Souvent l’appréciation des Sénégalais est négative sur ces patronymes français, attribués la plupart du temps à l’aube des indépendances. D’aucuns pensent que le moment est venu de valoriser nos héros nationaux, au lieu de célébrer encore «nos ancêtres les Gaulois».
Point E, le coin des poètes disparus
Par contre, l’appréciation des Sénégalais est plus positive sur les rues qui portent des écrivains noirs. En effet, l’une des spécificités de la capitale sénégalaise et qui porte l’empreinte de l’ancien poète président, Léopold Sédar Senghor, c’est qu’au niveau du quartier chic du Point E, beaucoup de rues portent les patronymes d’illustres hommes de lettres, aujourd’hui disparus.
C’est le cas d’Aimé Césaire. Le poète martiniquais, auteur du célèbre «Cahier d’un retour au pays natal» est le père de la négritude. Son combat pour la «dignité» de l’homme noir et son amour de l’Afrique lui valent cet honneur. D’ailleurs, il n’est pas le seul, loin s’en faut. D’autres poètes figures de la littérature engagée comme Léon Gontran Damas, Paul Claudel, Léo Frobenius, Victor Hugo, ont leurs noms liés aux quartiers du Point E et de Fann résidence.
Au début des années 1980, sous la houlette du ministre de l’Education nationale de l’époque, le Pr Iba Der Thiam, un vaste programme de «réappropriation de notre histoire» a débuté. Celle-ci a consisté à rebaptiser beaucoup d’établissements élémentaires, collèges, lycées et universités qui avaient des dénominations françaises avec des noms d’illustres femmes et d’hommes pour perpétuer leur vie et leurs œuvres afin de servir d’exemple aux générations actuelles et futures.
C’est ainsi que la première université du pays a porté le nom de l’immense historien et égyptologue Cheikh Anta Diop, tandis que celle de Saint Louis est dénommée Gaston Berger qui était un anthropologue et ethnologue qui a beaucoup séjourné au Sénégal.
Les universités de Bambey et Ziguinchor n’ont pas été en reste, dénommées respectivement Alioune Diop et Assane Seck. Une nouvelle cure en ces périodes troublés et incertains permettrait de faire revivre une part de notre patrimoine historique et intellectuel. (Par Mamadou SARR, Nouvel Hebdo)
A titre illustratif, l’ex président français, le Général de Gaulle, est immortalisé dans la mémoire collective des Sénégalais avec ce très passant et spacieux Boulevard qui s’étire en longueur et qui porte son nom. Paradoxalement, c’est cette même avenue qui accueille chaque année le défilé du 4 avril, célébrant notre indépendance.
Elle mène aussi à la Place de la Nation à Colobane, communément appelé Place de l’Obélisque. Son parrain est venu une ou deux fois à Dakar pour veiller sur le pré-carré français agité à l’époque par des velléités d’indépendance. Accueilli en 1958, par des porteurs de pancartes qui réclamaient l’indépendance, le chef de la «France libre» de l’époque avait, dans un excès de colère non contenue, déclaré à la foule : «si voulez l’indépendance, prenez-là».
Georges Pompidou qui a succédé à De Gaulle au pouvoir en France est aujourd’hui valorisée par une rue qui porte son nom, au moment où hormis Léopold Sédar Senghor, aucune rue n’a été prénommée d’un ancien chef d Etat sénégalais. Si Pompidou a eu cet honneur suprême au nez et à la barbe d’autres illustres sénégalais, il le doit surtout à son ami et condisciple Senghor.
Plus loin dans le temps, le Général Faidherbe qui a conquis le Sénégal en livrant une farouche bataille avec nos résistants sénégalais à la pénétration française est immortalisé aussi bien à Saint Louis où le magnifique pont de la ville porte son nom ainsi qu’une importante rue de la capitale sénégalaise. Cela au détriment d’El Hadji Omar Tall, Lat Dior Diop, Alboury Ndiaye…
Dans les environs du célèbre marché Sandaga plusieurs rues adjacentes portent des noms d’hommes politiques, de militaires et d’écrivains français. C’est le cas des avenues : Jean Jaurès, Mangin, Fleurus, Gambetta, Albert Sarraut, Grasland et la liste est longue.
Souvent l’appréciation des Sénégalais est négative sur ces patronymes français, attribués la plupart du temps à l’aube des indépendances. D’aucuns pensent que le moment est venu de valoriser nos héros nationaux, au lieu de célébrer encore «nos ancêtres les Gaulois».
Point E, le coin des poètes disparus
Par contre, l’appréciation des Sénégalais est plus positive sur les rues qui portent des écrivains noirs. En effet, l’une des spécificités de la capitale sénégalaise et qui porte l’empreinte de l’ancien poète président, Léopold Sédar Senghor, c’est qu’au niveau du quartier chic du Point E, beaucoup de rues portent les patronymes d’illustres hommes de lettres, aujourd’hui disparus.
C’est le cas d’Aimé Césaire. Le poète martiniquais, auteur du célèbre «Cahier d’un retour au pays natal» est le père de la négritude. Son combat pour la «dignité» de l’homme noir et son amour de l’Afrique lui valent cet honneur. D’ailleurs, il n’est pas le seul, loin s’en faut. D’autres poètes figures de la littérature engagée comme Léon Gontran Damas, Paul Claudel, Léo Frobenius, Victor Hugo, ont leurs noms liés aux quartiers du Point E et de Fann résidence.
Au début des années 1980, sous la houlette du ministre de l’Education nationale de l’époque, le Pr Iba Der Thiam, un vaste programme de «réappropriation de notre histoire» a débuté. Celle-ci a consisté à rebaptiser beaucoup d’établissements élémentaires, collèges, lycées et universités qui avaient des dénominations françaises avec des noms d’illustres femmes et d’hommes pour perpétuer leur vie et leurs œuvres afin de servir d’exemple aux générations actuelles et futures.
C’est ainsi que la première université du pays a porté le nom de l’immense historien et égyptologue Cheikh Anta Diop, tandis que celle de Saint Louis est dénommée Gaston Berger qui était un anthropologue et ethnologue qui a beaucoup séjourné au Sénégal.
Les universités de Bambey et Ziguinchor n’ont pas été en reste, dénommées respectivement Alioune Diop et Assane Seck. Une nouvelle cure en ces périodes troublés et incertains permettrait de faire revivre une part de notre patrimoine historique et intellectuel. (Par Mamadou SARR, Nouvel Hebdo)